Comédie/action
Long métrage américain
Réalisé par Kinka Usher
Scénarisé par Neil Cuthbert d’après les personnages créés par Bob Burden
Avec Ben Stiller, William H. Macy, Hank Azaria, Geoffrey Rush, Greg Kinnear, Janeane Garofalo, Paul Reubens, Claire Forlani, Tom Waits…
Année de production : 1999
Branche cinéma de l’éditeur au cheval sombre, Dark Horse Entertainment fut l’une des sociétés de production les plus prolifiques des années 90 en ce qui concerne les adaptations de comic-books à destination du petit et du grand écran. Mais si le bilan du studio chapeauté par Mike Richardson avait bien commencé avec les succès de The Mask avec Jim Carrey et Timecop avec Jean-Claude Van Damme (déclinés ensuite en série TV, animation pour le premier et prise de vues réelles pour le deuxième), les flops se sont ensuite enchaînés avec les versions cinématographiques de Barb Wire, Virus et Mystery Men.
Ces « Hommes Mystères » sont des personnages obscurs, créés par Bob Burden pour sa série Flaming Carrot période Renegade Press (Dark Horse a ensuite publié le titre à partir de 1988). Je ne connais pas du tout les bandes dessinées de Burden mais l’univers me semble bien barré, son héros principal étant un homme devenu une carotte géante qui combat le crime après avoir eu le cerveau cramé suite à un pari qui consistait en la lecture de 5000 comics d’affilée. Les Mystery Men font partie de la distribution secondaire du titre et seulement quelques uns d’entre eux (comme La Pelle et Mr Furieux) ont été repris pour le film, avec quelques modifications.
Les Mystery Men sont des super-héros de la classe ouvrière, par opposition au puissant et arrogant champion de Champion City, le capitaine Admirable (créé spécialement pour le long métrage pour remplacer la…bizarre carotte enflammée). Le trio composé de la Pelle, Mr Furieux et le Fakir Bleu (amusante dynamique d’équipe entre Ben Stiller, William H. Macy et Hank Azaria) est motivé pour faire le bien…mais leur manque de pouvoirs ne leur facilite pas les choses. La Pelle a un très bon coup de pelle, le Fakir Bleu lance des couverts et Mr Furieux s’appelle ainsi parce que sa rage augmente sa force et son agilité…c’est ce qu’il prétend, en tout cas…mais quand Admirable entre en scène, les justiciers prolos sont vite ridiculisés…
Incarné par Greg Kinnear, le capitaine Admirable est un pastiche de Superman qui partage aussi des points communs avec Booster Gold avec sa nature de super-héros sponsorisé. Parce qu’il a trop bien fait son boulot, le crime est devenu obsolète et il commence à perdre ses sponsors. Admirable prend alors la décision d’aider à la libération de son ennemi juré, le vilain Casanova Frankenstein (campé par un Geoffrey Rush qui cabotine avec entrain), afin de s’offrir un grand combat. Mais son plan se retourne contre lui. Casanova emprisonne Admirable et menace de déchaîner son Psycho-frakulator (une machine qui déforme la réalité) sur Champion City. Face à lui, il n’y a plus que les Mystery Men qui vont devoir recruter pour gonfler leurs rangs…
Mystery Men est basé sur un concept savoureux qui n’atteint pourtant jamais son plein potentiel malgré de bonnes idées et une excellente distribution. L’esthétique héritée des Batman de Joel Schumacher fonctionne très bien ici, le kitsch et le mauvais goût faisant partie intégrante de la représentation de Champion City et de ses absurdes gangs de criminels, et cette bande de bras cassés est assez attachante grâce à la caractérisation et l’interprétation. Mais le rythme n’est pas très bien maîtrisé et les gags sont inégaux, alternant le fun (la démonstration des pouvoirs de Invisible Boy, les aphorismes du Sphinx…) et le gênant (notamment personnifié par le Spleen joué par Paul Reubens…je crois que j’ai passé l’âge des blagues de pets).
La production fut assez chaotique (en laissant une grande part d’improvisation à ses têtes d’affiche), à un tel point que le réalisateur Kinka Usher n’a plus dirigé d’autres films, préférant retourner vers le monde de la publicité. Sorti à l’été 1999, le même week-end que Sixième Sens de M. Night Shyamalan, Mystery Men fut un échec (avec seulement 33,5 millions récoltés pour un budget de 68 millions) avant d’acquérir un petit statut culte avec les années.