LA PETITE BOUTIQUE DES HORREURS (Roger Corman)

REALISATEUR

Roger Corman

SCENARISTE

Charles B. Griffith

DISTRIBUTION

Jonathan Haze, Jackie Joseph, Mel Welles, Dick Miller, Myrtle Vail, Jack Nicholson, Charles B. Griffith…

INFOS

Long métrage américain
Genre : comédie/horreur
Titre original : The Little Shop of Horrors
Année de production : 1960

À la question « quels écrivains admirez-vous le plus ? », Quentin Tarantino a un jour répondu Robert Towne, Elmore Leonard et Charles B. Griffith. Et coïncidence peu étonnante, le premier et le dernier ont en commun d’avoir travaillé pour le pape de la série B U.S., j’ai nommé Roger Corman.
Robert Towne a fait ses armes chez Corman en faisant occasionnellement l’acteur et en rédigeant les scénarios de La dernière femme sur Terre et de l’un des films du « cycle de Poe » cormanien, La Tombe de Ligeia.

La collaboration entre Corman et Charles B. Griffith fut quant à elle beaucoup plus prolifique. Appréciant l’humour et la rapidité de Griffith, Corman a un jour dit de lui qu’il était le scénariste le plus inventif avec qui il a travaillé. Griffith lui se trouvait aussi fainéant sur les bords, préférant travailler sur les séries B produites à l’économie par son compère plutôt que de passer du temps sur un scénario pour un grand studio. Le « gars fainéant » a tout de même bossé régulièrement pour Corman des fifties aux seventies, de It conquered the world à La course à la mort de l’an 2000, en passant par La Créature de la Mer Hantée, L’attaque des crabes géants et Un baquet de sang (et j’en passe).
Il n’a pas fait équipe qu’avec Roger Corman. On lui doit aussi de nombreuses participations, dont certaines non créditées au générique…il fut par exemple parmi la douzaine de scénaristes à avoir travaillé sur le script de Barbarella.

L’un des films les plus célèbres du duo Corman/Griffith est la comédie horrifique La Petite Boutique des Horreurs, également popularisée par la comédie musicale des années 80. Le réalisateur/producteur à la pingrerie légendaire avait à sa disposition quelques décors d’une précédente production avant leur destruction. Pour les rentabiliser, Corman décida alors d’y tourner un film en deux jours et une nuit (pour être précis, le tournage en studio dura effectivement deux jours et une nuit, mais il faut rajouter à cela les scènes en extérieur qui prirent quelques week-ends supplémentaires).
Avec Charles B. Griffith, ils passèrent alors un repas entier à échanger des idées et se décident pour un creature feature avec une plante géante mangeuse d’hommes. D’après Griffith, à ce moment, les deux hommes étaient « complètement bourrés ».

D’abord réticent à l’idée d’orienter le film vers la comédie (à cause du succès grandissant de films aux ambiances plus sérieuses comme les adaptations de Poe), Corman se laisse convaincre par son scénariste qui livre l’amusante histoire de Seymour Krelboin, un employé benêt d’un magasin de fleurs au bord de la ruine qui ne pourra rien contre l’incroyable fringale de sa plante mangeuse d’hommes.

L’humour de La Petite Boutique des Horreurs a plutôt vieilli, mais même si on peut faire les yeux ronds devant le gag antidéluvien de la chute sur une peau de banane, son utilisation du slapstick fait encore mouche. Là où la touche Griffith fait surtout merveille, c’est dans l’hilarante galerie de personnages hauts en couleurs et aux noms à coucher dehors (Seymour Krelboin, Audrey Fulquard, Gravis Muschnik, Burston Fouch…). De la vieille mère juive qui collectionne les enterrements à l’original qui prend le magasin pour un restaurant et vient y boulotter toutes les fleurs (campé par l’excellent Dick Mr Futterman Miller), c’est la vie qui gravite autour de Seymour et de son monstre vedette qui est pour beaucoup dans la réussite des scènes humoristiques de ce divertissement tourné dans des décors fauchés.

Pour aérer un peu son histoire, Griffith a imaginé une visite dans un cabinet dentaire très particulier tenu par un dentiste sadique. Parmi les clients de cet antre de la douleur, on trouve un employé de pompes funèbres sado-masochiste incarné par un Jack Nicholson débutant (il s’agissait là de son troisième film…et pas le dernier avec Roger Corman). Ce rôle sera repris avec bonheur par le non moins génialissime Bill Murray dans la version musicale.

La portion horrifique du métrage est congrue mais ne manque pas de saveur. Limitée par le faible budget, la plante géante surnommée Audrey Jr par Seymour est assez statique mais sa voracité en fait l’un des monstres les plus mémorables du cinéma bis des sixties. C’est Charles B. Griffith lui-même qui lui prête sa voix et son « Feed me » est absolument irrésistible.
Grâce à sa générosité dans l’absurde, La Petite Boutique des Horreurs emporte mon adhésion à chaque vision.

J’adore ce film.
Peut-être mon Corman préféré.

Jim

Tiens, jamais vu. En revanche, j’ai déjà vu plusieurs fois le film-comédie musicale (que j’aime beaucoup !)