PUNISHER (Vol.7) #55-60 : VALLEY FORGE, VALLEY FORGE
De mai 2008 (d’après la couverture) à octobre 2008 (toujours d’après la couverture), sortent les 6 derniers épisodes du Punisher signés de Garth Ennis pour le label Max. L’occasion pour l’auteur irlandais, non pas de ranger ses jouets, mais de faire un dernier nettoyage.
Vous souvenez-vous des grands pontes de l’armée, affilié au gouvernement, qui ont envoyé Castle en Russie, sous la houlette de Nick Fury ? Eux s’en souviennent bien, et aussi de la vidéo que Rawlins avait enregistrée et que détient le vigilante. Situation intenable pour eux et la suite de leur carrière, si bien que ces 8 membres de l’Etat-Major américain décident de filer le boulot à des soldats américains (puisque Barracuda n’a pas réussi), les meilleurs d’une unité Delta, se doutant que la ligne de conduite de Castle l’empêchera de leur tirer dessus. Et qui de mieux que l’équipe du colonel Howe, celui qui aurait pu être le beau-père du militaire mort en Sibérie avec Castle, et donc volontaire pour cette opération secrète qui se doit d’être discrète ?
Cependant, le Punisher s’avère être un adversaire redoutable, et au un jeu de chat et de souris, il gagne la première partie, même quand l’unité Delta arrive par surprise à son repaire. Cependant, en cherchant à leur dévoiler ce que sont leurs chefs, notamment avec les documents que lui a donné Fury, il s’est mis à découvert et a fini par se faire attraper. Mais le colonel Howe flaire quelque chose, et demande donc au Punisher de lui faire confiance, de militaire à militaire, et de lui indiquer où est caché la vidéo.
Après l’avoir visionnée, Howe demande à ses hommes de partir, avec le garde-chiourme que leur avait imposé les généraux, et reste seul avec le Punisher menotté à une chaise et un 45 chargé de 8 balles. Après un échange où il lui indique qu’il aurait voulu un procès pour lui et qu’il ne dévoilera rien de la vidéo pour le bien du pays, Howe sort de l’immeuble, dit aux 8 généraux qui sont venus pour tuer Castle qu’il abandonne l’opération et s’en va.
De l’immeuble, ne sortira vivant que le Punisher… car ce que ne savaient pas généraux, c’est qu’au Vietnam, Howe a été libéré des Vietcong par Castle, même si ce dernier ne s’en souvenait pas…
En parallèle de l’intrigue, il y a aussi des morceaux d’un livre fictif écrit par le frère d’un militaire de Valley Forge, celui qui était le plus « proche » du Punisher, et qui était aussi le conteur dans Born, complété par des entretiens. Un livre en hommage à tous ceux qui ont souffert du Vietnam, mais qui parle aussi du Punisher en revenant sur sa genèse. A travers ce faux bouquin, l’objectif d’Ennis est d’évoquer les manipulations politiques dans les guerres (et très fortement pour celle du Vietnam), complété par l’intrigue principale qui montre des généraux qui commande mais qui n’ont jamais guerroyé, plus concernés par leur avenir personnel que par celui du pays (a contrario du colonel Howe), et aussi par la présence d’un Fury en roue libre et très amer vis-à-vis de ceux qui le commandent et nous gouvernent au point de les dénoncer (faut dire que l’auteur les rend particulièrement détestables). D’une certaine manière, lui et Howe (l’âme de l’Amérique ?) ont signé leur arrêt de mort, et se sont servis du Punisher comme d’une arme.
Avec ce dernier arc, on voit qu’Ennis a construit sa série sur 60 épisodes, un peu comme il a pu faire sur ses séries précédentes chez DC, mais sans qu’on s’en rende compte de prime abord, et sans qu’il soit nécessaire de tout suivre pour pouvoir lire chaque histoire de manière indépendante. Chaque pièce s’imbrique parfaitement, rien n’est laissé au hasard (ou au Deus Ex Machina) et malgré des allers-retours dans la construction du scénario de ces 6 épisodes, c’est extrêmement clair et fluide.
Cette fluidité, on l’a doit aussi aux différents dessinateurs qui l’ont accompagné et ici, c’est Gioran Parlov qui gère le dessin et l’encrage. Je trouve qu’il arrive à faire des gueules et des expressions… ça marche d’entrée, et c’est très efficace. J’ai l’impression qui s’est appuyé sur Morgan Freeman pour les traits du colonel Howe, mais aussi dans l’attitude. Son Fury fait lassé, usé, amer … un vieux lion grincheux qui mord encore et qui ne se laissera pas faire.
L’histoire n’amène finalement qu’assez peu de mouvements, de bagarre et de tuerie, et pourtant, le dessin semble dynamique. Pas d’ennui à la lecture, alors que les interruptions liées aux passages du bouquin auraient pu casser le rythme.
Une fin de prestation au cordeau !