RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

Tiens, j’évoquais Dan Vado quelques posts plus tôt. Ce monsieur est à la tête d’une petite maison d’édition, Slave Labor Graphics, il a officié comme libraire et comme organisateur de festival, mais il a également écrit quelques séries. Et notamment, il est à l’origine de The Griffin, une série orientée SF qui a commencé chez un indé avant de continuer notamment chez DC (je ne sais pas si c’est un reprint colorisé ou pas, d’ailleurs).
Mais j’en parlais il y a quelques années. Rediffusion.

THE GRIFFIN

L’ancêtre d’Invincible ?

Une fois n’est pas coutume, nous allons évoquer le cas d’une bande dessinée qui n’a pas connu les honneurs d’une traduction dans notre vert pays. The Griffin, malgré le format ambitieux de sa publication et la promotion flatteuse à sa sortie, n’aura pas laissé grand souvenir. Malgré des qualités qui apparaissent évidentes à la redécouverte.

Entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, la mode, en matière de format, était à ce qu’on a appelé le « Prestige ». Rappelons au moins de vingt ans que le « Prestige Format » est un comic book de quarante-huit pages, à dos carré, sans publicité, offrant une reliure et une impression de meilleure qualité (c’est l’époque où les éditeurs tentent de nouvelles colorisations en mode traditionnel, ou de reproduire des crayonnés sans encrage). La mode a démarré, si mes souvenirs sont bons, avec le Dark Knight Returns de Frank Miller. J’étais personnellement assez client des Prestige Formats , pour ma part : plus chers effectivement, ils offraient bien souvent des récits hors continuité avec une certaine exigence formelle (thèmes plus ambitieux, planches raffinées, tonalité plus adulte…). De nombreux récits désormais légendaires y ont trouvé un écrin de choix : la Cosmic Odyssey de Starlin et Mignola, le Blackhawk de Chaykin, le Gilgamesh II de Starlin, le Give Me Liberty de Miller et Gibbons, le Twilight de Chaykin et Garcia-Lopez, le Black Orchid de Gaiman et McKean, les premiers Elseworld à la suite du Gotham by Gaslight d’Augustyn et Mignola, et plein plein d’autres. Assez souvent, le contenu est de qualité, et la présentation a contribué a donner à la bande dessinée américaine un certain cachet, la sortant en partie de la présentation populaire qui était la sienne depuis la fin des années 1930.
En plus, les Prestige Format bénéficient en général d’une reliure solide, et vingt-cinq ans après, c’est toujours aussi solide. Plein de TPB ne peuvent pas en dire autant.
Bref.

Parmi les sorties bien promues par DC, grand pourvoyeur de Prestige Formats au début des années 1990, il y a une série qui a échappé à bien des commentateurs : The Griffin . La découverte d’un pack contenant l’ensemble des six numéros (à pas cher, héhé…) m’a permis de découvrir sur le tard cette série publiée par DC en 1992. Dans la logique développée à l’époque du « creator owned » (la bande appartient aux auteurs, un truc qui sera peut-être remisé au musée dans quelques années, maintenant que les grandes corporations mettent la main sur toutes les licences imaginables…), DC offre au scénariste Dan Vado et au dessinateur Norman Felchle l’occasion de développer leur personnage au sein d’une de leurs publications.

Dan Vado n’a pas fait énormément de vagues. Connu des amateurs de spandex pour avoir écrit Justice League après Dan Jurgens (et, grosso modo , avoir mené la série jusqu’à sa redéfinition par Grant Morrison à la fin des années 1990), il a travaillé sur quelques titres DC ou Dark Horse, ainsi que sur la production de son propre label, Slave Labor Graphics (maison fondée en 1986), dans le cadre duquel il a réimprimé quelques travaux de Jim Starlin notamment, et publié la première version de The Griffin . Également libraire (et cuisinier à ses heures), il n’a pas laissé de grands souvenirs, sans doute parce qu’il ne n’est pas consacré à l’écriture à temps plein.

