L'EXORCISTE IV : AU COMMENCEMENT + DOMINION (Renny Harlin, Paul Schrader)

L’Exorciste : Au Commencement
Horreur
Long métrage américain
Réalisé par Renny Harlin
Scénarisé par Alexi Hawley d’après une histoire de William Wisher et Caleb Carr
Avec Stellan Skarsgard, Izabella Scorupco, James D’Arcy…
Titre original : Exorcist - The Beginning
Année de production : 2004

Dominion : Prequel to the Exorcist
Horreur
Long métrage américain
Réalisé par Paul Schrader
Scénarisé par William Wisher et Caleb Carr
Avec Stellan Skarsgard, Gabriel Mann, Clara Bellar, Billy Crawford…
Année de production : 2005

La troisième suite de L’Exorciste fait partie de ces productions maudites qui s’inscrivent pour les mauvaises raisons dans l’histoire du cinéma. Il s’agit en fait de deux films qui proposent deux visions alternatives d’un même scénario et c’est pour cela que j’ai choisi de les inclure dans le même sujet. Dans les années 90, les droits de la saga L’Exorciste étaient détenus par la société de production Morgan Creek à qui l’on doit l’inégal autant que très intéressant L’Exorciste : La Suite. Si les résultats au box-office ne furent pas excellents, James G. Robinson, le patron de Morgan Creek, a donné son feu vert à une nouvelle suite afin de fêter le 25ème anniversaire du chef d’oeuvre de William Friedkin (bon, la date fut largement dépassée).

L’idée était de développer une préquelle située dans les années 40, en suivant un père Merrin plus jeune, devenu archéologue après avoir perdu la foi, engagé dans une première confrontation avec les forces du mal en Afrique. Un projet que William Peter Blatty, l’auteur du roman et réalisateur du troisième opus, a copieusement détesté lorsqu’il fut annoncé. Le premier metteur en scène engagé fut Tom McLoughlin (Vendredi 13 VI : Jason Le Mort-Vivant) mais ce dernier quitta le projet assez rapidement. Après réécritures, L’Exorciste IV semblait parti sur de bons rails, avec John Frankenheimer (French Connection 2) aux commandes et Liam Neeson en père Merrin.

Mais suite à ses problèmes de santé, Frankenheimer est contraint de laisser sa place (et il est décédé quelques semaines plus tard). Liam Neeson est parti pour d’autres engagements et Morgan Creek a donc du rechercher un nouveau réalisateur et une nouvelle tête d’affiche. Après lecture du scénario, Paul Schrader (American Gigolo, La Féline…) s’est montré intéressé, notamment par la direction de l’histoire qui s’éloignait des fondamentaux de la saga pour se tourner vers un mélange de drame historique et de thriller psychologique (avec une touche d’horreur bien entendu). Schrader a reconnu dans des interviews que le studio l’avait laissé globalement tranquille pendant toute la production, le laissant même réécrire le dernier acte qu’il trouvait un peu trop verbeux.

Paul Schrader a également imposé Stellan Skarsgard pour le rôle du père Merrin, suédois comme Max Von Sydow même si les deux n’ont pas vraiment le même physique. Skarsgard livre une composition solide en homme d’église dont la foi a été ébranlée lors d’un événement tragique pendant la Seconde Guerre Mondiale. Un prologue d’une grande intensité avant de retrouver le personnage en Afrique, en pleine mise au jour d’une mystérieuse église non répertoriée dans les archives du Vatican. L’ouverture de ses portes va réveiller le mal qui y était caché…

Paul Schrader construit progressivement son suspense, la présence du mal étant amené par petites touches, suggérée plutôt que montrée avant le final (très années 40, dans la lignée des productions Val Lewton). Il y a certes des lenteurs mais le fait de privilégier l’atmosphère fonctionne bien et un malaise s’installe au fur et à mesure de l’avancée du récit, avec des scènes fortes comme l’attaque de l’école. Le possédé est cette fois-ci un jeune homme handicapé, incarné par le chanteur Billy Crawford (!), méconnaissable sous son maquillage. Malgré quelques maladresses (comme dans la dernière ligne droite) et des effets numériques dégueulasses (mais ça ce n’est pas la faute de Schrader), je trouve l’ensemble bien équilibré et évitant la caricature (ce qui ne sera pas le cas de l’autre version).

Lorsqu’il rend sa copie (qui n’était pas encore finalisée), Paul Schrader apprend que James G. Robinson a changé son fusil d’épaule, jugeant L’Exorciste IV « invendable » tel quel…alors qu’il avait lui-même donné son accord pour un film plus psychologique, sans gore, tête qui tourne et vomissements. Schrader est écarté et Renny Harlin (58 minutes pour vivre, Cliffhanger…) est appelé à la rescousse pour des reshoots qui se sont finalement transformés en un nouveau long métrage (seules quelques minutes du Schrader ont été conservées dans L’Exorciste : Au Commencement).

Regarder les deux longs métrages à la suite (car suite à l’échec du Harlin, Schrader a pu sortir son montage l’année suivante sous le titre Dominion - Prequel to the Exorcist) est une drôle d’expérience car c’est pratiquement la même histoire (avec tout de même des péripéties différentes) dans les mêmes décors avec quasiment les mêmes acteurs (certains rôles ont du être recastés) mais avec deux styles complètement opposés. Aussi bien dans sa manière de traiter le suspense que dans ses mouvements de caméra, Renny Harlin n’est pas un modèle de subtilité. Son Exorciste est plus sanglant, un peu plus racoleur aussi (voir le traitement de la doctoresse survivante des camps de concentration), jouant aussi la facilité avec un personnage féminin possédée et maquillée comme Regan avant un exorcisme final ridicule. Stellan Skarsgard joue ici un père Merrin plus proche d’Indiana Jones et le clin d’oeil de l’ultime plan est un peu trop appuyé.

Après ce ratage fraîchement accueilli au box-office en 2004, Morgan Creek a laissé Paul Schrader terminer sa version, mais sans le budget suffisant pour les effets visuels, ce qui explique les affreux plans numériques. Dominion : Prequel to the Exorcist n’a eu droit qu’à une sortie limitée en 2005. Les producteurs ont ensuite laissé reposer la franchise jusqu’à une série télévisée en 2016 (deux saisons) et un nouveau long métrage en 2023 (L’Exorciste : Dévotion de David Gordon Green, dont les mauvaises critiques et la réception mitigée au box-office ont annulé la trilogie prévue…le suivant sera un reboot).

2 « J'aime »


Merci Le Doc, ça donne très envie de revoir les films. Je les ai sur le disque dure, ,je vais me remater ça à l’occasion.

Caleb Carr, trop rare en librairie, qui a pondu quelques bons livres.

Dominion est sur Insomnia. Par contre, le Harlin n’est plus sur Netflix. Dommage j’aurais voulu le revoir avant de découvrir le Schrader.

Mmmmmmmm…

Bah, dans mes souvenirs , il était rigolo ^^

Le Renny Harlin est aussi sur Insomnia.

Ha oui?! OK merci.

Mais j’ai un ami qui me veut du bien ici qui a répondu il y a quelques jours à mon désir de revoir ce chef d’œuvre. Il me manque Résurrection avec Totophe, et je suis prêt pour une soirée de folie !

1 « J'aime »

le père Merrin était pas déjà archéologue en Afrique dans l’exorcicte 2 ?

Dans le II, Merrin est en Afrique pour un exorcisme…après faudrait que je le revois pour me rappeler s’il y a plus de détails sur sa présence là-bas…

Ok, je vois.