REALISATEUR
Joe Dante
SCENARISTES
John Sayles et Terence H. Winkless, d’après un roman de Gary Brandner
DISTRIBUTION
Dee Wallace, Patrick Macnee, Dennis Dugan, Christopher Stone, Kevin McCarthy, John Carradine, Slim Pickens, Robert Picardo, Dick Miller…
INFOS
Long métrage américain
Genre : horreur
Titre original : The Howling
Année de production : 1981
Joe Dante (Gremlins, Explorers, Panic sur Florida Beach…) fait partie de ces nombreux réalisateurs formés à « L’Université Roger Corman ». En 1974, Joe Dante entre dans le monde du cinéma en poussant la porte de New World Pictures et devient avec son compère Allan Arkush le principal monteur des bandes annonces des longs métrages produits et distribués par le roi de la série B (et dans le lot, il n’y a pas eu que du B et du Z…rappelons qu’en son temps Corman a distribué les films de Ingmar Bergman aux Etats-Unis). Joe Dante a également occupé à quelques occasions le poste de monteur sur des films comme Lâchez les bolides !, la toute première réalisation de Ron Howard produite par Corman.
Après avoir monté des kilomètres et des kilomètres de bandes annonces, Joe Dante et Allan Arkush ont pu mettre leurs ciseaux magiques au service de la réalisation de la comédie satirique Hollywood Boulevard, micro-budget en grande partie constitué de stock-shots des productions Corman. Après cette première expérience derrière la caméra très rentable (tourné pour 50.000 dollars, Hollywood Boulevard rapporta 1 million de billets verts), Joe Dante put diriger son premier film en solo, Piranhas, que Steven Spielberg a appelé (et je suis bien d’accord avec lui) « le meilleur pastiche des Dents de la Mer ».
Joe Dante a ensuite filé un coup de main à son pote Allan Arkush sur la réalisation de la comédie musicale Rock’n’Roll High School (avec les Ramones !) avant de quitter le giron de Roger Corman. Il fut alors engagé par Embassy Pictures pour reprendre le projet Hurlements, inspiré par un roman de Gary Brandner, le précédent réalisateur ayant été écarté par le studio.
Joe Dante en a profité pour convoquer son scénariste de Piranhas, John Sayles, et perpétuer ainsi ce qui sera une tradition dans sa carrière. En effet, Joe Dante a souvent fait appel à des collaborateurs fétiches à différents postes de la production. Et face à la caméra, on retrouve des visages connus, autant d’hommages au cinéma de genre des années 50/60 dont Joe Dante a toujours été un fan absolu. Ainsi dans Hurlements, les rôles secondaires sont tenus par Kevin McCarthy (L’Invasion des Profanateurs de sépultures), Kenneth Tobey (La Chose d’un autre monde), Slim Pickens (L’Infernale Poursuite), John Carradine (La Maison de Dracula)…et bien entendu l’excellent Dick « Mr Futterman » Miller, qui est passé d’acteur fétiche de Roger Corman à figure récurrente des films de Joe Dante. Et ici, le personnage de Dick Miller se nomme Walter Paisley, comme dans Un Baquet de Sang de Roger Corman.
Avant de devenir la maman dans E.T. de Spielberg et Cujo d’après Stephen King, Dee Wallace a incarné dans Hurlements la journaliste Karen White, traumatisée après une confrontation presque fatale avec un tueur en série (Robert Picardo, un autre futur habitué des films de Joe Dante dans son premier rôle sur grand écran). Le docteur Waggner (Patrick « John Steed » McNee) lui propose alors de venir se soigner dans le centre isolé en montagne dont il est le responsable, la « Colonie ». Après une série d’étranges incidents, Karen va découvrir le secret des résidents de la « Colonie » : ce sont des loups-garous capables de se transformer à volonté…
Le Loup-Garou est un monstre qui est revenu en quelque sorte à la mode au début des années 80, l’évolution des techniques d’effets spéciaux permettant de proposer des créatures véritablement monstrueuses, des loups gigantesques surplombant leurs proies loin de l’image des lycanthropes humanoïdes popularisés par Lon Chaney Jr dans les productions de la Universal des années 40.
Les deux représentants les plus célèbres du genre sont Hurlements et Le Loup-Garou de Londres de John Landis, sortis en 1981 à quelques mois d’intervalle. Le grand Rick Baker a failli travailler sur Hurlements avant de laisser sa place à son poulain Rob Bottin (The Thing) pour respecter ses engagements auprès de John Landis. La scène de transformation dans Le Loup-Garou de Londres demeure pour moi l’une des plus réussies et l’une des plus efficaces du genre, mais celles de Hurlements ne sont vraiment pas loin derrière. Malgré les limites du budget, Rob Bottin a réussi des maquillages de grande qualité (les loups-garous font un peu plus EC Comics que celui du John Landis) et les passages horrifiques sont d’une grande intensité.
Je trouve le premier acte de Hurlements un peu laborieux dans sa mise en place, mais l’histoire devient nettement plus intéressante lorsque l’héroïne pénètre dans la Colonie et rencontre ses étranges habitants pour devenir un conte sombre et sensuel, magnifié par des décors superbement détaillés et travaillés et surtout une photographie qui fait une judicieuse utilisation des ombres et des lumières, des bleus profonds et des rouges vifs pour distiller une atmosphère anxiogène palpable. Et il y a même un côté « lutte des classes » au sein de la communauté de lycanthropes qui se dessine dans le final mouvementé…
Hurlements ne manque pas de clins d’oeil et de références savoureuses. Par exemple, tous les rôles secondaires sont nommés d’après des metteurs en scène de série B : de Georges Waggner (Le Loup-Garou) à Erle C. Kenton (La Maison de Frankenstein) en passant par Roy William Neill (Le Train de la Mort) et Sam Newfield (The Terror of Tiny Town). Et Roger Corman est au centre d’un amusant cameo qui se moque de sa radinerie légendaire : on le voit entrer dans une cabine téléphonique que vient de quitter Dee Wallace…et son premier réflexe est de vérifier s’il reste de la monnaie dans l’appareil !