LES DENTS DE LA MER (Steven Spielberg)

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REALISATEUR

Steven Spielberg

SCENARISTES

Peter Benchley et Carl Gottlieb, d’après le roman de Peter Benchley

DISTRIBUTION

Roy Scheider, Richard Dreyfuss, Robert Shaw, Lorraine Gary, Murray Hamilton…

INFOS

Long métrage américain
Genre : suspense/horreur
Titre original : Jaws
Année de production : 1975

Je ne reviendrais pas sur tous les problèmes qui ont rythmé la production troublée des Dents de la Mer, il me faudrait un plus gros billet. Mais le premier grand film de Steven Spielberg fait partie de ces exemples qui montrent bien qu’un tournage qu’on disait catastrophique (prévu initialement sur 55 jours, il en a fait duré cent de plus…avec un tel dépassement, Spielberg pensait alors que sa carrière était fichue) ne débouche pas nécessairement sur un ratage. D’un sujet réservé jusque là à la série B, Steven Spielberg a fait un classique du cinéma, un monument de suspense qui fut, avec La Guerre des Etoiles deux ans plus tard, le déclencheur de l’ère des blockbusters.

On a beaucoup écrit sur le fait que le requin ne fonctionnait pas par exemple, ce qui a obligé Spielberg et ses équipes à se montrer plus créatif. Il était prévu que le grand blanc apparaisse plus souvent à l’écran et au final, on le voit vraiment très peu (on le distingue vraiment bien au bout d’une heure…et il faut attendre 20 minutes de plus pour la fameuse scène avec Roy Scheider). Et c’est une bonne chose car ici la suggestion renforce la sensation constante de danger. Le requin n’est peut-être pas visible régulièrement, mais il est bien là, à l’affût, rendu menaçant par la célèbre musique de John Williams et par de très bonnes astuces lors des premières attaques.

Je n’ai jamais lu le roman de Peter Benchley mais selon ce qui se dit sur la toile, il ne serait pas très bon…ou en tout cas nettement moins bon que le film que Steven Spielberg en a tiré. Le réalisateur a même déclaré qu’à la lecture, il était dans le camp du requin tant les personnages étaient désagréables. Il y a donc eu beaucoup de réécritures pour le passage à l’écran d’un script qui a souvent été retravaillé pendant le tournage. Dans la première moitié du métrage, les personnages secondaires sont très intéressants et très bien campés (mention spéciale à Murray Hamilton dans le rôle du maire d’Amity) et cette petite île est peuplée de silhouettes inoubliables qui la rendent grouillante de vie.

Le coeur des Dents de la Mer reste le trio formé par les trois « R », ces excellents acteurs que sont Roy Scheider (le chef Brody), Richard Dreyfuss (l’océanographe Hooper) et Robert Shaw (le vieux loup de mer Quint). Après une nouvelle attaque qui laissera Amity traumatisée, l’histoire prend un nouveau virage et se recentre sur ces trois protagonistes qui se retrouvent seuls en mer pour les 45 dernières minutes…trois hommes face à une gigantesque force de la nature…

Les tensions qui ont eu lieu pendant la longue production (Shaw était alcoolique et avait beaucoup de mal à s’entendre avec Richard Dreyfuss) ont nourri une dynamique tellement forte qu’il est toujours aussi plaisant, visionnage après visionnage, de suivre cette traque ponctuée de rires, de répliques savoureuses mais aussi de moments plus intenses (le monologue de Quint, superbe scène écrite par Howard Sackler et John Milius et magnifiquement déclamé par un Robert Shaw qui lui a apporté aussi quelques retouches) avant un dernier acte palpitant.

Steven Spielberg n’avait pas à craindre pour sa carrière. Les Dents de la Mer fut un triomphe, se rentabilisant en à peine 10 jours avant d’engranger les dollars, ce qui a permis au jeune réalisateur d’enchaîner avec un projet plus personnel, Rencontres du Troisième Type.

Au revoir et adieu, jolie fille madrilène
Au revoir et adieu, jolie fille d’Espagne

Le film repasse en ce moment sur TCM, j’en ai donc profité. Mais j’ai été un chouïa déçu quand je me suis rendu compte qu’il s’agissait du deuxième doublage de 2004 (ça doit être la première fois que je tombe dessus). Les voix de Jacques Thébault (Brody) et André Valmy (Quint) m’ont manqué. C’est dommage qu’une chaîne comme TCM ne privilégie pas les doublages originaux, tisane de tisane !

Si tu as accès au replay, refais une tentative, parce que ce matin, j’ai eu l’agréable surprise de constater que TCM proposait les deux VF, sous la forme de deux films séparés. Il y en a un où il est précisé entre parenthèses « doublage original ». J’ignore si c’est typique de mon pourvoyeur, mais ça vaut le coup d’essayer.

J’aimerais bien qu’ils nous offrent le même service avec le doublage original de Rencontres du Troisième Type, un de ces quatre… A moins qu’il soit dispo sur une galette, mais je n’en ai jamais entendu parler.

Oui, je suis bien content d’avoir une VF d’époque sur mon ordi, tiens.
La traduction est globalement restée la même, mais ils ont quand même trouvé le moyen de considérer les spectateurs comme des idiots et de changer quelques expressions argotiques, de peur qu’ils ne comprennent pas. Genre, « capistron » redevenu « capitaine ». Ça témoigne aussi d’une espèce de lissage de la pensée qui est agaçante.