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The Griffin , qui reste à ma connaissance sa prestation la plus notable, conte l’histoire de Matt Williams, un adolescent enlevé par des extraterrestres, les Acacians, afin de devenir un super-soldat à la solde de leur empire, sous le nom du Griffin. Le principe est simple : les Acacians cherchent des planètes dont la population peut supporter le programme d’amélioration génétique et recrute des agents servant de bras armé à leurs forces d’invasion. Après avoir servi vingt ans, Matt décide de revenir sur Terre et de renouer avec sa famille. Ce qu’il prenait pour une permission est considéré comme une désertion par ses maîtres, qui envoient d’abord un autre super-soldat cosmique à ses trousses, puis une véritable armada. À ce point de l’histoire, on découvre que la Terre est noyautée par des agents travaillant pour les Acacians, occasion pour Vado de renouer avec la thématique du complot, si facilement soluble dans l’ufologie.

Mais au-delà de ce mixage, somme toute très agréable, entre aventures cosmiques, imaginaire complotiste et réflexion sur le genre (le Griffin est une sorte de Superman, incarnation des traits les plus marquants des super-héros), The Griffin apparaît, à la lecture aujourd’hui, comme un ancêtre inconnu de l’ Invincible de Robert Kirkman. Tous les ingrédients sont là : la fin de l’adolescence, l’apprentissage des pouvoirs et des responsabilités, l’ombre tutélaire de Superman, l’origine extraterrestre… Les deux séries partagent une communauté de ton, mélangeant humour (quelques dialogues avec les extraterrestres sont bien sympathiques), portrait de famille, violence et un trait quelque peu cartoony .

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Felchle ne dessine pas très bien, et il est loin de ce que les dessinateurs d’ Invincible peuvent faire, mais il utilise une grammaire voisine, faite de cases photocopiées et d’un trait semi-humoristique. Les planches évoquent parfois John Heebink (le John Heebink bossant pour Marvel, pas le sympathique dessinateur indé qui aime les monstres et les jolies nanas) ou Chris Marinnan, voire un Todd McFarlane cartoony , autant dire que c’est pas super joli, ça manque même parfois d’émotion, et l’histoire aurait été mieux servie par quelqu’un qui assure davantage. Mais, en soi, The Griffin ne dépareillerait guère dans l’Invincible-verse, s’il était publié aujourd’hui.

Je n’ai pas souvenir que Robert Kirkman ait jamais évoqué cette lecture comme une éventuelle influence. Mais la parenté semble plus qu’évidente. The Griffin a été réédité par Slave Labor, Dan Vado ayant sans aucun doute récupéré les droits. La série, qui ne méritait sans doute pas, à l’époque, un format classe comme le Prestige (mais qui semble avoir rencontré à bon succès lors de sa publication, les couvertures peintes de Matt Wagner n’étant pas pour rien dans cette popularité) mériterait bien une petite redécouverte.

Jim

Voilà ce que je disais du premier tome de Dark Knight Detective :

Jim

Allez, puisque j’ai déjà fait deux détours par des « prestige formats » (à savoir à propos de Justice, Inc. de Helfer et Baker, puis à propos du Griffin de Vado et Felchle), je profite de l’occasion pour une nouvelle rediffusion (c’est comme à la télé, ici : toujours les mêmes programmes !!!).

Et cette fois-ci, cela concerne le fascinant Gilgamesh II de Jim Starlin, publié en son temps sous la forme de quatre prestige chez DC et depuis lors jamais réédité.

GILGAMESH II

Testament pour l’humanité

« Gilgamesh II ? Purée, je vais rien comprendre, j’ai pas lu le premier ! » Voilà une blague qui me fait bien rire et qui fonctionne toujours, vous pouvez la faire avec Gen13, Fantastic Four, Apollo 13 (ou 18) ou Maroon 5. Sauf que dans le cas de la série de Jim Starlin, c’est pas si idiot que ça. Plus que suite proprement dite, c’est une réécriture, dans un contexte de science-fiction, du plus ancien texte écrit humain.

