1941-2021 : BON ANNIVERSAIRE WONDER WOMAN !

Les multiples mésaventures de Steve Trevor, deuxième partie :

Tout à sa reprise de la série, qu’il envisage comme un effacement pur et simple de la période précédente (là où la rédaction cherchait sans doute simplement à mettre un terme à l’expérience et à redonner un costume et des pouvoirs à sa principale héroïne), Robert Kanigher remet en avant les éléments liés à William Moulton Marston (les aventures sur l’île, les conflits entre Amazones, les idées SF frappadingues, et même la mention du créateur en lieu et place du scénariste). C’est assez ironique qu’il se replie derrière les inventions de Moulton, lui qui a réduit la femme forte envisagée par son créateur à une ménagère en manque de mariage dans les années 1950.

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Wonder Woman #208 est l’occasion de deux apparitions de Steve Trevor. La première se déroule vers la fin de « The Titanic Trials », une succession d’épreuves dans la pure tradition des récits moultoniens où s’affrontent des femmes à pouvoir, sur un terrain tout autant physique que symbolique. À la fin de l’épisode, Steve arbore un sourire ravi, sur le siège passager de l’avion invisible.

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L’intrigue de la seconde histoire de Wonder Woman #208, intitulée « Chessmen of Death » (dont les illustrateurs ne sont pas crédités : on reconnaît l’encrage de Vince Colletta, mais les dessins sont-ils dus aussi à Ric Estrada, comme le récit précédent ?), voit deux entités colossales s’affronter sur un jeu d’échec géant dont Diana et Steve Trevor sont les pions.

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Un lecteur conciliant pourra toujours estimer qu’il s’agit là de récits hors continuité, ou situer dans le passé, forme d’hommage masqué à la période Moulton. Néanmoins, le scénariste ne s’encombre pas de remarques du genre. Ou bien tout cela n’est-il qu’un rêve, comme pourrait le suggérer une réplique de Steve Trevor à la fin de « The Titanic Trials » ?

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Il est temps, cependant, pour la rédaction de ranger les jouets. C’est ce à quoi s’attellent Len Wein, Curt Swan et Tex Blaisdell, sous la direction de Julius Schwartz, dans Wonder Woman #212, premier chapitre des fameux « Douze Travaux ». Suite à une intervention, Superman comprend que son équipière a recouvré ses pouvoirs. Mais quand il lui en parle, elle s’étonne : elle ne garde aucun souvenir de cette période « powerless ».

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Désireuse de renouer avec ses souvenirs et avec le sort de Steve, elle se rue sur l’Île du Paradis et échange vivement avec sa mère, qui lui apprend la triste vérité : Trevor est mort. Quant au Steve qui hantait les épisodes de Kanigher et Estrada, il s’agissait d’une manifestation de ses souvenirs (une manifestation bien solide puisque ce « fantôme » peut donner des coups de poing, mais n’épiloguons pas…). Bon, explications données. Voilà une bonne chose de faite, la confirmation d’un drame fondateur et la résolution d’un problème de continuité.

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Enfin, pas tout à fait. On se doute bien que Steve ne pouvait pas rester absent trop longtemps d’une série dont il est l’un des premiers, et plus importants, personnages. La suite de ses péripéties arrive donc dans Wonder Woman #223.

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Sous une couverture d’Ernie Chua, cet épisode, daté de mai 1976, fait immédiatement suite aux « Douze Travaux ». Bizarrement, il aurait pu figurer dans le TPB, puisqu’il y fait référence et propose une intrigue bâtie sur le même modèle.

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Revenant sur l’Île du Paradis, Diana découvre que l’endroit est l’objet d’une invasion… d’hommes ! Craignant que la malédiction annonçant la fin des Amazones ne s’accomplissent, l’héroïne se lance à l’attaque, affrontant les assaillants. Dans le même temps, elle voit que ses sœurs Amazones, et jusqu’à la Reine sa mère, tombent en poussière. Ce n’est qu’après un raisonnement qu’elle comprend que ce n’est qu’une mascarade. Repoussant ses adversaires, elle capture et démasque le dernier d’entre eux encore debout. Et elle reconnaît… le visage de Steve Trevor.
(Remarquons que l’épisode est constitué de dix-huit pages. La seizième est composée de telle manière qu’on dirait une fin d’épisode avec cliffhanger : il est fort possible que Pasko ait prévu des développements moins abrupts - et peut-être entièrement différents - et que la seconde partie de son récit ait été réduit à deux dernières planches de conclusion… Bazar éditorial, hmm ?)

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En fait, ulcérée à l’idée que sa fille doive passer des épreuves avant de réintégrer la Ligue, Hippolyte estime que Wonder Woman ne doit être jugée que par ses paires. Et de monter une fausse invasion afin de voir si Diana a bien recouvré ses aptitudes et son intelligence. Pourquoi donner l’apparence de Steve Trevor a la créature artificielle qu’elle a mise à la tête des envahisseurs ? La Reine n’a-t-elle pas deviné que l’amour de sa fille pour le militaire se réveillerait ? N’a-t-elle pas envisagé qu’elle lui demanderait de le conserver en vie ? N’est-ce pas un peu sadique de la part de la souveraine ?

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Toujours est-il qu’elle accède à la requête de Diana et accorde la vie à ce simulacre, qui de plus aura le droit de mettre le pied sur l’île sans déclencher la malédiction (mais bon, ce Steve n’est pas un homme véritable, semble-t-on comprendre, même s’il est suggéré qu’il s’agit du vrai, ramené à la vie). Steve Trevor est donc de retour dans la série, avec une Wonder Woman dont les souvenirs ont été restaurés. En gros, le statu quo est comme avant.

Tout cela va-t-il durer ?

Jim

Les multiples mésaventures de Steve Trevor, première partie
Les multiples mésaventures de Steve Trevor, deuxième partie
Les multiples mésaventures de Steve Trevor, troisième partie
Les multiples mésaventures de Steve Trevor, quatrième partie
Les multiples mésaventures de Steve Trevor, cinquième partie

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