DAGON (Stuart Gordon)

Horreur
Long métrage espagnol
Réalisé par Stuart Gordon
Scénarisé par Dennis Paoli, d’après H.P. Lovecraft
Avec Ezra Godden, Raquel Merono, Francisco Rabal…
Titre original : Dagon, la Secta del Mar
Année de production : 2001

Après ces classiques de l’horreur que sont Re-Animator et From Beyond, Aux portes de l’au-delà, Stuart Gordon et son complice scénariste Dennis Paoli avaient l’intention de poursuivre leur cycle Lovecraft avec une adaptation de Dagon qu’ils n’ont pas pu concrétiser, principalement pour des raisons financières (et aussi à cause de la brouille entre les producteurs Charles Band et Brian Yuzna). Stuart Gordon a tout de même pu ajouter un nouveau titre à son corpus lovecraftien avec Castle Freak en 1995 avant que Brian Yuzna remette le projet Dagon à flots au début des années 2000.

Brian Yuzna (Society) s’était alors associé avec Julio Fernandez pour fonder la Fantastic Factory, un label du studio Filmax basé à Barcelone. Les deux hommes voulaient produire des films de genre à petit budget et en langue anglaise (pour le marché international) en employant les talents locaux pour les équipes techniques et une bonne partie des distributions. Après le super-héros trash Faust, Dagon fut le deuxième long métrage de la Fantastic Factory, une initiative qui n’a duré que 5 ans et moins de dix films faute de succès.

Deux couples de plaisanciers profitent de leurs vacances sur un voilier près des côtes espagnoles. Paul aimerait tout de même avoir des nuits plus calmes car ses cauchemars sont peuplés de visions d’une sirène aux dents acérés. Un jour, une tempête amène leur bateau au large d’Imboca, un village de pêcheurs. La situation est difficile et Paul et sa petite amie Barbara prennent le canot de secours pour aller demander de l’aide. Mais les étranges habitants d’Imboca ne se montrent pas vraiment hospitaliers…

Stuart Gordon et Dennis Paoli proposent ici une adaptation du Cauchemar d’Innsmouth (Imboca est la version ibérique de cette petite ville côtière du Massachusetts), avec des éléments d’autres textes de Lovecraft, le principal étant bien évidemment Dagon. Je n’ai que de lointains souvenirs du Cauchemar d’Innsmouth mais je trouve que le réalisateur a très bien su restituer l’ambiance très particulière de cette ville habitée par des hybrides humains/batraciens entièrement dévoués à l’ordre du monstrueux Dagon. Enfin, presque entièrement puisqu’un vieil ivrogne à l’histoire tragique (campé par le vétéran Francisco Rabal dans son dernier rôle) va être le seul à se ranger du côté du pauvre Paul…

Ce travail sur l’atmosphère passe surtout par le soin apporté aux décors inquiétants battus par les pluies. Imboca est suintante, dégoulinante et il n’y a aucune pièce qui échappe à cette humidité qui s’infiltre partout. Les maquillages des humains transformés par l’influence des forces maléfiques sont également très bons et font oublier l’emploi d’images de synthèse complètement ratées dans certains moments-clés qui témoignent de l’étroitesse du budget.

Si le deuxième acte de Dagon traine un petit peu en longueur, le suspense reste prenant et la dernière partie n’est pas avare en scènes-chocs, entre gore bien vicieux (l’écorchage d’un des personnages principaux) et body-horror…et après cette bonne bisserie, le regretté Stuart Gordon n’en avait pas encore fini avec Lovecraft puisqu’il a adapté La Maison de la Sorcière pour la première saison de la série anthologique Les Maîtres de l’Horreur.

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