En bon petit inculte que je suis, je crois ne m’être intéressé au premier Gilgamesh que parce Jim Starlin, sans doute l’un de mes auteurs favoris du monde entier de tous les temps, en avait donné une interprétation que j’ai mis des années à dénicher. Un peu de contexte s’impose.

Personnage mythologique ancestral, Gilgamesh est le héros de l’épopée portant son nom. Du temps lointain de mes folles études de lettes (A, B, C…), l’Épopée de Gilgamesh m’avait été présentée comme le plus vieux texte humain encore conservé. Aujourd’hui, on m’en parle comme l’un des plus vieux, ce qui donne une idée des progrès de la recherche. Bref. La première version du récit daterait (je balance les précautions d’usage car je ne suis vraiment pas dans mon élément, l’ami Nikolavitch passera bien dans le coin pour éclairer nos lanternes de sa sagacité…) du huitième ou septième siècle avec Jésus-Christ, ce qui, de toute façon, est bien lointain.

Le récit, en soi, est assez connu : Gilgamesh est puissant et ambitieux (le thème du péché d’orgueil attisant le courroux des dieux est présent), mais seul. Il rencontre Enkidu, qui s’avère être son double (à tous les sens du terme : jumeau mais aussi reflet). Ensemble, ils vivent de nombreuses aventures mais Enkidu meurt. Ce décès confronte Gilgamesh à l’échec et au vide mais, ambitieux comme il est, il part en quête du secret de la vie et de l’immortalité, bien décidé à vaincre la mort. Bien entendu, ce n’est pas vous gâcher la surprise que de vous dire qu’il va se planter, faisant l’expérience de l’échec, de l’humilité et de l’oubli. Grandeur et décadence, tout ça tout ça…

Pour ceux qui connaissent un peu le travail de Jim Starlin (ou a déjà parlé de lui en évoquant sa formidable Metamorphosis Odyssey), les thèmes de la mort et de l’hubris ne pouvaient qu’attirer l’auteur. C’est ainsi qu’il se retrouve, en 1987, chez DC Comics, pour qui il a déjà travaillé à de nombreuses reprises et chez qui il va laisser quelques jalons de premier ordre (Batman: The Cult, Cosmic Odyssey , la mort de Robin…), occupant une place de choix dans l’écurie de l’éditeur.

Son Gilgamesh II n’est pas une suite. C’est plutôt une sorte de remake , placé dans un univers de science-fiction divergeant de notre histoire à partir du début des années 1992. Programme ambitieux pour l’auteur qui, factuellement, se confronte aux deux grands ennemis de son héros (mais aussi de tout écrivain), à savoir la mort et l’oubli. Pour cette aventure éditoriale, il est accompagné des responsables éditoriaux Denny O’Neil et Dan Raspler, du coloriste Steve Oliff (qui travaille en traditionnel mais dans une palette lumineuse et douce qu’il explorera à l’informatique dans la version américain d’ Akira ) et du lettreur Todd Klein (dont les bulles et les onomatopées témoignent d’un soin séduisant). Autant dire que c’est une équipe de premier ordre qui l’accompagne.

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Le récit est publié sous la forme de quatre « prestige format », ces comic books de quarante-huit pages, à dos carré et sans publicité, qui, depuis le Dark Knight Returns , constituaient l’annonce de l’ambition de l’éditeur et de la qualité du produit à l’intérieur. C’est d’ailleurs tout à l’honneur de DC Comics de publier un récit indépendant déconnecté des univers de super-héros. L’existence, au catalogue de l’éditeur, de titres comme le Ronin de Miller ou le Gilgamesh II de Starlin (voire du Nathaniel Dusk de Don McGregor et Gene Colan, et quelques autres…) fait partie des signes annonciateurs, des initiatives éditoriales ouvrant la voie, plus tard, au label Vertigo.