Jim

Ah tiens…je vérifierai ce soir…

Les affiches tchèques et polonaises :

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c’est à l’image du « retravail » de certaines œuvres littéraires …

Ou aussi des dessins animés… Quand j’ai visionné Bambi acheté pour mes petits-enfants, j’ai découvert que Panpan ne parle plus argot : Il a les quilles molles est devenu Il a les jambes en coton et cela ne justifie pas vraiment l’air fâché de la maman lapin.

Donc, je note qu’il faut éviter de visionner avec le nouveau doublage quand on connait la version initiale… ou me forcer à regarder en VO sous-titrée :wink:

ginevra

Oui, quand on connaît bien l’original, ça distrait…^^
Et perso, le replay TCM de Canal à la demande ne propose qu’un seul doublage…

JAWS dans MAD !

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Héhéhéhé

Jim

Chez Disney, redoubler tous les 20 ans (je dis ça au pif), c’est devenu quasiment une institution. Je pense que c’est en partie dû au fait que Lucie Dolène, la voix de Blanche-Neige dans la version des années 60, leur a fait un procès pour toucher des droits sur les sorties VHS, procès qu’elle a gagné.

Donc, aujourd’hui, je pense qu’ils font tout, contractuellement et dans leurs pratiques, pour ne plus jamais dépendre des caprices de ces vilains saltimbanques (insérer ici la signalétique ironique de votre choix).

Mais peut-être que ces pratiques sont intégrées à leur ADN depuis plus longtemps encore.

Récemment, je regardais un documentaire sur le doublage sur Game One, et des gens comme Brigitte « Songoku » Lecordier ou l’équipe de South Park expliquait que de nos jours, les studios en général recherchent activement des voix peu reconnaissables, peu pittoresques. Parce que le concept de stars du doublage genre Patrick Poivey ou Richard Darbois, ça les emmerde, en fait. Depuis la grève des doubleurs des années 1990, ils savent que les gens peuvent s’enticher d’une voix et que ça peut devenir un argument de vente pour le comédien français qui peut négocier ses tarifs à la hausse. Donc, si le public s’habitue à Drone Vocal 254 ou Drone Vocal 7502 (tu sais, celui qui double le mec dans la série policière - celui qui a des chaussures, je crois), sans pouvoir les distinguer, c’est tout bénef pour eux.

Et par contre, faire doubler un dessin animé ou une grosse comédie par un footballeur ou un animateur de radio, même si ça coûte forcément plus cher qu’une vraie pointure du doublage, c’est plus intéressant parce que le gugusse en question est une vedette habituée des plateaux télé, et va pouvoir faire la promo du film chez Drucker ou Tartempion.

Un producteur de DA interviewé dans le docu (c’était peut-être le frère de Delarue, qui est présent dedans), pour cela, incriminait la loi française qui interdit toujours aux films de faire leur promo dans les spots publicitaires. Et quand on y pense, effectivement, cette interdiction me semble dénuée de toute utilité (mais il doit forcément y avoir de bonnes raison à cela…)

Crotte de bique. Ce sont les aléas du monde moderne.

Pour la postérité, voici les images du crime :

Et la fiche du vieux doublage en détail :

Et celle de la version redoublée, qu’on trouve quelques pages plus loin :

SFR 3

Tout ça chez un FAI que je ne citerai pas, mais qui finit par FR et commence par S… Et c’est rare que je puisse m’en déclarer satisfait, puisque c’est plutôt le genre à modifier la composition de ton abonnement dans ton dos d’un jour à l’autre, sans prévenir. (« Tiens, on a la VOD illimitée, maintenant…? Ah ben non, on l’a plus. »)

Et de ces salauds de Français qui s’assoient sur le copyright.

Jim

Ca a le dont de m’agacer au plus haut point.
Prendre des footeux pour faire le travail de personnes dont c’est justement le gagne-pain… ouh, ça me hérisse le poil.

Ah mais ils ont le droit de s’amuser eux aussi … attends … parce que c’est un vrai travail ?

Ou un chanteur, aussi (quand on fait la promo de la VF de One Punch-Man en te disant que c’est Orelsan qui double le personnage principal… je suis bien content de privilégier les VO !)… Pour les acteurs, c’est un peu différent : ils sont en général déjà habitués à se doubler eux-mêmes… Mais ça n’empêche que ce n’est pas leur boulot.

Mieux : prendre des youtubers pour faire le doublage : ils assurent eux-même la promo via leurs vidéos !

Tori.

Bonnes je ne sais pas mais il y a une raison.

Reliquat moyenâgeux pour certains, la réglementation de l’audiovisuel date de 1986, et le décret portant sur la publicité de 1992. Celui-ci interdit, entre autres choses, toute réclame faisant à la télé la promo d’un film sortant en salles. Le but ? Préserver le cinéma français des mastodontes hollywoodiens, dont les budgets marketing excèdent largement ceux de nos productions.

l’article : https://www.telerama.fr/cinema/pourquoi-lautorisation-de-la-pub-a-la-television-pour-le-cinema-divise-t-elle-autant,n6161337.php

Petite photo de tournage (y a un côté impressionnant quand même) :

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P’tain, ils l ont bien apprivoisé quand même.

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« Bruce ? Susucre ! »

Jim