SUGARLAND EXPRESS (Steven Spielberg)

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REALISATEUR

Steven Spielberg

SCENARISTES

Steven Spielberg, Hal Barwood et Matthew Robbins

DISTRIBUTION

Goldie Hawn, William Atherton, Michael Sacks, Ben Johnson…

INFOS

Long métrage américain
Genre : comédie dramatique
Titre original : The Sugarland Express
Année de production : 1974

Après son excellent Duel, Steven Spielberg a continué un temps de travailler pour la télévision (les téléfilms La Chose et Chantage à Washington) tout en cherchant un sujet pour son premier véritable long métrage (Firelight est un film amateur en partie perdu, tourné alors qu’il avait à peine 18 ans et qui n’a été projeté qu’une seule fois dans une salle de cinéma…et Duel est une production TV exploitée sur les écrans hors des Etats-Unis). La Universal le presse de travailler sur des projets vendeurs, comme un film avec Burt Reynolds, mais Spielberg préfère s’investir sur un projet personnel, qu’il a lui-même co-écrit. Inspiré par un fait divers qui a eu lieu au Texas en 1969, Sugarland Express est d’abord refusé…avant d’être accepté quelques mois plus tard lorsque les producteurs Richard D. Zanuck et David Brown intègrent le studio en formant leur propre structure.

Avec les scénaristes Hal Barwood et Matthew Robbins (Le Dragon du Lac de Feu), Steven Spielberg a pris des libertés avec les événements réels (même si le déroulé des faits reste en grande partie identique) pour développer une tragicomédie autour d’une famille brisée, un des thèmes importants de son cinéma. Goldie Hawn, qui venait de remporter un Oscar pour la comédie Fleur de Cactus, interprète le rôle principal, Lou Jean Poplin, une jeune femme irresponsable qui décide de faire évader son mari Clovis (William Atherton, vu ensuite dans S.O.S. Fantômes et Piège de Cristal) du centre de détention dans lequel il est enfermé pour encore quatre mois. Désespérée, elle n’a qu’un but : traverser le Texas pour récupérer leur bébé que les services sociaux ont placé dans une famille d’accueil.

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Clovis est d’abord réticent mais il ne peut rien face à la détermination de Lou Jean. Une situation qui illustre dès les premières minutes les différents changements de ton du récit : l’« évasion », d’une facilité déconcertante, est filmée de façon légère, amusante…mais la péripétie qui suit est intense et met déjà les protagonistes en danger à cause de décisions prises sans réfléchir, dans le feu de l’action. Une intéressante manière de caractériser Lou Jean et Clovis qui se posent d’emblée en « adultes-enfants » naïfs et inconscients qui ne peuvent plus revenir en arrière. Le duo va vite devenir un trio, car le couple kidnappe un policier (Michael Sacks, qui venait d’incarner Billy Pilgrim dans le Abattoir 5 de George Roy Hill) pour qu’il les conduisent à Sugarland, Texas, où se trouve leur petit garçon…

La dynamique qui s’installe alors donne au film sa force. La relation entre le couple et leur otage est bien écrite et se construit au fil des kilomètres, dans l’espace confiné de la voiture. Des paumés immatures et attachants et un homme intègre qui se rendent compte qu’ils auraient pu être amis dans une autre vie (pas de syndrome de Stockhom ici, c’est plus subtil et bien amené). L’interprétation est de qualité, le quatuor vedette étant complété par le fordien Ben Johnson, vu dans d’innombrables westerns et qui personnifie ici la figure d’autorité à la poursuite des Poplin.

Une traque s’engage, une « poursuite au ralenti » qui attire les journalistes, les curieux et aussi les abrutis à la gâchette facile. Cette longue procession participe au côté amusant, divertissant de l’histoire, un véritable cirque qui pose aussi un certain regard critique sur la société et la place qu’y occupent Lou Jean et Clovis. Mais même si les sourires ne manquent pas tout au long de cette aventure, il y a aussi ces moments où le pessimisme, la noirceur reprennent le dessus, telle la symbolique fataliste du cartoon vu au drive-in, le seul soir de repos que s’accordent les amoureux.

Superbement réalisé (mouvements fluides, très belles idées de mise en scène et de découpage…) et photographié (c’était la première collaboration de Spielberg avec Vilmos Zsigmond, avant Rencontres du troisième type), Sugarland Express (qui marquait aussi la rencontre du réalisateur avec John Williams) bascule totalement dans la tragédie pour son dernier acte, brutal et désenchanté. Une fin que Spielberg aurait envisagé de retourner, abattu par l’échec du film…ce qu’il n’a pas fait, heureusement. Globalement bien reçu par la critique, lauréat du Prix du Scénario à Cannes, Sugarland Express passa hélas relativement inaperçu à sa sortie. Steven Spieberg était alors en pleine préparation du tournage de son projet suivant…Les Dents de la Mer. And the rest is history, comme disent les américains…

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Je crois bien que c’est Scorsese (lors du documentaire récent sur Spielberg, celui diffusé sur HBO, au moment de s’attarder sur Sugarland Express) qui admet qu’il lui arrive fréquemment de couper le son quand un des films de son confrère/ami passe à la tv, pour apprécier d’autant plus son talent de storyteller.

Jamais vu ce film. Il était ressorti un été au ciné dans les années 80 quand Spielberg était devenu un cinéaste populaire reconnu (mais pas encore par l’intelligentsia).

Je l’ai vu à la télé, au moins une fois, à la fin des années 1980, je dirais. Ou un peu plus tard, mais il me semble que j’en discutais avec un pote de lycée, ce qui mènerait le truc vers 1987 ou 1988.

Jim