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Starlin, qui vient de passer quelque temps dans le studio des Upstart Associates, a fréquenté assidûment Howard Chaykin et Walt Simonson, qu’il connaît depuis longtemps, mais également Frank Miller. Nous avons déjà remarqué, en évoquant Batman: The Cult , que Starlin (avec Wrightson) reprenait avec une aisance confinant au plagiat la narration de Miller. On aura aussi repéré le jeune Miller parmi les personnages de Metamorphosis Odyssey . L’amitié entre les deux hommes semble bien enracinée, et les parentés stylistiques apparaissent dès lors comme un hommage, ou une influence croisée. Deux détails laissent transparaître l’influence de Miller. D’une part, la série est supervisée par Denny O’Neil, responsable éditorial des Daredevil de Miller, qui l’appellera sur Batman: Year One , à une période où la série Batman sera ensuite confiée à Starlin. Sachant que Starlin a jusque-là travaillé surtout avec Roy Thomas, Archie Goodwin ou Len Wein, Miller aurait-il intercédé entre les deux hommes ? Autre fait marquant, l’apparition d’un dangereux ninja tout de noir vêtu, voué à la perte de Gilgamesh et… prénommé Frank. Hommage au compagnon de route professionnelle ? Starlin utilise la forme en aplats noirs du ninja avec roublardise et dynamisme, marchant sur les brisées de Miller. Le clin d’œil est clair, d’autant que l’utilisation de cases horizontales en vue de restituer les affrontements rapproche les deux auteurs et les place dans la lignée d’une influence commune, celle de Steve Ditko.

S’il est un autre parallèle à chercher entre Starlin et Miller, c’est dans l’univers futuriste décrit, une société dystopique, un lendemain qui déchante. Le monde mis en scène par Starlin évoque l’avenir sombre et douloureux de Give Me Liberty , avec quoi il partage de nombreux points communs. Le drame écologique en Amazonie annonce les déforestations violentes dans le sillage des armées à la solde de compagnie de fast-food dans l’œuvre que Miller et Gibbons publieront chez Dark Horse quelques années plus tard. La « guerre des corporations » montrée par Starlin correspond à la privatisation du pouvoir politique dont Miller et Gibbons font l’agent de dissolution de leur Amérique de cauchemar. Les deux récits partagent, en sus, un humour caustique et grotesque, une satire sociale parfois voisinant le mauvais goût avec un sourire de garnement. Le premier numéro présente un cours d’histoire permettant aux lecteurs de se tenir au courant. Le cours est donné par un enseignant robot aux allures de Monsieur Loyal faisant des claquettes. Starlin fait le portrait d’une nouvelle génération inculte et illettrée. Autre portrait saisissant, celui des pouvoirs politiques, bataillant pour des absurdités comme les licences de taxi accordées aux aveugles afin de lutter contre une discrimination faite aux non-voyants. Entre grand-guignol et théâtre de l’absurde, Starlin envoie des piques violentes au monde contemporain, veine humoristique à laquelle il reviendra dans certains de ses épisodes de Silver Surfer .

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La narration de Starlin, dense, articulée autour de petites cases et de nombreux plans rapprochés, et faisant un grand usage des voix off, des commentaires dans les marges et des bulles ouvertes sur les intercases, n’est bien entendu pas sans rappeler celle de Miller sur Dark Knight Returns , à qui il emprunte même quelques cases en écran télé. La proximité des deux styles (et des deux hommes) explique sans doute avec quelle sincérité il a su singer cette approche à l’occasion de The Cult .

