Fantastique
Long métrage américain
Réalisé par John Hough
Scénarisé par Brian Clemens, Harry Spalding et Rosemary Anne Sisson, d’après le roman de Florence Engel Randall
Avec Bette Davis, Lynn-Holly Johnson, Carroll Baker, David McCallum, Ian Bannen…
Titre original : The Watcher in the Woods
Année de production : 1980
Produit pendant une période compliquée pour les studios Disney, Les Yeux de la Forêt devait être la première incursion de la maison de Mickey dans le genre horrifique (à destination des « Young Adults » comme on dit maintenant). Le film est inspiré par un roman de Florence Engel Randall publié peu de temps auparavant et qui, d’après le résumé (car je ne l’ai pas lu), se trouve au croisement de plusieurs genres. Le scénario s’intéresse à une famille américaine venue s’installer dans un manoir anglais. La mère (Caroll Baker) est romancière et le père (David McCallum) est compositeur…mais très vite, l’intrigue se concentre principalement sur leurs deux enfants, Jan et Ellie (McCallum en particulier joue vraiment les utilités car il ne fait pas grand chose)…
Rapidement, Jan, l’aînée, assiste à de mystérieux phénomènes, dont le principal est l’apparition d’une silhouette féminine fantomatique qui l’appelle à l’aide. Jan mène l’enquête et apprend que sa vision pourrait être la fille de l’acariâtre propriétaire des lieux (incarnée par la légende hollywoodienne Bette Davis), disparue trente ans plus tôt dans d’étranges circonstances…
Même si le film n’était pas destiné principalement à l’habituel public familial, Disney s’est montré frileux pendant le développement du long métrage. Le premier scénariste engagé était Brian Clemens (Capitaine Kronos, tueur de vampires) mais son script jugé trop sombre a du être remanié. Notamment connu pour des films d’horreur comme Les sévices de Dracula et La Maison des Damnés, John Hough avait déjà travaillé pour Disney, sur le diptyque La Montagne Ensorcelée et Les Visiteurs d’un autre monde. Mais ici, il a subi les ingérences de la production et le métrage a fini par lui échapper après une première jugée catastrophique.
Cela n’avait pourtant pas si mal commencé. Le réalisateur a su installer une atmosphère menaçante dans ce coin de campagne reculée, en suggérant la menace par la caméra subjective. Le mystère est plutôt bien entretenu, par petites touches, malgré quelques ellipses dues au remontage imposé (le boss de Disney a sabré une dizaine de minutes, coupes un peu trop visibles par moment dans le déroulement du récit). L’enquête de l’héroïne (un brin surjouée par Lynn-Holly Johnson) progresse bien jusqu’au laborieux final qui déclenche le basculement du film vers la science-fiction.
L’aspect S.F. était déjà présent dans le roman. Pour la version filmée, c’est justement cette partie qui fut la cause d’une panique du studio après une première projection du long métrage, trop précipitée alors que le dernier acte n’avait pas été finalisé. Descendu par la critique, Les Yeux de la Forêt a été rapidement retiré de l’affiche afin de retravailler la fin. John Hough n’a même pas été rappelé car Disney a confié le travail à un habitué de la maison, Vincent McEveety (La Coccinelle à Monte-Carlo). Ce dernier a changé le générique début et tout le climax, confus et pas vraiment convaincant par rapport à ce qui a précédé (je préfère l’ambiance plus marquée par le surnaturel).
Après ces bidouillages, Les Yeux de la Forêt a rejoint la liste des films Disney en prises de vues réelles rejetés par la critique et ignorés par le public, ne récoltant que 5 petits millions de dollars de recettes sur le territoire américain.