REALISATEUR
Jack Sholder
SCENARISTE
David Chaskin
DISTRIBUTION
Mark Patton, Kim Myers, Robert Rusler, Robert Englund, Marshall Bell, Clu Gulager…
INFOS
Long métrage américain
Genre : horreur
Titre original : A Nightmare on Elm Street Part 2: Freddy’s Revenge
Année de production : 1985
Tue pour moi…
New Line Cinema a souvent été appelée « la maison que Freddy a construite ». Tourné pour moins de 2 millions de dollars, Les Griffes de la Nuit de Wes Craven fut en effet un succès dans le domaine du film d’horreur indépendant avec presque 60 millions de dollars de recettes, ce qui a sauvé la société de Robert Shaye alors en difficulté financière (fondée à la fin des années 60 pour distribuer des films d’art et d’essai, la New Line peinait à remplir ses caisses avec ses premières productions). Quand Bob Shaye a vu les résultats du premier week-end, il donna son feu vert pour une suite qui fut mise en chantier très rapidement car La Revanche de Freddy est sorti tout juste un an après Les Griffes de la Nuit.
Wes Craven, le créateur de Freddy, a vite passé la main. Il n’avait jamais envisagé de donner une suite à son film et de travailler sur une franchise…et pour lui, le scénario de David Chaskin était stupide (et je ne lui donne pas tort sur certains points, dont la scène avec l’oiseau). Robert Shaye a même failli se séparer de Robert Englund quand celui-ci a demandé une augmentation. Pensant que seuls le masque et le costume faisaient le personnage, il engagea un figurant pour jouer Freddy. Le résultat fut catastrophique et Englund rappelé au bout de quelques jours.
Avec cette deuxième entrée de la saga, l’équipe créative a emprunté une voie différente en traitant du sujet de la possession (car après tout, Freddy est un « démon des rêves »). L’histoire se déroule cinq ans après celle des Griffes de la Nuit, alors qu’une famille s"installe dans la maison de Nancy, dont on nous dit qu’elle est devenue folle. Jesse, l’aîné des deux enfants, occupe la chambre de Nancy et il est rapidement la proie de terribles cauchemars. Avec son amie Lisa, il découvre le journal de Nancy et l’existence de Freddy Krueger. Des phénomènes étranges surviennent autour de lui et Jesse doit se rendre à l’évidence : Freddy se sert de son corps pour agir dans le monde réel…
Et c’est là que le film trouve ses limites. Dans la première partie, c’est encore le Freddy des Griffes de la Nuit, celui qui surgit là où ne l’attend pas, celui qui évolue dans un univers onirique où il n’y a pas de règles. Quand il se met à interagir avec les autres personnages dans leur réalité, il y a comme un basculement…et pas que du bon côté. C’est là aussi que se dessine la caractérisation de Freddy telle qu’elle sera encore plus développée dans les opus suivants. Le réalisateur Jack Sholder (Dément, Hidden…) a concocté quelques scènes chocs accrocheuses (comme celle de la mort du prof de gym adepte du sado-masochisme) mais quand Freddy bondit face à une vingtaine d’ados en chaleur près d’une piscine, c’est tout de suite moins efficace…
Il y a quand même des choses intéressantes dans cette suite moins réussie que l’original, comme le traitement du héros qui reprend les codes généralement écrits pour les protagonistes féminines de ce sous-genre de l’horreur (Mark Patton a plus tard affirmé en plaisantant qu’il était le premier « scream queen » masculin). Ce qui renverse également la situation pour le parcours de sa petite amie jouée par Kim Myers qui devient progressivement l’héroïne jusqu’à ce qu’elle soit au coeur du climax. Le sous-texte homo-érotique participe également à l’atmosphère particulière de La Revanche de Freddy…et de façon involontaire si l’on en croit la majorité des participants qui ne seraient pas rendu compte de cet aspect au moment du tournage…
La scène finale propose une variation sur celle des Griffes de la Nuit mais à nouveau sans conclure le film sur une note convaincante. La Revanche de Freddy a été accueilli plus fraîchement que son prédécesseur. Wes Craven a alors accepté de participer au scénario de l’épisode suivant, avec l’intention de mettre un terme à la série. Et bien évidemment, le succès de Freddy 3 : Les Griffes du Cauchemar en a décidé autrement…