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Au centre de cet univers où tout est légalisé et marchandisé (prostitution, drogue…), et où règnent des décisionnaires âpres au gain et des journalistes qui déforment la vérité, Starlin place un héros surhumain dont la différence fait de lui l’homme providentiel. Là encore, l’auteur fait preuve d’un humour discret mais ravageur. Les origines du héros renvoient à Superman : comme le Kryptonien, Gilgamesh a été placé dans un berceau spatial qui s’est écrasé sur Terre. Le vaisseau de ses compatriotes contenait des survivants d’un monde déjà perdu, et face aux avaries irréparables, le capitaine a ordonné que deux enfants soient envoyés sur Terre afin de préserver l’espèce. Sauf que cet idiot de robot a envoyé… deux mâles. Ça commence bien. Recueilli par des hippies cultivant et commercialisant le cannabis, le bambin de l’espace est baptisé par sa mère, qui se rappelle modérément ses cours de littérature. Confondant les légendes, elle se souvient de celle de Beowulf et appelle le bébé adopté… Gilgamesh. On apprend quelques cases plus loin qu’il a échappé à « Bullwinkle ».

Homme providentiel issu des « guerres des corporations » que Starlin dépeint comme des batailles homériques sans fin, Gilgamesh fait preuve d’ambition. Cependant, ce n’est pas au courroux des dieux qu’il se frotte, mais à celui des grands groupes financiers ayant remplacé les États-nations. Le dieu unique, c’est le dollar, à qui seul on dresse des statues. Et si l’on baptise des places du nom de Reagan ou de Bush, Gilgamesh occupe le rôle de « Chairman », ce qui n’est pas sans évoquer la désignation de Mao : Starlin renvoie dos à dos le libéralisme sans garde-fou et le communisme d’État, à qui le premier emprunte le contrôle de l’opinion publique et la réécriture de l’histoire officielle.

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Rencontrant son Enkidu, baptisé ici Otto, Gilgamesh découvre enfin qu’il n’est pas seul. Ensemble, ils affrontent le monstre (deuxième partie), puis le tueur (troisième partie), avant que Gilgamesh, puisant son inspiration dans les évocations fumeuses de la drogue, ne parte en quête de l’immortalité, désespéré à l’idée de pouvoir vaincre la mort et faire renaître Otto. Sa route l’enverra sur le site d’une catastrophe scientifique présentée dans le premier épisode, et, par le truchement d’un paradoxe temporel, il découvrira que son maigre pouvoir lui aura été arraché par un destin contraire. Dépouillé de tout (au propre comme au figuré), il ne se rendra pas compte que même son nom sera oublié de la postérité.

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Formellement, Starlin, qui s’essaie à la caricature visuelle et témoigne de l’influence de la bande dessinée franco-belge de science-fiction de l’époque (les costumes et les décors sentent bon leur Moebius ou leur Bilal première manière), est un cran en dessous de ce qu’il a livré pour La Mort de Captain Marvel , sans doute ses planches les plus abouties à ce jour. Si le dessin montre quelques faiblesses, Starlin en maîtrise les moindres aspects, signant un encrage sec et à l’économie. L’émotion et la force évocatrice du dernier chapitre, d’une grande intensité, n’en sont que renforcées.

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Chose étonnante que ce Gilgamesh II . Sorte de testament prématuré de Starlin, qui s’interroge sur l’ambition artistique et sur la postérité (deux thèmes liés à celui de la mort), il demeure une œuvre un peu éclipsée par des récits aussi marquants que La Mort de Captain Marvel . Starlin est-il comme son Gilgamesh, seul, dénudé, occulté à jamais dans les ornières de l’histoire ?

Jim

PS : au sujet du Batman starlinien, on peut en savoir plus ici :

La peste et le choléra ! :sweat_smile:

Je crois que pendant un moment j’ai confondu Conway et Thomas, justement à cause de ça. Mais au final j’ai quand même dû lire un peu plus de Conway, et je pense que c’est parce qu’il y a plus de pitchs qui m’attirent chez Conway, même si après je crise sur la façon dont ils sont développés.

Mais bon quand même…

Récitatifs extraits de l’épisode de Daredevil (#80) que je mentionnais. Contexte : des gugusses costumés font un casse dans une boutique. Daredevil leur tape dessus.

