Comédie/fantastique/romance
Long métrage néo-zélandais
Réalisé par Tony Hiles
Scénarisé par Tony Hiles, Fran Walsh et Peter Jackson
Avec Timothy Balme, Nicola Murphy, Marton Csokas…
Année de production : 1995
Après sa « Splatter Trilogy » (composée de Bad Taste, Les Feebles et Braindead), Peter Jackson a négocié un virage important de sa carrière avec le très bon Créatures Célestes sorti en 1994. À peu près à la même période (il n’est pas si facile de trouver des dates précises), il a également travaillé sur ce qui doit être le film le moins connu de sa carrière, Jack Brown Genius, dont il fut le producteur, le réalisateur de la seconde équipe et le co-scénariste avec sa compagne Fran Walsh et Tony Hiles (qui était de l’aventure Bad Taste).
Jack Brown Genius est le seul long métrage réalisé par Tony Hiles, à l’origine du projet qu’il avait conçu comme une « comédie romantique excentrique ». Comme son producteur pensait que le financement serait plus facile à trouver avec la participation de WingNut Films (la société co-fondée par Peter Jackson), Hiles a donc réécrit son script avec Jackson et Fran Walsh, qui ont amené les éléments caractéristiques de leur style. Mais les méthodes de Hiles et de Jackson se sont révélés incompatibles sur le tournage, causant de nombreux désaccords et une production compliquée. Ce qui fut également le cas de la promotion : des acheteurs se sont retirés quand ils ont su que Peter Jackson n’était pas derrière la caméra et le distributeur l’a vendu comme un film pour ados alors qu’il s’agit plus d’une sorte de « conte de fées » délirant pour adultes.
Sans grande surprise, tout cela s’est soldé par un échec (il n’y a même pas eu de sortie au cinéma par chez nous). Peter Jackson a pris ses distances avec le film et Tony Hiles en parlait comme de l’une de ses plus mauvaises expériences. Mais est-ce vraiment un ratage ? Pas pour moi en tout cas, même si l’ensemble a certes ses défauts…qui s’effacent tout de même devant l’amusante absurdité d’un récit qui débute au Moyen-Âge lorsqu’un moine un peu cinglé nommé Elmer tente de voler grâce à une paire d’ailes de son invention. Bien entendu, il s’écrase lamentablement et meurt, son âme condamnée pendant plus de mille ans au purgatoire pour avoir soi-disant commis un « suicide ».
Un millénaire plus tard, Elmer a enfin une chance de trouver le repos éternel quand son esprit entre dans le cerveau d’un inventeur doué, Jack Brown, qu’il va forcer à prouver qu’un homme peut voler. Jack est incarné par Timothy Balme, qui campa précédemment le héros de Braindead sous la direction de Peter Jackson. Dans une sorte d’étrange variation de L’Aventure Intérieure, on voit alors le moine fou dans la caboche de Jack, triturant sa cervelle pour manipuler ses moindres faits et gestes…
Jack Brown Genius se distingue par sa démonstration de pur non-sens qui porte bien à plusieurs reprises la marque du Peter Jackson des débuts, lors de situations dignes de cartoons en prises de vues réelles (de nombreuses scènes, comme celle de l’« auto-traitement de choc », sortent tout droit d’un dessin animé). Même si certains plans à effets spéciaux n’ont pas résisté à l’usure du temps, les auteurs ont orchestré des passages assez bluffants, entre courses-poursuites énergiques et final qui rappelle un chouïa celui de Hudson Hawk.
Totalement décalé, Jack Brown Genius est un film aussi inventif qu’inégal, le développement des personnages ne faisant pas partie de ses forces (l’histoire d’amour est par exemple un peu trop forcée et la caractérisation du meilleur pote joué par Marton Csokas, dans un de ses premiers rôles, part un peu dans tous les sens).