RAZORBACK (Russell Mulcahy)

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REALISATEUR

Russell Mulcahy

SCENARISTE

Everett de Roche, d’après le roman de Peter Brennan

DISTRIBUTION

Gregory Harrison, Arkie Whiteley, Bill Kerr, Chris Haywood…

INFOS

Long métrage australien
Genre : horreur
Année de production : 1984

« Gamulla » est un mot aborigène qui signifie intestin, boyaux…c’est aussi un nom bien trouvé pour ce trou perdu d’Australie qui vit sur le commerce de la chair et plus particulièrement du braconnage de kangourou. Une journaliste américaine qui milite pour la protection des animaux est venue enquêter sur ces dérives…mais ce dont elle ne se doute pas, c’est qu’un monstre sanguinaire rôde dans la région. Un razorback, une espèce de sanglier sauvage, d’une taille gigantesque et avide de chair humaine…
Le vieux chasseur Jack Cullen poursuit le razorback depuis deux ans…depuis que la bête a dévasté sa maison et dévoré son petit-fils…

Au scénario de Razorback, on retrouve Everett de Roche, un nom familier des amateurs de ce renouveau du cinéma d’exploitation australien dont les débuts remontent au Réveil dans la terreur de Ted Kotcheff (1971) et qui a depuis été désigné sous le terme Ozploitation. Formé à la télévision, on lui doit notamment des films à suspense très efficaces comme Long Week-End de Colin Eggleston (1978), Patrick (1978) et Déviation Mortelle (1981) de Richard Franklin ainsi que l’étrange Harlequin de Simon Wincer (1980).

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Après une entrée en matière dramatique, et qui établit d’emblée l’aspect visuel du film par la très belle photographie flamboyante de Dean Semler (Mad Max 2 et 3), le récit suit le procès de Jack Cullen, chasseur accusé de la disparition de son petit-fils, car personne ne veut croire à l’existence d’un sanglier aussi gros qu’une voiture.
Cette scène, filmée dans des bâtiments presque délabrés et battus par les vents, pose un climat de méfiance qui fait de certains membres de la populace des menaces aussi réelles que le razorback…et fait basculer le film dans ce qui est presque un sous-genre à lui tout seul, « les gars de la ville contre les bouseux », quand les personnages américains débarquent.

L’obsession de l’australien Jack Cullen et de l’américain Carl Winters font de Razorback l’équivalent d’un Moby Dick traversé par des visions hallucinatoires dans l’Outback australien. J’aime beaucoup la façon dont les scènes d’attaques ont été tournées. Le réalisateur se garde bien de filmer l’animal monstrueux sous toutes ses coutures, ce qui n’est pas une mauvaise idée car l’animatronique est parfois un peu trop figé…et ce qui renforce l’impact de chacune de ses apparitions (avec des passages bien nerveux comme celui de l’assaut de la voiture de la journaliste) jusqu’au palpitant affrontement final qui prend place dans l’abattoir suintant qui fait vivre la région.

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Razorback est le deuxième long métrage du metteur en scène australien Russell Mulcahy…et aussi son premier film de fiction puisque son précédent essai fut un documentaire comique maintenant oublié datant de la fin des années 70. Entre les deux, Mulcahy a réalisé beaucoup de clips et c’est une esthétique très eighties que l’on retrouve d’une certaine façon dans Razorback. Inévitablement, certains visuels ont un peu mal vieillis (comme la scène onirique), mais dans de nombreux plans, l’atmosphère est palpable et étouffante.

Bref, et malgré ses menus défauts (dont une ébauche de romance plutôt inutile), Razorback est un très bon film de monstre, bien tendu comme il faut. Russell Mulcahy a ensuite enchaîné avec Highlander, qui reste son meilleur long métrage, avant une suite de carrière nettement moins convaincante.