Don’t you forget about me…
REALISATEUR
Tobe Hooper
SCENARISTES
Tobe Hooper et L.M. Kit Carson
DISTRIBUTION
Dennis Hopper, Caroline Williams, Jim Siedow, Bill Moseley, Bill Johnson…
INFOS
Long métrage américain
Genre : horreur
Titre original : The Texas Chainsaw Massacre 2
Année de production : 1986
Suite au succès de Poltergeist en 1982 (une production Spielberg sur laquelle la réelle importance de son crédit de réalisateur a rapidement été mise en doute…mais ceci est une autre histoire), Tobe Hooper a signé avec la Cannon Films un contrat portant sur trois longs métrages. Comme je l’ai déjà mentionné dans mes chroniques sur Lifeforce, l’étoile du mal et L’Invasion vient de Mars, Tobe Hooper a toujours gardé un excellent souvenir de ces 3 ans où il a enchaîné les projets en gardant un contrôle créatif qu’il n’avait visiblement pas connu lors de sa collaboration avec Steven Spielberg. Cette période a donné quelques uns des films les plus dingues de sa carrière, des pelloches qui ont divisé la critique et ses fans et qui sont devenus cultes avec le temps (bon, il y en a encore tout de même pour qui Lifeforce et L’Invasion vient de Mars ne sont que de gros nanars).
Si les cousins Menahem Golan et Yoram Globus lui ont laissé carte blanche, les rois de la série B des années 80 ont tout de même exprimé leur déception face aux livraisons successives de Tobe Hooper et à leurs résultats financiers. Mais ce qu’ils voulaient surtout, c’était une vraie franchise horrifique, et donc une suite à Massacre à la Tronçonneuse. Elle a fini par arriver, mais en réduisant progressivement les dépenses.
Sur Lifeforce, Tobe Hooper a travaillé avec le plus gros budget de sa carrière, 25 millions de dollars, et pour un tournage qui s’est étalé sur plus de 100 jours. Sur L’Invasion vient de Mars, son hommage aux séries B de S.F. de sa jeunesse, le budget n’était plus que de à 7,5 millions de dollars. Mais quand ce fut le tour de Massacre à la tronçonneuse 2, Lifeforce avait fait un four au box office, avec seulement 11 millions de dollars de recettes. La Cannon a donc sabré dans le budget déjà réduit de Massacre 2, passant de 5,5 millions à 4,5 millions de dollars.
On laisse pas Stretch dans un coin…
Il est à noter que Tobe Hooper travaillait tellement qu’il ne pensait pas réaliser Massacre à la tronçonneuse 2 lui-même (il était alors en pleine post-production de L’Invasion vient de Mars). Il voulait en confier la réalisation à Russell Mulcahy, qui venait de se faire remarquer grâce à Razorback. Mais les coupes budgétaires sont passées par là et Mulcahy a ensuite été engagé pour tourner Highlander. Alors qu’il était encore en train de monter L’Invasion vient de Mars, Hooper a démarré Massacre 2. Une production frénétique pour une suite démentielle dont l’humour n’a pas conquis tous les fans du premier film (et certainement pas Golan & Globus qui ne s’attendaient pas à une comédie noire).
Cet humour (très) noir, il y en avait des traces dès l’original, mais ici Tobe Hooper et son scénariste L.M. Kit Carson l’ont amplifié pour faire de cette suite une satire des excès des années 80, une excellente façon de ne pas se répéter après son chef d’oeuvre de 1974. La famille de cannibales, les Sawyer, sont devenus une véritable corporation en lançant une franchise de chili à travers tout le Texas (et comme vous devez vous en douter, ils ne manquent pas de matière première).
Leurs premières victimes sont d’ailleurs deux yuppies totalement débiles dans une scène d’ouverture à elle seule plus sanglante que le film original. Elle établit brillamment le ton de cette suite, tout en présentant de manière très efficace le personnage principal, l’intrépide DJ Vanita « Stretch » Brock (solide prestation de la belle Caroline Williams), qui va se mettre dans les ennuis jusqu’au cou parce qu’elle pense que cette histoire pourrait bien lui permettre de quitter sa minable petite radio de province.
Ca, c’est une tronçonneuse, fils !
Face au clan Sawyer se dresse également le Texas Ranger Lefty Enright, l’oncle de Sally et Franklin Hardesty, deux des jeunes victimes du premier volet. Depuis plus de 10 ans, Lefty poursuit les assassins et il retrouve enfin leur trace grâce à la complicité de Stretch. Cette macabre chasse à l’homme n’a pas arrangé son état d’esprit et il va se révéler aussi cintré que ceux qu’il poursuit. Dennis Hopper livre là une de ces prestations azimutées dont il avait le secret en cow-boy armé de tronçonneuses.
Jim Siedow (Drayton et son chili amoureusement cuisiné), Bill Moseley (Chop-Top et ses dialogues de malade) et Bill Johnson (un Leatherface plus libidineux qu’à l’accoutumée) apportent la dose de folie nécessaire à cette croustillante suite qui trouve son point culminant dans un décor de parc à l’abandon.
Massacre à la tronçonneuse 2 n’a peut-être pas la puissance brute de l’original de 1974, mais quelle équipée sauvage ! La reprise de la fameuse scène du dîner (oui, papy manie toujours…difficilement…le marteau) n’est que le début d’un dernier acte totalement barré qui pousse le tribalisme du clan Sawyer à l’extrême, notamment par la révélation de la Grand-Mère, véritable « déesse » des cannibales. Et le furieux plan final est une géniale reprise inversée de la dernière scène de Massacre à la tronçonneuse !
Le sexe, c’est…on sait pas ce que c’est. Mais la scie…la scie, c’est dans la famille…