REALISATEUR
Steven Spielberg
SCENARISTES
Robert Zemeckis et Bob Gale, d’après une histoire de Robert Zemeckis, Bob Gale et John Milius
DISTRIBUTION
John Belushi, Dan Aykroyd, Tim Matheson, Nancy Allen, Robert Stack, Ned Beatty, Lorraine Gary, Toshiro Mifune, Christopher Lee, Treat Williams, Warren Oates, John Candy, Murray Hamilton…
INFOS
Long métrage américain
Genre : comédie/guerre
Année de production : 1979
À la fin des années 70, tout réussissait à Steven Spielberg. Après des débuts remarqués à la télévision (avec comme point culminant, le succès international du téléfilm Duel exploité au cinéma dans certains pays), Spielberg a réalisé son premier long métrage alors qu’il n’avait pas encore 30 ans avec le petit budget Sugarland Express avant de lancer l’ère des blockbusters avec Les Dents de la Mer. Sorti en 1977, Rencontres du troisième type fut également un énorme succès. Le nouveau golden boy d’Hollywood a ensuite voulu surprendre en choisissant comme sujet de son nouveau film une comédie, une parodie de films de guerre inspirée par des événements réels et imaginée par les futurs auteurs de la trilogie Retour vers le Futur et le réalisateur de Conan le Barbare.
Mais ce récit d’une panique qui s’empare de Los Angeles après l’attaque japonaise contre Pearl Harbor n’a pas trouvé son public. On a souvent parlé de 1941 comme d’un échec financier, ce qui n’est pas vraiment le cas (un peu moins de 100 millions de dollars de recettes pour un budget de 35 millions, ce n’est pas déshonorant à une époque où les coûts marketing n’avaient pas encore atteint les sommets que l’on connaît maintenant), mais ces chiffres sont bien évidemment loin de ceux des deux précédents opus de Spielberg. 1941 a déçu, la critique n’a pas été tendre et surtout beaucoup (même parmi les proches du metteur en scène) se sont demandés si Spielberg pouvait être drôle.
Après avoir vu 1941, Stanley Kubrick a dit à Spielberg que son film était « très bien…mais pas drôle »…en ajoutant qu’il aurait du être vendu comme un drame et pas une comédie. Et oui, 1941 n’est pas très drôle, ce qui est dommageable pour une comédie. L’histoire (avec son enchaînement de quiproquos et de situations cartoonesques) est délirante, l’enthousiasme des comédiens est communicatif, il y a quelques prestations savoureuses et des scènes démentes…mais je n’ai jamais ri aux éclats. J’ai rigolé à certains moments, j’ai souvent souri (et j’ai aussi trouvé certains gags désolants et un peu trop faciles…Spielberg n’est vraiment pas fait pour l’humour en dessous de la ceinture), mais je ne me suis jamais esclaffé, ce qui fait qu’il manque indéniablement quelque chose lorsqu’arrive le mot « fin ».
Mais est-ce que 1941 est pour autant un mauvais film ? Certainement pas. La réalisation est excellente, la direction artistique est brillante et l’ensemble ne manque pas de morceaux de bravoure. La scène du concours de jitterbug qui se transforme en bagarre générale est un de mes moments préférés, un pur moment d’énergie débridée qui éclate dans tous les coins de l’écran. Aussi inégal qu’il soit, 1941 est traversé par ces fulgurances jubilatoires.
Et quelle distribution ! On retrouve notamment les Blues Brothers John Belushi (en pilote sacrément excentrique) et Dan Aykroyd, Toshiro Mifune (Rashômon) dans un de ses rares films américains, Christopher Lee en officier nazi, Robert Stack (Les Incorruptibles) parfait en officier qui verse une petite larme devant Dumbo, le dur-à-cuire Warren Oates (La Horde Sauvage) en colonel à côté de la plaque, Lorraine Gary et Murray Hamilton des Dents de la Mer, John Candy dans un de ses premiers rôles au cinéma et des cameos de John Landis et Samuel Fuller ! Spielberg s’amuse aussi à glisser des références à ses propres films avec les présences de Susan Backlinie, la première victime des Dents de la Mer, et de Lucille Benson, la propriétaire de la « ferme aux serpents » de Duel.
Il y a donc de bonnes choses dans l’imparfait 1941, qui se conclut sur un chouette gag visuel…mais mes zygomatiques sont hélas restés le plus souvent au repos. Quant à Steven Spielberg, il a vite retrouvé le succès avec le carton des Aventuriers de l’Arche Perdue en 1981.