Discutez de Les Aventuriers de l’Arche perdue
On ne présente plus le premier volet des aventures du professeur Henry « Indiana » Jones Junior, partageant sa vie entre l’enseignement et l’exploration dans des années 1930 sublimées.
Né de diverses discussions entre George Lucas et Steven Spielberg, qui partagent une passion pour James Bond et pour les pulps et des envies de raconter des aventures dans des tonalités voisines, le film et son héros constituent une sorte de métissage entre de nombreuses influences. Les deux cinéastes choisissent finalement de raconter la vie d’un archéologue globe-trotter, capable de déjouer les pièges des temples les plus reculés et amenés à affronter les forces nazies déployées en vue de dénicher la légendaire Arche d’Alliance.
Si le producteur et le réalisateur ne créent pas un pulp à proprement parler (puisqu’il ne s’agit pas d’un feuilleton à épisodes mais d’un seul long métrage), ils en reprennent la tonalité (de l’aventure sans frein) et placent l’action en 1936, au milieu d’une des décennies importantes pour les pulps. D’autres influences viennent se greffer au bouillon de culture qui a présidé à la naissance du film, qu’il s’agisse du Tintin de Hergé, du Secret des Incas, un film de 1954 où Charlton Heston incarne Harry Steele, un aventurier se rendant au Pérou (pays où se déroule la séquence d’ouverture des Aventuriers), ou encore L’Homme de Rio, film de 1964 réalisé par Philippe de Broca où Jean-Paul Belmondo court sans s’arrêter dans une intrigue qui passe par des étapes étonnamment similaires à celle du film de Spielberg (thématiques voisines, comme l’appât du gain mêlé à la quête de connaissance, scènes comparables, comme l’effondrement de la grotte…).
Pour le rôle de l’aventurier, la production envisage pendant un temps Tom Selleck, qui connaît alors le succès grâce à la série Magnum. Mais les emplois du temps ne concordent pas et l’acteur doit refuser. L’ironie voudra que les retards de tournage auraient permis à Selleck de se rendre sur le plateau de Spielberg, d’autant que certaines scènes (de l’ouverture) seront filmées non loin des lieux de tournage de la série. C’est donc Harrison Ford qui est finalement choisi, alignant à cette occasion l’un des trois grands rôles qui en feront une icône pop, après Han Solo et avant Rick Deckard.
Pour préparer le tournage, Spielberg recourt aux services de plusieurs dessinateurs de storyboards. Dans un premier temps, il se tourne vers Ron Cobb et William Stout, qui travaillent pour John Milius sur le film Conan. Le réalisateur tient fortement à bénéficier du talent de Cobb, même si ce dernier affiche une grande fidélité à Milius. Stout fera quelques storyboards associés à la poursuite de camions, avant de conseiller le nom de Dave Stevens, qui fournira de longues séquences.
Le dessinateur Jim Steranko, quant à lui, réalisera des peintures de préproduction représentant le héros, et il est souvent considéré comme celui qui matérialisera en premier l’aspect de Jones.
Le tournage n’a pas été sans souci. Outre les blessures habituelles qu’on peut imaginer, une anecdote revient souvent, d’ailleurs éclairée par les storyboards, justement. Alors que l’équipe est installée en Tunisie et souffre de problèmes de transit dus à la nourriture et surtout à la chaleur, au moment de la mise en boîte du duel au sabre, Harrison Ford, fatigué et barbouillé, n’est pas en mesure d’assurer la scène. L’acteur propose donc que le personnage dégaine et tire sur son adversaire. Il joue la scène avec sur le visage un air de lassitude un peu jm’enfoutiste qui cadre bien avec son personnage de baroudeur désabusé. La scène gagne énormément en caractérisation et en humour noir, et donnera lieu à une petite variation dans le deuxième volet.
Un coup d’œil sur cet extrait des storyboards nous donne une idée de ce à quoi la scène du duel aurait pu ressembler si Ford n’avait pas été malade ce jour-là.
Le résultat demeure un film d’aventures… qui a changé le cinéma d’aventures. L’alchimie, entre des acteurs impliqués, un réalisateur en feu, une dose d’humour et de bonne humeur et des méchants qui, pour détestables qu’ils soient, n’en demeurent pas moins charismatiques (Belloq, joué par Paul Freeman, crève l’écran), donne naissance à une référence, un film qui se regarde toujours avec plaisir, même quand on en connaît les répliques par cœur.
