Horreur
Long métrage canadien
Réalisé par John Hough
Scénarisé par George Franklin, d’après le roman de Ray Russell
Avec John Cassavetes, John Ireland, Keerie Keane, Helen Hughes…
Année de production : 1981
Dans la petite ville de Galen, le médecin Sam Cordell et le shérif Hank Walden sont confrontés à une série de viols particulièrement brutaux à la suite desquels quasiment toutes les femmes ciblées sont décédées à cause de l’important traumatisme subi. Tim Galen, un jeune homme dont la famille est liée à l’histoire des lieux, est au même moment assailli par des cauchemars dans lesquels il assiste à la torture d’une femme. Il craint d’être le responsable des attaques…mais la vérité aura une origine plus surnaturelle (le titre donne de toute façon une bonne idée de la nature de la menace)…
Après avoir débuté sur le petit écran à la fin des années 60 en réalisant des épisodes de la série Chapeau Melon et Bottes de Cuir, le britannique John Hough est notamment passé par la Hammer (Les Sévices de Dracula) et a signé un bon film de maison hantée écrit par Richard Matheson (La Maison des Damnés) avant de réaliser plusieurs longs métrages pour Disney, dont Les Yeux de la Forêt, l’hybride horreur/S.F. du studio. Pour l’entrée suivante de sa filmographie, il ne s’est pas éloigné du genre horrifique et le résumé de Incubus (aucun rapport avec le Incubus de Leslie Stevens) pourrait le rattacher au sous-genre du slasher alors en vogue…
Incubus ne fait pourtant penser au slasher que sur le papier (et un peu par sa structure). Le résultat est tout de même différent des méfaits des nombreux tueurs qui sévissaient sur les écrans à la même période…étrange, terriblement bancal mais pas inintéressant. John Hough montre sa maîtrise sur les scènes-chocs : il en soigne l’atmosphère, leur montée en puissance, suggère la présence maléfique (que l’on ne verra totalement que dans les dernières minutes) tout en illustrant le calvaire des victimes sans verser dans le scabreux. Une mise en scène solide, provoquant le malaise aussi bien dans le décor d’ordinaire feutré d’une bibliothèque que dans les toilettes sordides d’un cinéma…
Le scénario se perd par contre dans sa partie enquête, parasitée par un rythme en dents-de-scie et différentes petites sous-intrigues qui ne mènent nulle part comme les éléments du passé du docteur interprété par John Cassavetes. Un « héros » assez antipathique d’ailleurs…comme la plupart du reste de la galerie de protagonistes…qui entretient une relation trouble avec sa fille, à la limite de l’inceste. Une certaine froideur se dégage de la caractérisation et des dialogues, très cliniques dans l’horrible description des blessures mortelles subies par les femmes (et je crois que je n’ai jamais entendu autant de fois le mot sperme prononcé dans un film)…
Dans le rôle principal, John Cassavetes (Rosemary’s Baby), qui a réécrit une bonne partie de ses répliques, affiche une présence inquiétante (à l’opposé de sa fonction censée être rassurante). À ses côtés, on retrouve le vétéran du western John Ireland (Règlements de comptes à O.K. Corral) en shérif dépassé et alcoolique…les deux visages les plus connus d’une distribution principale composée en grande partie de nouveaux venus (le jeune qui joue Tim Galen n’a d’ailleurs pas fait carrière)…
Inégal, cet Incubus…mais une histoire au croisement de plusieurs influences traversée de fulgurances étonnantes, qui se conclut sur un dernier plan aussi terrible qu’efficace…