Vraiment, Numéro 32 ? N’est-ce pas plutôt une moisson d’êtres humains drogués ?
Chaque enveloppe est celle d’une personne.
Une personne dont la vie est précieuse et censée être sacrée.
Dans ce monde confus, ne reste-t-il donc aucune valeur objective ? Est-il aussi facile de voler une vie qu’une poignée de bijoux clinquants ?
Les questions posées plus haut n’ont pas de réponses dogmatiques…
…mais seulement celles que chacun puise en lui-même… comme par exemple les réponses trouvées par le dénommé…. (Daredevil !)
Un combat n’est peut-être pas la solution. Il peut décupler l’angoisse au lieu de l’apaiser.
Peut-être mais au moins, c’est agir. Et tu dois agir !
Partout c’est la confusion, le chaos, et la folie, même chez les sains d’esprit !
Que faire ?
Lui n’a aucun doute…
Il se bat !

Une page plus loin :

Tes derniers mots sont couverts par la violence d’un coup brutal… Mais tu devines pourquoi ton écran est soudain devenu noir, n’est-ce pas ?
Qu’est-ce qui motive les actes d’un homme ? Le contexte ou l’intention ?
La force devient violence.
L’innocence… culpabilité.
Tout cela à cause du plus simple des concepts… l’intention !
Même dans les actes les plus indiscutables, quand il est évident que le bien combat le mal…
…il faut se poser des questions… s’interroger sur la vraie motivation morale…
Et ici… quelle est la vraie motivation de Matt Murdock ?
Pourquoi ce combat si acharné, Daredevil ?
Pourquoi as-tu frappé si violemment ? Réfléchis, héros… avant que l’ombre ne te consume.
T’es-tu battu par altruisme ? Ou pour une raison beaucoup moins noble ?
Étais-tu porté par une euphorie momentanée ?
Ou par la douleur enfouie dans ton subconscient… celle d’avoir rejeté Karen ?
Réponds maintenant… ou tu t’interrogeras toujours, réponds…
…avant qu’il ne soit trop tard.
Dommage, Matt Murdock, le temps du questionnement est passé. Peut-être ne sauras-tu jamais.

Et ce ne sont que TROIS PAGES de l’épisode. Ça enchaîne sur le même ton avec les atermoiement sentimentaux de Karen qui regarde la bagarre en direct aux infos à la télé.

À côté, Bendis c’est du Hammett.

Ce qui n’est pas étonnant. Ils ont souvent bossé ensemble (même au cinéma), ils se sont souvent succédé sur des séries importantes (Fantastic Four, par exemple), Thomas ayant à la fois un grand respect et une confiance solide dans les capacités de son cadet. Et surtout dans son rythme de production.

Je n’ai plus la chronologie de sa carrière en tête, mais j’ai bien l’impression que Daredevil (qu’il a peut-être hérité de Thomas, justement, faudrait que je vérifie) correspond à ses premières années de carrière. Je le soupçonne d’en faire des caisses pour rentrer dans le moule marvelien (défini par Thomas qui copie Lee…) et de se laisser aller à l’énergie de la jeunesse. Ses Fantastic Four m’ont laissé un souvenir plus agréable. Et je crois qu’ils arrivent nettement plus tard.

Jim

Je préfère de loin Thomas déjà pour son run sur Avengers et Xmen mais aussi son ragnarok, ses sorcerer supreme, ses FF avec Perez…

Tu fais bien de pointer ça (et le reste aussi, hein :wink: ). Oui, je n’avais pas fait attention à ça, mais pour l’épisode que j’ai cité, vérification faite, on est effectivement en tout début de carrière (automne 1971, alors qu’il signe ses premiers épisodes fin 70), et effectivement, il prend la suite de Thomas.

Ceci étant, les Batman dont tu parlais, c’est 78-83, et à en juger par ce que tu as posté, il ne semble pas complètement « guéri » à cette date !

(Ceci étant, bis, je garde tout de même plutôt un bon souvenir des différents récits qu’il a signés lus dans l’anthologie Crisis Companion vers laquelle tu pointais, et on est dans les mêmes eaux chronologiques que sa prestation sur Batman.) (Je ne sais donc plus que penser.)

