REALISATEUR & SCENARISTE
John Carpenter, d’après une histoire courte de Ray Nelson
DISTRIBUTION
Roddy Piper, Keith David, Meg Foster, George « Buck » Flower, Peter Jason…
INFOS
Long métrage américain
Genre : science-fiction/action
Titre original : They Live !
Année de production : 1988
En 1986, John Carpenter sort aigri de l’expérience des Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, en partie à cause de relations conflictuelles avec une équipe de production qui n’a pas compris grand chose au film et qui en a sabordé la promotion lors de la sortie. Carpenter se lance alors dans deux longs métrages indépendants, réalisés coup sur coup, les excellents Prince des Ténèbres et Invasion Los Angeles (dont je préfère le titre original, They Live, plus évocateur et qui sonne moins comme un actioner de Chuck Norris).
À la base de Invasion Los Angeles, il y a une histoire courte de Ray Nelson, « Eight O’Clock in the Morning », publiée dans les sixties et transposée en bande dessinée en 1986 dans la revue Alien Encounters par l’écrivain lui-même et l’artiste Bill Wray. Dans cette historiette, un homme appelé George Nada se réveille d’une transe pour découvrir que l’humanité a été hypnotisée et qu’elle est contrôlée par des créatures extra-terrestres. Il n’a alors que quelques heures devant lui pour rétablir la vérité. Carpenter acquiert les droits de la nouvelle et de la B.D. et en utilise l’idée générale pour construire son scénario. À noter qu’à l’instar de Prince des Ténèbres, il utilisa un pseudonyme pour signer le script, ici Frank Armitage, d’après le nom d’un personnage de H.P. Lovecraft.
Dans Invasion Los Angeles, le héros s’appelle également Nada (rien en espagnol). Errant de ville en ville à la recherche d’un emploi, John Nade trouve un boulot dans le bâtiment à Los Angeles. Un soir, alors qu’il pose son sac dans un bidonville, il découvre un étrange trafic et met la main sur des lunettes étonnantes qui lui permettent de voir le monde tel qu’il est vraiment : des extra-terrestres qui ont pris apparence humaine contrôlent les humains via des messages subliminaux omniprésents…
Critique acerbe de la société de consommation et de la politique économique du gouvernement Reagan, Invasion Los Angeles mêle S.F. et horreur (les extra-terrestres ont un look d’humain écorché, car Carpenter, pour rester fidèle au propos de son film, a voulu en faire des « corruptions d’êtres humains ») et développe un discours social fort, reflet du ras-le-bol de son auteur, à travers le prisme d’un film de genre au suspense maîtrisé et qui monte graduellement en puissance au son d’une musique entêtante et inquiétante.
L’humour n’est pas oublié, notamment au travers des réactions de John Nada lorsqu’il découvre le monde caché aux yeux des humains.
Nada est incarné par la superstar du catch Roddy Piper, ici dans ce qui est certainement son meilleur rôle. Piper n’est pas le plus doué des comédiens mais il a un côté prolo qui fait merveille et sa présence physique est indéniable. L’un des moments forts de They Live est cette longue et rugueuse baston de rue entre Piper et Keith David, qui évoque d’après le metteur en scène le combat entre John Wayne et Victor McLagen dans L’Homme Tranquille de John Ford. Ce fight, qui devait à l’origine être plus court, a tellement impressionné Carpenter aux répétitions, que les 5 minutes ont été gardées à l’écran.
Aux côtés de ces montagnes de muscles, la présence féminine est assurée par Meg Foster et son troublant regard bleu-pâle.
Sobre, intense et efficace, Invasion Los Angeles reste l’un des meilleurs films de John Carpenter. Une excellente série B au propos qui n’a à mon avis pas pris une ride…et comme souvent chez Big John l’ensemble est parsemé de savoureuses touches western !
I have come here to chew bubblegum and kick ass, and I am all out of bubblegum…