REALISATEUR
Enzo G. Castellari
SCENARISTES
Enzo G. Castellari, Tito Carpi et Antonio Visone
DISTRIBUTION
Giancarlo Prete, Fred Williamson, George Eastman, Anna Kanakis, Venantino Venantini…
INFOS
Long métrage italien/américain
Genre : action/science-fiction
Année de production : 1983
Le réalisateur italien Enzo G. Castellari a débuté sa carrière sous le signe du western, genre qui a imprègné la première partie de sa carrière jusqu’au crépusculaire Keoma avec Franco Nero (1976), qui marqua la fin d’un cycle à une époque où le cinéma de genre transalpin connut un véritable déclin dans sa créativité. C’est l’époque des filons et des budgets de plus en plus réduits qui ont vu quasiment tous les cinéastes italiens obliger de tourner des copies frelatées des gros succès du moment.
Comme ses collègues, Enzo G. Castellari a passé quasiment tous les genres en revue, à l’exception d’un seul qui ne l’a jamais intéressé, le film d’horreur gore. On lui doit notamment des comédies, des polars et des films de guerre, dont le plus connu est Une Poignée de Salopards (Inglourious Bastards pour les U.S.A.), qui a, comme son titre américain l’indique, inspiré Tarantino pour son Inglorious Basterds. Castellari a également donné dans le sous-Dents de la Mer avec La Mort au large et bien entendu, et c’est ce qui nous intéresse ici, dans le post-nuke et le sous-Mad Max en carton tourné avec les moyens du bord.
Le Mad Max du pauvre…
2019, après la chute de New-York…euh non, je me suis trompé de film. Bon, on est tout de même en 2019 et New-York est certainement tombé aux mains des mêmes tarés consanguins que l’on retrouve dans tous les post-apo transalpins. Au même moment…je sais pas où, en fait…quelque part dans une grande carrière…un petit groupe qui espère retrouver d’autres survivants captent un signal en morse. Ils n’auront pas le temps de se réjouir, puisqu’ils vont se faire exterminer par les Templars, des fanatiques amateurs d’épaulettes et de coupes de cheveux bigarrées, dont le but est d’exterminer ce qui reste de l’espèce humaine. Leur gourou sévèrement burné se fait appeler One…et malheur à qui ose lui tenir tête.
Scorpion, un guerrier de la route, est de ceux-là. Ancien Templar, il a rejeté les pratiques de l’ordre pour suivre sa propre voie. Il tente maintenant d’aider les proies des Templars. Et pour accomplir cette tâche, il peut toujours compter sur son jeune mécanicien, un petit génie qui entretient sa bagnole et ses armes, et sur l’archer Nadir, qui ne refuse jamais un bon combat…
Non, Fredo…te venge pas sur le costumier !
Les Nouveaux Barbares arbore fièrement toutes les caractéristiques des Mad Max low-cost transalpins : des décors minimes (une grande carrière où sont plantés les deux ou trois lieux de l’action et quelques routes isolées), des costumes qui ne font pas dans la subtilité, des bagnoles et des armes en alu et des acteurs qui cabotinent (enfin, surtout les plus expressifs) en déclamant des dialogues de série Z. Souvent efficace dans l’action, ce qui est sa marque de fabrique, Enzo G. Castellari imprime un rythme soutenu au métrage, même si les différentes courses poursuites et affrontements entre héros et Templars finissent par tourner un peu en rond (faut dire qu’elle devient vite monotone, cette fameuse carrière). L’un des effets de style favori du réalisateur est le ralenti, qu’il utilise à la moindre occasion, pour accentuer les explosions, les chutes et les morts violentes (et il en use et abuse, des mannequins qui finissent éventrés ou décapités).
Scorpion est incarné par un Giancarlo Prete, déjà vu dans Les Guerriers du Bronx du même réalisateur, qui se la joue figure Eastwoodienne aussi taciturne qu’inexpressive. Le spectacle est surtout assuré par deux grandes figures du cinéma d’exploitation : Fred Williamson, icône de la blaxploitation qui réussit à ne pas perdre sa coolitude engoncé dans un costume flashy du plus bel effet; et ce grand gaillard de George Eastman (Ironmaster, la guerre du fer), qui interprète son gourou du futur avec une savoureuse grandiloquence…jusque dans l’improbable scène de sodomie qui introduit (humm…) la séance de torture de Scorpion.
Et là tu la sens, ma grosse autorité ?
Dans un emprunt flagrant à Sergio Leone, Scorpion reviendra plus fort que jamais pour le grand final, déluge d’action souligné par la musique au Bontempi de Claudio Simonetti.
Aussi divertissants que ridicules, ces Nouveaux Barbares. Du nanan pour amateurs de nanars goûtus !