Science-fiction/action/horreur
Long métrage américain
Réalisé par Jean-Pierre Jeunet
Scénarisé par Joss Whedon
Avec Sigourney Weaver, Winona Ryder, Ron Perlman, Dominique Pinon, Brad Dourif, Michael Wincott, Gary Dourdan, Dan Hedaya…
Titre original : Alien Resurrection
Année de production : 1997
Si la production entière fut particulièrement compliquée, Alien 3 a récolté à sa sortie 160 millions de dollars de recettes pour un budget d’environ 60 millions, recettes suffisantes pour que la 20th Century Fox décide de ne pas laisser tomber sa franchise malgré l’apparente inéluctabilité du sort de l’héroïne Ripley, qui s’est sacrifiée à la fin du long métrage de David Fincher pour empêcher que la corporation Weyland-Yutani mette la fin sur la reine alien. Des discussions sur une adaptation du concept Alien vs Predator venu des comic-books Dark Horse avaient déjà eu lieu mais ce projet a été repoussé avant d’être concrétisé au début des années 2000.
Le studio voulait un quatrième film. Les producteurs David Giler et Walter Hill n’étaient au départ pas très intéressés, principalement parce qu’ils pensaient que cela allait ruiner la saga, mais ils ont finalement suggéré l’idée du clonage comme base de ce nouvel épisode. Pour le scénario, la FOX a fait appel à Joss Whedon, scénariste ayant débuté dans les sitcoms (Roseanne, Parenthood) avant de devenir un script-doctor réputé (il a travaillé sans être crédité sur Speed, Waterworld ou encore Twister) et de co-écrire Toy Story, l’un des grands succès de l’année 1995. Whedon développait au même moment sa série Buffy contre les vampires qui allait lui permettre d’imposer sa création sur le petit écran après le film raté de 1992.
Le premier traitement de Whedon avait pour personnage principal un clone de Newt, la petite fille d’Aliens, le Retour. Mais si l’histoire leur a plu, le studio a changé d’avis et a demandé à l’auteur de réécrire le tout en faisant revenir Ellen Ripley. D’abord hésitante à l’idée de reprendre un de ses rôles emblématiques, Sigourney Weaver a finalement accepté, citant notamment la scène très forte où Ripley 8 découvre le résultat des expériences ratées des scientifiques qui l’ont ramenée à la vie comme l’une des raisons de son choix…ça et aussi le fait d’avoir été payée 11 millions de dollars, soit l’équivalent du budget de l’Alien de Ridley Scott (sans tenir compte de l’inflation).
Pour la réalisation, des noms comme Danny Boyle, Peter Jackson et Bryan Singer furent envisagés avant que le fauteuil de metteur en scène soit confié au français Jean-Pierre Jeunet (La Cité des Enfants Perdus), au grand étonnement de ce dernier. Après deux collaborations avec son vieux compère Marc Caro, Jeunet signait avec Alien, la Résurrection son premier long métrage en solo et a eu globalement plus de liberté créative que David Fincher même si les différentes fins prévues (certaines se déroulant sur Terre) ont été écartées pour des raisons de budget (et ce n’est pas si mal car la dernière réplique prononcée par Ripley fonctionne très bien).
200 ans après la fin d’Alien 3, des savants ont finalement réussi à créer un clone d’Ellen Ripley, après avoir mis la main sur des échantillons sanguins sur la planète Fiorina 161. La reine alien qui grandissait à l’intérieur de Ripley est récupérée et l’héroïne est maintenue en vie pour être étudiée. L’ADN de Ripley a changé après s’être mélangé avec celui de l’alien pendant le processus de clonage. Sigourney Weaver joue donc Ripley 8, un hybride plus fort, avec de meilleurs réflexes, un sang qui s’apparente à celui des xénomorphes avec lesquels elle partage un lien empathique. L’actrice se régale à incarner cette Ripley différente, animale, mais sans perdre son humanité comme le montre sa réaction dans la salle où sont enfermés les clones grotesques issus des sept premiers essais scientifiques, passage émouvant et très bien interprété.
Des pirates de l’espace ont été engagés par le militaire en charge de l’opération pour livrer une cargaison de corps qui serviront d’hôtes aux aliens. Le but du général Perez et du détestable Dr Wren est de domestiquer les xénomorphes…mais les créatures vont se révéler plus intelligentes que ne le pensaient leurs geôliers. La deuxième moitié du métrage retombe donc dans une construction qui n’échappe pas au déjà-vu mais la dynamique au sein du petit groupe de personnages nourrit des interactions amusantes et des péripéties qui maintiennent l’intérêt jusqu’au final.
En interview, Joss Whedon a déclaré avoir détesté le film. Son scénario est resté en grande partie le même malgré quelques changements (dont la fin), mais il a critiqué le ton, la direction artistique, les acteurs choisis, la musique (Jeunet a plus tard répondu en disant que Whedon était très bon pour faire des films stupides comme Avengers…ambiance). Pour ma part, j’aime beaucoup les designs, l’atmosphère clinique et froide qui se dégage du vaisseau Auriga contrastant avec l’aspect organique lorsque les créatures en prennent le contrôle, la distribution est de qualité (de Winona Ryder à Michael Wincott et Brad Dourif en passant par ces deux sacrées tronches déjà dirigées par Jean-Pierre Jeunet, Ron Perlman et Dominique Pinon), les attaques des aliens sont bien teigneuses et sanglantes et la scène de naissance est très efficace et visuellement accrocheuse.
Joss Whedon avait déjà commencé à travailler sur un potentiel Alien 5 qui se déroulerait sur Terre, mais Sigourney Weaver n’était pas tentée par cette idée. La FOX a préféré orchestrer deux affrontements entre ses grands monstres dans Alien vs Predator et sa suite. Parallèlement, Ridley Scott a exprimé son intérêt de revenir sur la saga Alien au début des années 2000, avec un projet qui est passé par différents stades avant de sortir en 2012 sous le titre Prometheus.