Jim
Les affiches de Richard Amsel :
Y a quelques légendes du storyboard. Dave Stevens, le créateur du Rocketeer, a remplacé William Stout sur le storyboard de certaines scènes d’action des Aventuriers de l’Arche perdue (Stout avait fait quelques illustrations, voir ci-dessous, mais sans aller jusqu’au bout) et il paraît que c’est formidable.
Stevens a aussi fait le storyboard du Thriller de Michael Jackson, filmé par John Landis. Et ça cogne bien :
Jim
Voilà, c’est ça que je veux voir dans ces colonnes…
Chef oui chef.
Jim
John Byrne adapte Indy en bande dessinée… et démontre qu’il n’a pas tout à fait compris que Jones a deux vies distinctes… et séparées !
Jim
J’aime bien cette série. Bon, Byrne n’était vraiment là que pour lancer le titre (il avait déjà une tonne d’autres choses à faire à l’époque), puisqu’il est très vite remplacé par David Michelinie…
En plus de son agenda chargé (FF + Alpha Flight + The Thing), son court passage s’explique aussi par la contrainte de devoir composer avec son contact de chez Lucasfilm (qui n’avait pas l’air d’être très au fait des méthodes de production d’un comic-book, par exemple en demandant des modifications alors que la date de sortie était proche). Du coup, Byrne qualifie cela d’une des pires expériences professionnelles de sa carrière (il a pris la poudre d’escampette au bout de seulement 2 numéros).
"INDIANA JONES was one of the Worst Experiences I’ve had as a comicbook professional. It started out well enough – I saw “Raiders of the Lost Ark” and came out of the theater with my brain abuzz with all kinds of story ideas for such a character, expecially set against the fascinating millieu of the 1930s. The first obstacle turned out to be Shooter (ser-prize!!) He didn’t want to do an Indiana Jones book. Thought it would have no sales appeal. It was Jim Salicrup who pointed out that more people had heard of Indiana Jones than of Any Marvel character. So the book got greenlighted, written and drawn by yours truly.
Then came the second hurdle. Obviously, one of the chief attractions of such a book would be the Saturday Morning Serial feel one could evoke – collosal, impossible cliffhangers at the end of every issue. Right? Well, not as far as Shooter was concerned. He was in his “one issue” mode at that time – all stories must be resolved in one issue (except the ones he wrote himself, of course!). I could do “cliffhangers”, he said, but only if I resolved them in The Same Issue. Some cliffhanger, huh?
Ahh… but this was only the Beginning! Next came the liason with LucasFilm, a woman who clearly understood nothing about the way comics were produced, and who had no inclination to learn. It went like this: I wrote the plot, submitted it to LucasFilm for approval. It was approved. Drew the pictures, likewise submitted, likewise approved. Wrote the script, submitted it – she asked for plot changes. Er, no, we said – that was two steps ago. No, she said, want plot changes!! And when the first issue was finally complete, she decided she liked the plot I’d submitted months earlier for the third issue even better, and wanted that to be the first issue. We talked her out of that one. After two issues of this insanity, I gave up the ghost.
There was no way to work if each step could be overturned by someone who did not understand the process. (This did not change after I left, by the way. Tom DeFalco later told me that when Marvel did the adaptation of the second movie, each step was approved as above, then one week before the book was to go to the printers, she called up and asked for a different penciler!!!) Okay… . so I whined a little bit."
Très intéressant !
Walt Simonson’s art for the Marvel corner box for THE FURTHER ADVENTURES OF INDIANA JONES comic.
J’ai regardé le documentaire Indiana Jones - à la recherche de l’âge d’or perdu sur Arte. Très sympa…rien de bien nouveau pour les fans de la saga mais une bonne petite synthèse qui s’intéresse principalement à la façon dont l’archéologue-aventurier s’inscrit dans la tradition des serials et des films d’aventure de l’âge d’or d’Hollywood avant de devenir lui-même LA référence et l’influence principale du genre les années qui ont suivi…
Ils y parlent de l’influence de Carl Barks ?
Tori.
De mémoire, non.
J’ai trouvé le documentaire assez léger, au sens superficiel. Ça survole le sujet.
Jim
D’un certain côté, ce n’est pas faux. Après, ça tient aussi au format 52 minutes très souvent employé pour ces documentaires TV (j’en ai vu des tas avec cette durée). Pour bien être complet sur la saga, il faut bien évidemment plus. Mais là, j’ai trouvé que les auteurs tenaient bien leur sujet et l’orientation prise par leur docu. Quand on connaît bien tous les recoins de l’univers d’Indy, ça peut sembler léger en effet…mais pour les néophytes, j’ai trouvé que ça résumait bien les choses…
Chaykin :
Johnson :