Un nouvel Andreas est toujours un événement. En tout cas pour moi.

L’auteur, que je suis depuis Rork, que j’avais trouvé brillamment abscons dans son diptyque Cyrrus / Mil, qui m’avait enchanté à diverses occasions (Raffington Event, Quintos…) et qui a construit une belle série de crypto-super-héros avec Capricorne, est toujours passionnant et surprenant.

Ce nouvel opus, chez Futuropolis (donc : prestige) apporte déjà une surprise en matière de dessin. Le trait est uniforme (ou presque), sans relief, sans ombre. Les choses sont dessinées comme si elles étaient découpées dans du carton (c’est particulièrement frappant dans les décors), et servies par des aplats signés Isabelle Cochet. Cette sobriété affectée tranche avec les précédentes expériences graphiques de l’auteur (les feutres dans Fantalia, les hachures imitation gravure dans Cromwell Stone).

Le découpage quant à lui est toujours impressionnant. Andreas alterne les cases horizontales étriquées et les vignettes verticales, recourt à des gaufriers, utilise l’espace blanc du papier pour créer des ruptures de séquence. Toute la grammaire des comics (notamment ceux de Frank Miller) est mobilisée. Comme toujours, c’est virtuose.

L’intrigue revêt au début l’apparence d’un thriller politique : la fille d’un politicien de l’ombre est enlevée, puis mystérieusement retrouvée à l’ambassade d’Argentine. Ramenée en France, elle mobilise une enquête des services de police.

Mais peu à peu, bien sûr, l’intrigue bascule dans le fantastique, avec une brute au cerveau d’enfant, un mystérieux foetus, les sujets d’expérience obscures, une salle emmurée dans la cave…
Jusqu’à un final qui, comme souvent chez l’auteur, laisse au lecteur plus de questions que de réponses (ce qui nécessitera une autre lecture).

Andreas se permet même de lancer des fausses pistes, de s’intéresser à des personnages secondaires puis de les abandonner, de faire croire à des événements tout en retournant la situation, de manière presque arbitraire. Tout cela me semble volontaire, et en écho à ce que je crois comprendre de la fin de l’album.
Mais c’est très désarçonnant.
Comme beaucoup d’œuvres précédentes, cela dit.
Jim