REALISATEUR
Lewis Teague
SCENARISTE
John Sayles
DISTRIBUTION
Robert Forster, Robin Riker, Dean Jagger, Henry Silva…
INFOS
Long métrage américain
Titre original : Alligator
Genre : thriller/horreur
Année de production : 1980
Formé à « l’école Roger Corman », le réalisateur Lewis Teague a appris son métier en travaillant à la tête des secondes équipes de La Course à la mort de l’an 2000 et de Un cocktail explosif et en tant que monteur sur des films comme Cockfighter de Monte Hellman et Crazy Mama de Jonathan Demme. Il ne s’est pas éloigné du cinéma d’exploitation pour ses débuts derrière la caméra et c’est son Incroyable Alligator qui a retenu l’attention de Stephen King, l’écrivain suggérant son nom pour prendre les commandes de ce qui est resté son meilleur film, Cujo. Lewis Teague n’a pas vraiment confirmé par la suite (en signant notamment Le Diamant du Nil, la suite faiblarde de À la poursuite du Diamant Vert) et a passé la plus grande partie des années 90 à travailler pour le petit écran.
L’Incroyable Alligator s’inscrit dans la vague des films d’attaques d’animaux monstrueux particulièrement populaires depuis l’immense succès des Dents de la Mer en 1975. L’histoire se base sur la fameuse légende urbaine des alligators dans les égouts : à la fin des années 60, un couple achète un bébé alligator pour faire plaisir à leur petite fille. Mais le père, qui était réticent, profite de l’absence de sa fille pour balancer directement le petit crocodilien dans les toilettes. Douze ans plus tard, la ville de Chicago est frappée par une série de disparitions, la police ne retrouvant que des membres déchiquetés dans les égouts.
Au scénario de L’Incroyable Alligator, on retrouve John Sayles, lui aussi un habitué de l’écurie Corman. On lui doit par exemple le script de l’un des plus célèbres ersatz des Dents de la Mer avec le Piranhas de Joe Dante. Il a injecté à son histoire une dose d’humour et de sarcasme appréciable qui n’amoindrit pas la portée du message véhiculé et la charge contre les politiciens idiots et les entreprises qui ne recherchent que le profit. Dans les bisseries des années 50, la radiation était la cause principale des naissances des grands monstres. Ici, ce sont les manipulations génétiques qui sont en cause car l’alligator est devenu gigantesque après avoir englouti les restes des cobayes d’une société pharmaceutique travaillant sur de nouvelles hormones.
Sayles ne s’est pas écarté du modèle des Dents de la Mer. Il y a un chef Brody, un flic au passé compliqué joué avec une savoureuse décontraction par le regretté Robert Forster (Le Trou Noir)…il y a l’inévitable expert, qui se trouve être la petite fille du prologue, dont la passion ne s’est pas amoindrie avec les années…et le trio est bien évidemment complété par un Quint…sauf que ce grand chasseur est plus un élément comique qu’autre chose, ce qui est appuyé par l’amusante interprétation du buriné Henry Silva.
Autre point commun avec le chef d’oeuvre de Steven Spielberg, l’alligator mécanique ne fonctionnait quasiment jamais. Lewis Teague et ses équipes ont donc rusé avec les angles de caméra et les choix de montage pour livrer des scènes d’action et d’horreur très bien ficelées dans la limite du modeste budget (environ 1,5 millions de dollars…on n’échappe donc pas à certains plans où un gator de taille normale évolue dans des décors miniatures). Le suspense et le rythme sont bons (avec un dernier acte, un massacre dans une fête guindée, très énergique) et le décor urbain offre un sympathique décalage avec la nature de la menace.
Cette bonne série B a eu droit à une suite tardive en 1991, Alligator II : La Mutation avec Dee Wallace Stone et Richard Lynch, qui est en fait plus un remake/variation sur le même thème qu’une continuation de l’histoire.