Je crois que ce qui me gâche Thomas, c’est sa volonté, de plus en plus affirmée au fil des ans, d’expliquer des choses relatives à la continuité, de travailler sur l’identité de l’univers de fiction plus que sur les intrigues ou les personnages. Sa période Thor est assez représentative de ça : il commence par le Ragnarok que tu cites, d’excellente facture malgré quelques longueurs, puis il enchaîne avec une saga liée aux Eternals afin de réintégrer la création de Kirby dans l’univers Marvel officiellement (et il tisse des liens entre la première et la seconde intrigue) ce qui le conduit à rédiger une interminable saga des origines frisant l’illisible, dont la densité de bavardage est assez impressionnante. Ça, pour moi, c’est vraiment le point de bascule. À partir de là, je trouve qu’il a perdu le peu de légèreté qu’il a jamais eue.

Jim

yep la saga des celestes est completement indigeste…
Cependant sur Sorcere supreme j aime bien la periode guice et pas mal la fin de son run.

Sur cette série, il profite du fait qu’il y ait une back-up pour y glisser, avec Lofficier, toutes les informations de continuité qu’il veut traiter. Ce qui allège complètement le récit (imagine si tout ça était glissé dans les intrigues !). A contrario, il souffre de la présence envahissante de pas mal de cross-overs (c’est la grande période des Infinity machinchoses de Starlin), qui m’ont toujours donné l’impression que la série était régulièrement coupée dans son élan.

Jim

C’est quand même étonnant qu’Urban ne réédite rien de cette période…

Sur les rééditions patrimoniales, ils rencontrent les mêmes soucis que leurs concurrents, à savoir que ça vend nettement moins que l’actualité. Même pour Batman. Ils sont donc peut-être prudents.
Rajoutons à cela qu’ils ont un planning déjà bien chargé, et que la crise sanitaire actuelle contraint tous les éditeurs à décaler leurs parutions.
Mais ouais, ça serait une excellente idée, pardi !

Jim

je t entend mais on nous rabache que batman vend plus que les autres… là où on a des integrales Luke Cage, Warlock ou Inhumans…

On ne peut pas tout à fait dire qu’Urban n’a « rien » publié non plus en Batman « oldie »…

Pas ce que j ai dit non plus…

De toute façon ils sont contre une forme d « intégrale »… donc ils ne reprendraient pas les choses ainsi mais plus comme les Tales Of Batman… (par auteurs ou dessinateurs… même si perso je trouve que ca bordelifie Batman vu que les auteurs passaient d un titre a l autre… avait 3-4 numeros sans eux puis revenaient…)

Je comprends pas cette persistance à ne pas vouloir faire une forme d intégrale… même si c est pour commencer aprés Crisis.

Quand il ne restera avec Hellblazer que les numeros de Gaiman, Morrison ou Macan… va t il y avoir un album « compilation »? ou simplement pas ces episodes car on peut pas faire un album « d’auteur »…??

Je pense que dans les comics DC ou Marvel… trop de rigidité dans des choix editoriaux ne mènent qu a plus de soucis…

On peut imaginer que chaque éditeur a ses propres chiffres, son propre barème de rentabilité. Je serais curieux de savoir, par exemple, si ces intégrales sont également disponibles dans d’autres langues. Si oui, on peut supposer que l’impression se déroule en amalgame, ce qui fait baisser le coût de fabrication à l’unité. Ce qui peut devenir un argument de poids.

Carrément.
Même si les Batman : La Légende ne sont pas en tête des ventes, hein. Personnellement, j’aimerais bien qu’ils donnent de la visibilité à des cross-overs tels que Legacy ou Contagion. Je les ai en VO, mais ça ferait grogner notre Mallrat national !
:wink:
Mais Batman vend. Donc laissons à l’éditeur le temps de prévoir d’autres albums. L’actualité sera toujours la priorité, je pense, mais bon, DC exploitant son patrimoine et le rendant accessible, ça ne saurait mettre trop longtemps à arriver.

