Science-fiction/horreur
Long métrage britannique
Réalisé par Val Guest
Scénarisé par Richard Landau et Val Guest, d’après la mini-série télévisée de Nigel Kneale
Avec Brian Donlevy, Jack Warner, Richard Wordsworth…
Titre original : The Quatermass Xperiment
Année de production : 1955
Si la Hammer est surtout renommée pour ses films d’horreur produits à partir de la seconde moitié des années 50, la société fondée par William Hinds et Enrique Carreras existait déjà depuis près de 20 ans…mais les longs métrages (pour la plupart des drames et des thrillers destinés aux doubles-programmes) tournés entre 1934 et 1955 , année marquant le début de l’âge d’or du studio, sont en grande partie oubliés de nos jours. La Hammer avait déjà touché à la science-fiction à quelques reprises, notamment avec Enquête dans l’Espace de Terence Fisher qui tenait plus, comme son titre l’indique, du film policier.
Face à la présence de plus en plus importante des postes de télévision dans les foyers britanniques, la Hammer a cherché à proposer quelque chose de plus que le petit écran afin d’attirer les spectateurs dans les salles. D’où l’accent mis sur l’horreur, jusque dans la communication (le titre est passé de The Quatermass Experiment à The Quatermass Xperiment pour bien insister sur le classement « X » du film)…et pour concurrencer la télévision, la Hammer a tout de même été chercher dans les grilles de programme de la BBC…
The Quatermass Xperiment est en effet à l’origine une mini-série diffusée en direct et créée par Nigel Kneale, à qui l’on doit le personnage du professeur Bernard Quatermass, dont l’importance dans le monde de la science-fiction est durable (il a été décliné sur plusieurs supports et a influencé de nombreux auteurs, dont ceux de la série Dr Who qui n’était pas du tout au goût de Kneale). Le tout premier serial télévisé de Quatermass est en partie perdu et d’après les commentaires de l’époque, il existe des différences concernant la caractérisation du scientifique pour son passage sur grand écran (Nigel Kneale n’a d’ailleurs pas aimé le choix de l’américain Brian Donlevy).
Quatermass est un pionnier du programme spatial de la Grande-Bretagne. Mais les choses ne se passent pas comme prévu, le contact avec le premier vol habité est perdu et la fusée se crashe dans un coin de la campagne anglaise (introduction très efficace malgré le maigre budget). Sur place, Quatermass et ses assistants découvrent qu’il n’y a plus qu’un seul membre d’équipage sur les trois. Traumatisé, Victor Carune ne peut raconter ce qui lui est arrivé…et son corps se met alors à muter, sous l’effet d’une mystérieuse entité extraterrestre rencontrée pendant la brève expédition spatiale…
Les moyens étant limités, Le Monstre mise avant tout sur son suspense maîtrisé et sa mise en scène rigoureuse, tout en s’autorisant quelques scènes-chocs détonnantes pour l’époque grâce à des maquillages de qualité. Dans le rôle de Carune, Richard Wordsworth compose fiévreusement un monstre tragique à la Frankenstein (il y a même un passage qui évoque le premier classique de James Whale avec Boris Karloff). Le traitement de Quatermass fait d’ailleurs penser à la version Peter Cushing du Baron Frankenstein, un savant prêt à tout pour accomplir son but sans se laisser entraver par des considérations sentimentales comme le souligne bien la glaçante réplique finale.
Dans son ultime phase de transformation, le monstre est aussi statique (ce qui n’est pas étonnant) que visuellement accrocheur (la manière dont il est filmé permet de bien souligner son aspect peu ragoûtant tout en ne s’attardant pas trop sur les détails). Un bon climax pour cette série B très importante dans l’histoire de la Hammer . Suite à son succès, le studio a mis en chantier une suite, La Marque (1957), et a attendu dix ans pour compléter sa trilogie Quatermass avec Les Monstres de l’Espace (en confiant le rôle principal à un autre acteur).