REALISATEURS
Ted Berman & Richard Rich
SCENARISTES
Ted Berman, Richard Rich, John Musker, Ron Clements…(et j’arrêt là puisque pas moins de 17 scénaristes de la maison Disney ont contribué à l’histoire)…d’après le roman de Lloyd Alexander
VOIX V.O.
Grant Bardsley, Freddie Jones, Susan Sheridan, Nigel Hawthorne, John Hurt…
INFOS
Long métrage américain
Genre : animation/aventures/fantastique
Titre original : The Black Cauldron
Année de production : 1985
Suite à la mort de Walt Disney, la branche animation du célèbre studio connut ce qui est communément appelé un « âge sombre », marqué par de nombreux bouleversements et réorganisations au sein des équipes de direction et des créateurs et par des projets qui ne suscitèrent pas tous le même engouement que ceux supervisés par Walt Disney. Parmi les longs métrages sortis durant cette période (qui couvre les années 70 jusqu’à la deuxième moitié des années 80), la plupart furent approuvés du vivant de Walt, comme Les Aristochats, Robin des Bois et Les Aventures de Winnie l’Ourson, et ils furent tous quasiment couronnés de succès, même si les critiques ne furent pas toujours unanimes (et ne parlons même pas des films en prise de vue réelles, comme Le Trou Noir, qui se soldèrent souvent par de sévères bides au box-office).
Le seul film qui connut à la fois un échec commercial et critique fut l’épopée de dark fantasy The Black Cauldron, connue chez nous sous le titre Taram et le Chaudron Magique, qui suit le jeune Taram (Taran en V.O.), un apprenti rêvant de chevalerie, et ses compagnons dans leur quête pour retrouver un chaudron doté de puissants pouvoirs avant le Seigneur des Ténèbres, qui compte bien s’en servir pour conquérir le monde. Un sujet et un genre qui ne déplacèrent pas les foules…Taram et le Chaudron Magique ne rentabilisa pas ses frais de production et fut même battu…par le film des Bisounours !
The Black Cauldron est l’adaptation d’une série de romans de l’écrivain américain Lloyd Alexander intitulée Les Chroniques de Prydain. Les droits furent acquis au début des années 70 et pendant plus de dix ans de développement chaotique, une quinzaine de scénaristes se succédèrent sur la tâche impossible de transposer une saga entière en un film d’animation de 80 mn. De nombreux changements furent donc apportés à l’histoire originale par Joe Hale, l’un des derniers auteurs maisons à travailler sur le scénario, avec le but avoué de respecter l’essence des livres plutôt que d’en suivre littéralement la trame.
LLoyd Alexander a lui même avoué par la suite qu’il n’avait pas du tout reconnu son oeuvre, ce qui ne l’a pas empêché d’apprécier le résultat final.
Taram et le Chaudron Magique marquait une rupture par rapport aux Disney précédents, principalement par un ton plus sombre et une totale absence d’intermèdes musicaux. Visuellement, le film de Ted Berman et Richard Rich (les réalisateurs de Rox et Rouky) demeure une réussite : le design des personnages est soigné (surtout les vilains de l’histoire, le Seigneur des Ténèbres et ses larbins, dont le savoureux Crapaud), les décors sont magnifiques (aussi luxuriants que menaçants dans les moments appropriés) et l’animation ne manque ni de personnalité ni de charme.
Mais les nombreuses réécritures du scénario ont tout de même rendu l’ensemble assez bancal : reculant devant l’atmosphère imposée par le récit (et les idées de jeunes animateurs comme Tim Burton), les auteurs ont un peu trop « disneyifié » The Black Cauldron pour son propre bien, les mignons animaux parlants s’accordant par exemple difficilement avec la dark fantasy. Le déroulement est également un peu trop laborieux, avec une quête plombée par de grosses chutes de rythme.
Chose inédite à l’époque, le montage de Taram et Le Chaudron Magique fut même délesté d’une dizaine de minutes par le nouveau président de Disney, Jeffrey Katzenberg, pour en réduire les aspects horrifiques après une catastrophique séance-test.
Beaucoup de défauts, mais dans l’ensemble, Taram et le Chaudron Magique n’est pas un mauvais film…juste un Disney moyen qui rate le coche malgré quelques séquences réussies qui démontrent que le potentiel était bien là…