Aventures/fantastique
Long métrage américain/britannique
Réalisé par Don Chaffey
Scénarisé par Jan Read et Beverley Cross
Avec Todd Armstrong, Nancy Kovack, Gary Raymond, Laurence Naismith…
Titre original : Jason and the Argonauts
Année de production : 1963
Le magicien Ray Harryhausen a créé les effets spéciaux de quinze longs métrages entre 1949 et 1981 et il a toujours déclaré que son préféré était Jason et les Argonautes, magnifique épopée revisitant avec brio la mythologie grecque. Il y a bien entendu de nombreuses différences avec les textes anciens tout en reprenant une structure similaire, celle du voyage de Jason et des Argonautes vers la lointaine Colchide pour récupérer la magique Toison d’Or. Le jeune héros compte bien se servir de la Toison comme symbole pour prouver sa force et récupérer le trône qui lui revient de droit après l’assassinat de sa famille par le tyran Pelias lorsqu’il était encore bébé…
Ray Harryhausen a commencé à développer Jason et les Argonautes tout en travaillant sur L’Île Mystérieuse (aux origines du projet, Jason faisait équipe avec Sinbad) et le film marqua sa septième collaboration d’affilée avec son complice le producteur Charles H. Schneer. La dynamique entre les deux hommes étaient déjà bien rôdée et ce sont eux qui prenaient les décisions les plus importantes, de la direction artistique à la distribution en passant bien évidemment par les sujets qui mettaient en valeur les centres d’intérêts et le travail de Harryhausen.
Dans ce cadre, les réalisateurs pouvaient facilement passer pour des « yes man », juste là pour mettre en valeur l’imaginaire de Harryhausen mais ce dernier a souvent fait équipe avec de solides artisans comme Nathan Juran ou ici Don Chaffey, qu’il retrouvera trois ans plus tard pour Un Million d’Années avant J.C.. Le metteur en scène britannique a su donner un souffle épique à cette aventure qui ne manque pas de rebondissements et de visuels marquants. Dans sa quête pour mettre la main sur la Toison d’Or, Jason et son équipage affrontent de nombreuses menaces qui enrichissent de belle manière le bestiaire des créations de Harryhausen.
La plus célèbre reste Talos, le géant de bronze. Il y a aussi des harpies assaillant un prophète aveugle (joué par Patrick Troughton, le deuxième Docteur Who); les Dieux de l’Olympe représentés comme des entités gigantesques, joueuses et un brin mélancoliques; une hydre et pour ce qui reste ma scène préférée, sept squelettes animés par magie et lancés au combat contre Jason et deux de ses compagnons. Après l’unique squelette du Septième Voyage de Sinbad, Ray Harryhausen avait multiplié la difficulté pour ce palpitant final de presque cinq minutes qui a nécessité quatre mois d’efforts.
Les créatures étant les véritables « stars » des films de Ray Harryhausen, il n’y avait pas vraiment de têtes d’affiches connues. Todd Armstrong, l’interprète de Jason, a d’ailleurs eu une très courte carrière. Mais on retrouve aussi des noms comme Laurence Naismith (Amicalement vôtre) en Argos, le constructeur du navire des Argonautes; Honor Blackman (Goldfinger) dans le rôle de Hera et Nigel Green (Le Masque de Fu Manchu) en Hercule au physique loin de ceux des Mr Muscles des péplums italiens (ce qui était le but de Harryhausen).
Si le dernier plan est un peu abrupt, Jason et les Argonautes est l’expression même du « sens du merveilleux », un spectacle au charme intemporel que je ne me lasse jamais de revoir. Et encore une fois, quelle belle partition musicale signée Bernard Herrmann !