Jim

Rien ne me fera grogner.
Je suis juste toujours surpris par une forme de résolution totale.
Chaque fois que j’ai interrogé François Hercouet sur le sujet. Il disait que la notion d’intégrale ne rentrait pas dans leurs plans et qu ils étaient dans un projet de ne proposer que par auteur et que le meilleur.
Bon ben par auteur ca marche pas pour les nouveautés où là ils fourrent bien tout, y compris quand c est moins bon (je reste gentil) et le meilleur… bon ben disons qu on a pas la même notion du meilleur.

Je dis ca sans malice… ce st comme Panini qui s entête dans des trads de merde…

Il y a un entetement des editeurs que je trouve con quand ca peut soit leur couter des lecteurs soit en tout cas ne pas permettre de ventes qui se feraient… (je pense qu avec Batman, ils pourraient faire une forme d intégrale à partir de Crisis)…

Certes l editeur doit faire un choix… mais même les plus reconnus comme Barusha… personne n a compris comment il pouvait ne pas publier du Kirby ou plus de Ditko… Tu n aimes pas?
En 1999-2000, j ai reflechi avec un pote à monter un comics shops… si on avait prévu de vendre que ce qu on aimait… déjà que c est dur de survivre…
Je me souviens de Klaatu à Bordeaux où Francis Valery distribuait les bon spoints quand tu achetais (oui Watchmen!! Bouhhh Captain America) ou que sa femme avait même jeté un client car « jamais elle ne vendrait de comics Simpsons »… ouais ben… euh.;. faut faire de la micro edition pour soi… faut pas etre professionnel quoi…

Donc bon on en est pas là mais je chatouille juste Urban… pas moins que Panini ou Delcourt (j aime beaucoup T. Mornet mais quand Delcourt jure qu ils ne voudraient pas d univers partagé car tu publies pas que le meilleur… pas sur qu en Spawn ou Witchblade on est eu que le meilleur (ou bien le meilleur est assez bas))…
J aime bien les petites phrases et tout et tout mais bon… Le but de l editeur est de vendre… quand c est Youngblood qui vend… je comprends que Semic le publie… ils ont publiés du mutos tout nases aussi :wink:

Il suffit qu’ils complètent les trous, notamment avec cette période « Dark Knight Detective/Caped Crusader » et « Legacy/Contagion ». Pas besoin de proposer une intégrale complète. Je pense que les intégrales, ça a son avantage pour les acharnés, mais ça peut être vraiment décourageant quand y’a beaucoup de tomes. L’approche d’Urban (plus par « périodes » que par auteurs sur Batman) est différente, ça permet de faire une « sélection » perso et de pas rater le début ou la fin de tel ou tel run juste parce qu’il commence ou finit pas la bonne année.

Je serais pas étonné non plus que Panini ait un seuil de rentabilité plus bas… Peut-être d’ailleurs que le prix élevé des Intégrales est l’un des facteurs qui permet une bonne rentabilité même avec des ventes modestes (et donc de continuer à proposer autant d’oldies).

Moi je m en cogne… les TP VO me vont trés bien…
Simplement je trouve qu un bon editeur, il repond aussi à la demande… et la réponse etait pas « ca marchera pas » mais « c est pas notre politique ».
Et il y a un moment où si l apolitique auteriale, je la trouve trés interessante surtout pour justement amener le lecteur sur l entiereté de sa gamme… en commencant par Batman pour finir sur du creator… autant etre ultra rigide sur ce genre de chose… m ennuie et me parait même être de la com’…
Un editeur, il recherche aussi la poule aux oeuf d or… et si cette poule lui plait pas… ca lui permettra peut etre d editeur un truc plus risqué qui lui plait plus en lui permettant peut etre ce risque.

Peut-être, peut-être…
:wink:

Jim