Science-fiction/action/horreur
Long métrage américain/britannique
Réalisé par James Cameron
Scénarisé par James Cameron, d’après une histoire de James Cameron, David Giler et Walter Hill
Avec Sigourney Weaver, Michael Biehn, Paul Reiser, Bill Paxton, Lance Henriksen, Carrie Henn, William Hope, Al Matthews…
Titre original : Aliens
Année de production : 1986
Sept ans se sont écoulés entre les sorties de Alien, Le Huitième Passager et Aliens, le Retour (qui est le premier long métrage de la saga que j’ai vu dans ma prime jeunesse). Et pourtant Gordon Carroll, David Giler et Walter Hill, les associés de la société Brandywine Productions, ont rapidement voulu donner une suite à l’excellent premier volet signé Ridley Scott. Mais le nouveau président de la 20th Century Fox ne croyait pas au potentiel d’un Alien II et les choses ne se sont pas arrangées lorsque Giler et Hill ont attaqué le studio en justice pour réclamer leur part des profits, une affaire réglée début 1983, année de l’arrivée de nouveaux noms à la tête de la FOX, plus réceptifs à l’idée d’un nouvel Alien. Si le projet n’avait pas encore reçu le feu vert officiel, le développement pouvait commencer.
À cette période circulait un scénario intitulé Terminator qu’un exécutif de la FOX a fait parvenir aux gars de Brandywine. Impressionnés, le trio a fait appel à James Cameron, ancien de l’« école Roger Corman » qui n’avait jusque là réalisé qu’un seul film dont il perdit vite le contrôle, Piranha II : Les Tueurs Volants. Cameron a livré un traitement d’une quarantaine de pages basé sur le pitch de Giler et Hill (qui pouvait se résumer en « Ripley et des soldats ») mais la réaction du studio fut mitigée au point de penser à vendre les droits de la suite, ce qui ne s’est finalement pas fait. En 1984, la direction de la FOX a encore changé (c’est ce que ça va vite ces choses là) et Lawrence Gordon (qui connaissait bien Walter Hill puisqu’il a produit Driver, Les Guerriers de la Nuit et 48 Heures) a donné son feu vert à ce qui allait devenir Aliens, s’étonnant même que personne ne s’était montré intéressé avant cela.
Suite au succès de Terminator, James Cameron a donc été officiellement engagé pour écrire et réaliser Aliens, le Retour. Une production qui allait se révéler aussi intense devant comme derrière la caméra. Les exécutifs du studio ont pinaillé sur pas mal de sujets, le budget, le salaire de Sigourney Weaver (qui s’était fait un nom depuis Alien avec des films comme L’Oeil du Témoin, L’Année de tous les Dangers et S.O.S. Fantômes) et c’est à chaque fois Lawrence Gordon qui a eu le rôle du médiateur. Pour que le budget ne dépasse pas les 20 millions de dollars, le tournage s’est déroulé en Angleterre comme pour le premier Alien…mais les relations entre d’un côté James Cameron (considéré comme inexpérimenté…peu de personnes présentes sur le plateau avait vu Terminator) et la productrice Gale Ann Hurd (accusée d’avoir eu son poste juste parce qu’elle était alors l’épouse de Cameron) et de l’autre les équipes britanniques (qui n’avaient pas la même façon de travailler et les mêmes horaires que les techniciens américains) furent particulièrement tumultueuses…
Malgré ces difficultés, James Cameron a signé avec Aliens, le Retour un modèle de suite réussie, proposant une ambiance totalement différente de celle du film de Ridley Scott en ajoutant une bonne dose d’action guerrière au cocktail de science-fiction et d’horreur initié par le concept de Dan O’Bannon et Ronald Shusett. Unique survivante de la destruction du Nostromo, le lieutenant Ellen Ripley est retrouvée dérivant dans l’espace, en biostase dans sa navette de sauvetage. À son réveil (scène excellente où les informations sont insérées dans un passage cauchemardesque pour une entame intense), Ripley découvre que 57 ans ont passé. Son briefing devant les responsables de la compagnie Weyland-Yutani se passe mal et elle apprend que la planète où s’était crashé le vaisseau alien a été colonisée. Ripley se réhabitue mal à une vie normale (sa licence est suspendue et elle doit se contenter d’un job de manutentionnaire) et quelque temps plus tard, elle est contactée par Carter Burke (subtilement détestable grâce à l’interprétation nuancée de Paul Reiser), l’avocat de l’entreprise, qui l’informe que la colonie sur LV-426 ne répond plus. Toujours hantée par ses cauchemars, Ripley accepte d’accompagner une unité de marines en qualité de consultante…
Au début de Aliens, Le Retour, Ripley est donc dans la position d’une personne atteinte de syndrome post-traumatique résolue à affronter ses démons. Dans Alien, le réveil de l’équipage du Nostromo permettait de caractériser de façon succincte et efficace la distribution réduite et l’équivalent de la suite avec le commando est tout aussi bien ficelé. Les interactions disent tout ce qu’il y a à savoir sur la dynamique de ces bidasses qui ont déjà traversé de multiples épreuves ensemble. L’humour est principalement apporté par le regretté Bill Paxton et le scénario met habilement en avant ceux qui auront un rôle important par la suite, comme l’androïde Bishop (impeccable Lance Henriksen); Gorman, le lieutenant novice; la dur-à-cuire Vasquez campée par Jenette Goldstein et le caporal Hicks interprété par Michael Biehn.
Mais au commencement du tournage, c’est un autre acteur qui était dans la peau de Hicks. Le rôle avait été confié à James Remar (l’un des comédiens fétiches de Walter Hill) mais ce dernier a du être expulsé de Grande-Bretagne parce qu’il avait été retrouvé à son hôtel avec une grande quantité de drogue. James Cameron a donc appelé en urgence Michael Biehn, alias Kyle Reese dans Terminator, pour le remplacer. À l’écran, il reste juste quelques plans qui attestent de la présence de Remar quand Hicks est vu de dos. Ce changement a aussi occasionné quelques réécritures, montrant un rapprochement entre Hicks et Ripley…
Le déroulement ne souffre d’aucun temps mort, entre la découverte de ce qui reste de la colonie; la rencontre avec la seule survivante (Newt, une petite fille avec laquelle Ripley va nouer des liens très forts); les nerveuses péripéties (Cameron se débarrasse d’une bonne partie des marines au cours d’un premier assaut destructeur) et la course contre la montre pour la survie avant que la planète explose. Le suspense est mené de main de maître et la présence de nombreux xénomorphes donne lieu à des percutants morceaux d’action. James Cameron monte les enjeux d’un cran avec la révélation de la gigantesque reine, superbe création de Stan Winston et de ses équipes, pour un spectaculaire final en deux temps où s’affrontent deux mères (thème de la maternité qui devait être renforcé au début du métrage dans un passage où Ripley apprend le décès de sa fille biologique, coupé pour des raisons de rythme avant d’être réintégré dans la version longue).
Après le bruit et la fureur, le calme revient dans une dernière scène qui fait écho à celle du premier Alien…sauf que Ripley n’a plus son chat Jonesy comme unique compagnon de route. Ripley s’endort à nouveau…et son réveil ne sera pas de tout repos…