REALISATEUR
David Cronenberg
SCENARISTES
David Cronenberg et Charles Edward Pogue, d’après la nouvelle de George Langelaan
DISTRIBUTION
Jeff Goldblum, Geena Davis, John Getz…
INFOS
Long métrage américain/britannique/canadien
Genre : drame/horreur
Titre original : The Fly
Année de production : 1987
Le projet The Fly circulait à Hollywood depuis déjà plusieurs années lorsque David Cronenberg accepta d’en être le réalisateur. Seconde adaptation d’une nouvelle de l’écrivain et journaliste franco-britannique George Langelaan (après La Mouche Noire en 1958, une série B de Kurt Neumann avec Vincent Price), La Mouche raconte l’histoire tragique de Seth Brundle (excellent Jeff Goldblum !), un savant brillant et excentrique qui travaille sur une invention révolutionnaire, une machine à téléportation. Après sa rencontre avec une jolie journaliste (Geena Davis) et malgré une série d’essais peu concluants sur des babouins, il décide de se téléporter lui-même. L’expérience est un succès…mais il ne s’est pas aperçu qu’une mouche a fait partie du voyage…et que l’ordinateur du téléporteur a fusionné les gênes des deux sujets…
David Cronenberg sortait alors de quelques échecs (ou semi-échecs) financiers (Videodrome, Dead Zone…que de très bons films dans une première partie de filmographie qui est pour moi la plus intéressante) et de plusieurs mois passés sur le développement de Total Recall pour Dino de Laurentiis. Lorsqu’il devint évident que sa vision du film ne coïncidait pas avec celle du mogul italien, David Cronenberg a fini par claquer la porte et dire « oui » au producteur Mel Brooks (puisqu’il avait refusé dans un premier temps). Bien vu, puisque La Mouche reste à ce jour l’un des plus gros succès de sa carrière et l’un de ses meilleurs films.
David Cronenberg s’est entouré de ses collaborateurs habituels (comme la chef décoratrice Carol Spier et le compositeur Howard Shore) et réécrit le scénario de Charles Edward Pogue (tout en gardant sa contribution au générique) pour faire de La Mouche autant un film d’horreur et de science-fiction qu’un drame intimiste (et d’ailleurs, il n’y a que trois personnages principaux). Une grande partie du film se déroule en effet entre les murs de l’appartement de Seth Brundle où ont lieu les étapes les plus importantes de l’histoire…c’est l’histoire d’un couple qui tombe amoureux…et après le bonheur des premièrs jours, des premières semaines, l’homme est touché par une horrible maladie et la femme assiste impuissante à sa lente agonie…
La Mouche se pose donc comme une réflexion sur la maladie, sur la mort, sur la force de l’amour face à la détérioration physique. Et comme nous sommes dans un film de David Cronenberg, un réalisateur qui a fait de la métamorphose un de ses thèmes récurrents, les visions cauchemardesques ponctuent la transformation progressive de Seth Brundle en un être qui n’a plus rien d’humain…en apparence.
On doit les impressionnants maquillages et la créature qui se dévoile dans un final dantesque à Chris Walas, qui avait notamment travaillé sur Piranhas, Le Dragon du Lac de Feu et Gremlins. Il est ensuite passé à la réalisation avec La Mouche II, la suite datant de 1989 (une reconversion qui n’a pas duré puisqu’il n’a dirigé que deux films).
La direction d’acteurs est parfaite. Entre Jeff Goldblum et Geena Davis, qui étaient alors un couple à la ville, se dégage une véritable alchimie. John Getz s’ajoute à l’équation pour former un triangle amoureux qui sera le déclencheur de l’évolution de Seth Brundle, qui ne cessera par la suite de pousser ses limites. La Mouche parle de peurs profondes de manière radicale, en orchestrant une véritable tragédie organique, une oeuvre qui prend aux tripes et qui se referme sur une dernière scène déchirante.
Je suis un insecte qui rêve qu’il a été un homme…et qui aimait ça. Mais le rêve est fini. L’insecte s’est réveillé…