REALISATEUR
Ishirô Honda
SCENARISTE
Shin’ichi Sekizawa
DISTRIBUTION
Tadao Takashima, Kenji Sahara, Yû Fujiki, Jun Tazaki…
INFOS
Long métrage japonais
Genre : action/fantastique
Titre original: Kingu Kongu tai Gojira
Année de production : 1962
Dans le coin droit, Godzilla ! Roi des Monstres au souffle atomique ! Force de la nature réveillée par les radiations nucléaires !
Prisonnier pendant des années à l’intérieur d’un iceberg (depuis Le Retour de Godzilla en 1955), le dinosaure mutant peut enfin s’extirper de sa cage de glace grâce à un sous-marin américain qui passait par là (c’est toujours la faute des ricains). Pour dégourdir ses grosses gambettes en piétinant des maquettes, Godzilla retourne au Japon et à peine arrivé recommence à terroriser le pays, dans la grande tradition du genre !
Dans le coin gauche, King Kong ! Le gorille géant ! Le Dieu des indigènes de l’île du Crâne…oups, pas le bon film : de l’île Faro, en fait (natifs qui ressemblent étrangement à des japonais en plein délit de blackface) !
Parce qu’il veut à tout prix un monstre à lui pour booster l’audimat des programmes de télévision qu’il sponsorise, le patron d’une entreprise pharmaceutique a la stupide idée d’envoyer ses deux employés les plus incompétents (le plus trouillard des deux est doublé en V.F. par Alain Dorval, la voix officielle de Sylvester Stallone) sur Faro pour capturer le grand singe.
LET’S GET READY TO RUMBLE !
Après l’attaque d’une pieuvre géante (quatre véritables céphalopodes ont été utilisés pour le tournage de cette scène…trois ont été relâchés, le quatrième a fini dans l’assiette du responsable des effets spéciaux Eiji Tsuburaya), l’expédition piège Kong avec un jus de soma drogué et profite que le gros bêta cuve sa cuite pour l’enchaîner sur un radeau pour la durée du voyage.
Arrivé près des côtes du Japon, le bateau est stoppé par des envoyés du gouvernement qui refusent de laisser débarquer Kong alors que Godzilla ravage déjà le pays (enfin des gens sensés). Mais à cause de la maladresse de l’industriel, Kong parvient à s’échapper…et il ne faut pas longtemps avant que les deux Rois des Monstres se retrouvent face-à-face…
À la fin des années 50, Willis O’Brien, le magicien des effets spéciaux à qui l’on doit notamment les trucages de King Kong et Le Fils de Kong en 1933, imagine un concept pour une nouvelle suite qui opposerait King Kong à une version géante de la créature de Frankenstein. Il obtient la permission de la RKO d’utiliser King Kong et est aidé par le producteur John Beck dans sa recherche d’un studio (la RKO a fait faillite entre temps). Mais personne n’est intéressé, principalement pour de questions de budget. Beck finira par vendre le traitement déjà écrit (dans le dos de Willis O’Brien qui n’a jamais été crédité pour l’inspiration) l’idée aux japonais de la Toho qui voulaient produire un nouveau Godzilla pour célébrer les 30 ans du studio. Ils ont donc remplacé le monstre prévu à l’origine par leur propre kaiju tout en profitant de l’opportunité d’utiliser King Kong officiellement.
Et comme Godzilla a été créé pour capitaliser sur le succès de la ressortie mondiale de King Kong en 1952, on peut dire que la boucle était bouclée.
King Kong contre Godzilla marque un premier tournant dans cette longue série de kaiju eiga : une transition vers une ambiance plus légère afin de plaire un peu plus aux enfants et d’élargir le public de ces films (ce qui a fonctionné car ce choc des titans connut un énorme succès lors de sa sortie japonaise). On retrouve ainsi des touches humoristiques au sein des affrontements entre les deux grands monstres qui ne manquent pas d’idées amusantes entre deux prises de catch. Moments les plus divertissants (et savoureusement nanardesques) d’un scénario complètement idiot, aux personnages, aux rebondissements (l’explication pour le changement de taille de Kong est gratinée) et à l’humour au ras des pâquerettes.
Grand spécialiste du genre, Ishirô Honda n’appréciait pas tellement l’« abêtissement » progressif des grands monstres…il dira plus tard qu’« un monstre ne devrait jamais être un personnage comique ». Il ne devait donc pas compter King Kong contre Godzilla parmi ses meilleurs films : les équipes d’effets spéciaux n’ont jamais réussi à concevoir un costume de Kong convenable et le résultat est l’une des pires peluches mitées vues à l’écran. Et il a vraiment une tête de Kong…
Et un dernier pour la route ! Hic !
J’ajoute que j’ai vu la version internationale qui, comme le premier Godzilla de 1954, propose une bande originale et un montage différents et des scènes additionnelles avec des acteurs américains. Mais contrairement à Godzilla, où les scènes supplémentaires avec Raymond Burr s’intégrait plutôt bien (enfin, si je me souviens bien) à l’ensemble, l’action est ici commentée par un journaliste coincé du cul (campé par un comédien qui a l’air d’attendre son maigre chèque avec impatience) et un savant de Prisunic dans un pauvre décor assemblé à la va-vite. Des interruptions qui ralentissent sévèrement le rythme et qui augmentent encore d’un cran le quotient nanar de la chose !