Aventures
Long métrage britannique/américain/espagnol/panaméen
Réalisé par Richard Lester
Scénarisé par George MacDonald Fraser, d’après Alexandre Dumas
Avec Michael York, Oliver Reed, Richard Chamberlain, Frank Finlay, Christopher Lee, Charlton Heston, Faye Dunaway, Raquel Welch, Geraldine Chaplin, Simon Ward, Jean-Pierre Cassel, Roy Kinnear…
Titre original : The Three Musketeers
Année de production : 1973
La plupart des adaptations cinématographiques des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas reprennent invariablement les mêmes éléments. Les films commencent le plus souvent par l’arrivée d’un jeune Gascon un peu trop intrépide à Paris…tellement intrépide qu’en peu de temps, il provoque en duel trois mousquetaires qui finiront par devenir ses meilleurs amis. Au fil de ses rencontres, sa première mission sera de retrouver les ferrets de la reine Anne d’Autriche afin d’éviter un scandale d’état. Histoire bien connue…même de ceux qui, comme moi, n’ont jamais lu les romans…
C’est bien évidemment le ton qui donne à chacun de ces longs métrages leur personnalité et l’américain Richard Lester a mis beaucoup de son côté iconoclaste dans la version de 1973. Pendant longtemps, j’avoue que j’ai cru que Richard Lester était britannique tant la première partie de sa carrière était liée aux Beatles et à l’Angleterre des swinging sixties. Si les quatre garçons dans le vent ont porté chance à Lester, la fin des années 60 fut un peu plus compliquée et après une série d’échecs, le réalisateur n’a plus signé de films pendant quatre ans, n’arrivant plus à monter de projets personnels et se contentant alors de travaux publicitaires…
Et cela jusqu’à l’appel des Salkind, producteurs de père en fils qui initieront ensuite la franchise Superman avec Christopher Reeve (Alexander Salkind avait auparavant produit Austerlitz d’Abel Gance et Le Procès de Orson Welles). Il se dit que les Salkind étaient intéressés par Richard Lester car les Beatles avaient brièvement été envisagés pour jouer les Mousquetaires dans les premières heures du développement. Lester a souvent déclaré que les Salkind n’avaient pas été des producteurs envahissants, ils ont juste imposé certains acteurs, comme Raquel Welch (Constance Bonacieux) et Simon Ward (le Duc de Buckingham).
La distribution est soignée et ne manque pas de compositions savoureuses, des comédiens choisis pour incarner D’Artagnan, Athos, Porthos et Aramis (Michael York, Oliver Reed, Frank Finlay et Richard Chamberlain) aux nombreux seconds : Christopher Lee en borgne Rochefort, Charlton Heston en Richelieu (l’interprète de Ben-Hur avait envie d’un rôle un peu plus en retrait après les tournages exigeants de L’Appel de la Forêt et de Soleil Vert…et il a accepté celui du cardinal juste pour le plaisir de travailler avec Richard Lester), Faye Dunaway en Milady ou encore Jean-Pierre Cassel en benêt Louis XIII.
Dès les premières scènes, Les Trois Mousquetaires se distingue d’autres transpositions à l’écran par son décalage constant, son humour qui passe aussi bien par les répliques que ce qui se déroule au premier comme au second plan (d’une manière presque cartoonesque). Le rythme est soutenu, les duels sont énergiques (tellement que les acteurs et cascadeurs n’ont pas compté leurs blessures…surtout quand le féroce Oliver Reed était l’opposant), les gags sont très drôles (Constance est aussi maladroite que Pierre Richard) et la direction artistique souligne bien les différences sociales, entre la précieuse et ridicule décadence des nobles et l’extrême saleté des maisons et des rues.
Les Salkind avaient en tête un grand spectacle de plus de trois heures, avec un entracte. Mais quand ils se sont rendus compte que c’était infaisable pour la date de sortie prévue, la décision a été prise de scinder la saga des Mousquetaires en deux…ce qui n’a pas plu à certains acteurs et membres de l’équipe qui n’ont pas apprécié n’avoir reçu qu’un cachet pour deux films. À suivre, donc…dans On l’appelait Milady…