Science-fiction/horreur
Long métrage américain
Réalisé par David Fincher
Scénarisé par David Giler, Walter Hill et Larry Ferguson, d’après une histoire de Vincent Ward
Avec Sigourney Weaver, Charles Dance, Charles S. Dutton, Ralph Brown, Lance Henriksen…
Année de production : 1992
« J’ai travaillé sur « Alien 3 » pendant deux ans, j’ai été viré trois fois et j’ai du me battre pour chaque décision. Personne ne l’a détesté plus que moi et à ce jour, personne ne le déteste plus que moi ». Comme le rappelle cet extrait d’interview, David Fincher n’a franchement pas gardé un très bon souvenir du tournage de son premier long métrage en tant que réalisateur. La franchise n’était pas étrangère aux problèmes de production (voir les difficultés rencontrées par James Cameron sur les plateaux d’Aliens, le Retour) mais le développement de cinq ans entre les chapitres 2 et 3 des aventures d’Ellen Ripley ne fut certes pas un long fleuve tranquille.
Les producteurs Gordon Carroll, David Giler et Walter Hill voulaient aller dans une nouvelle direction et explorer cette fois-ci les rouages de la corporation Weyland-Yutani, déterminée depuis le premier opus à se servir des aliens comme arme biologique. Le trio de Brandywine Productions a eu l’idée d’une histoire racontée en deux longs métrages, que la FOX comptait tourner à la suite afin de réduire les coûts. Le romancier William Gibson a été appelé pour écrire le scénario, dont la première partie donnait la vedette à Hicks, Newt et Bishop (comme Sigourney Weaver n’était pas encore certaine de reprendre le rôle, il était expliqué que Ripley était dans le coma suite à un incendie déclenché par les aliens sur le vaisseau Sulaco). Sauvés et recueillis sur une base spatiale, les héros y découvraient que les scientifiques de Weyland-Yutani ont réussi à créer une armée de xénomorphes. Peu convaincus, les producteurs ont demandé des réécritures mais Gibson a préféré quitter le projet qui devait alors être mis en scène par Renny Harlin (Le Cauchemar de Freddy).
Eric Red (Aux Frontières de l’Aube) et David Twohy (Pitch Black) ont ensuite signé des scénarios sans plus de succès (seul un élément de Twohy, une planète-prison, a été retenu dans la version finale). Le néo-zélandais Vincent Ward (Le Navigateur : Une Odyssée Médiévale) est ensuite venu avec son concept d’un « satellite monastère » basé sur une planète au design archaïque dominé par le bois. Là, des moines luddites assistent au crash du vaisseau de Ripley et prennent l’Alien pour le Diable venu les punir. La présence d’une femme amène également une tension sexuelle qui fait que Ripley se retrouve enfermée, ses avertissements sur la créature étant ignorés. Sigourney Weaver a trouvé l’idée très intéressante et a accepté de reprendre le rôle à la seule condition que Ripley se sacrifie à la fin pour éliminer l’alien.
Mais encore une fois, la réaction des équipes de production fut mitigée, un exécutif de la FOX jugeant même que le script faisait plus « film d’auteur prétentieux que commercial ». Parce qu’il ne voulait pas que sa planète naturelle soit remplacée par d’énièmes décors métalliques, Vincent Ward a préféré claquer la porte. Walter Hill et David Giler ont alors repris le contrôle du scénario (avec Larry Ferguson en script-doctor), en gardant la structure et en remplaçant les moines par un groupe de 25 prisonniers devenus les gardiens d’un ancien pénitencier minier dont ils entretiennent le haut-fourneau. Ces détenus se sont créés leur propre système de croyance, gardant ainsi une partie de l’aspect religieux voulu par Ward…
Réalisateur de clips et de publicités, David Fincher a été engagé pour réaliser Alien 3. Le scénario n’était pas encore finalisé, des scènes étant régulièrement réécrites pendant le tournage. La production fut chaotique, le jeune réalisateur devant subir continuellement les interférences du studio jusqu’à l’étape du montage qui lui a totalement échappé. Malgré tous ces problèmes, Alien 3 n’est pas un mauvais film pour autant. L’histoire débute par les morts de Hicks et Newt (décision diversement appréciée…James Cameron et Michael Biehn ont détesté) suite à un incendie déclenché par un facehugger. Seule Ripley survit à l’atterrissage sur Fiorina 161, une planète-prison. Soignée par Clemens (très bon Charles Dance), le docteur de la colonie minière pénitentiaire, Ripley n’est pas vraiment la bienvenue au milieu de ces criminels pour lesquels elle représente la tentation (belle galerie de tronches, de Charles S. Dutton à Pete Postlehwaite, en passant par Paul McGann et Holt McCannally).
Après les nombreux aliens du II, la menace repasse ici à une seule créature (oui, il y en a une autre mais elle attend la dernière très belle scène pour se manifester). David Fincher voulait que le xénomorphe soit plus animal, avec des mouvements ressemblant à ceux d’un puma (ici, c’est un chien qui « donne naissance » à l’alien). Pour les plans rapprochés, le monstre reste personnifié par un humain en costume (Tom Woodruff Jr de la société Amalgamated Dynamics et formé par le regretté Stan Winston) et pour les plans d’ensemble dans les scènes d’action une marionnette animée et intégrée à l’écran par trucages optiques. Effets qui donnent beaucoup de dynamisme aux mouvements de l’alien même s’ils ne sont pas toujours visuellement convaincants. L’extraterrestre est également plus vorace que dans les deux premiers films, pour des éclairs gores assez efficaces…
Si le dernier acte d’Alien 3 repasse au schéma ultra-classique de la lutte pour la survie dans un suspense de couloirs où la mort peut frapper à chaque instant, j’apprécie toujours l’atmosphère de l’ensemble ainsi que la direction artistique. Au niveau des relations entre les personnages aux crânes rasés, la dynamique Ripley/Clemens est finement écrite et interprétée par Sigourney Weaver et Charles Dance et la place qu’occupe l’héroïne parmi ce ramassis de criminels évolue tout au long des rebondissements de l’intrigue. Si la FOX voulait dans les premiers temps une solution alternative, le souhait de Sigourney Weaver a été respecté (final poignant et très bien orchestré) après un face-à-face qui donne un visage familier aux envoyés de Weyland-Yutani.
Et pourtant, l’histoire d’Ellen Ripley n’était pas encore terminée…