SCHLOCK, LE TUEUR À LA BANANE...! (John Landis)

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REALISATEUR & SCENARISTE

John Landis

DISTRIBUTION

John Landis, Eliza Garrett, Saul Kahan…

INFOS

Long métrage américain
Titre original : Schlock
Genre : comédie/horreur
Année de production : 1973

Passionné de cinéma depuis son plus âge, John Landis (Le Loup-Garou de Londres, Les Blues Brothers…) a su qu’il voulait en faire son métier après avoir vu Le Septième Voyage de Sinbad lorsqu’il n’avait que 8 ans. À 16 ans, Landis était coursier à la 20th Century Fox avant d’entrer comme « garçon à tout faire » (aller chercher le café, les costumes chez le teinturier, ce genre de choses) à la MGM. À peine majeur, il part ensuite en Europe pour toucher à tout et apprendre sur le terrain. De son propre aveu, il aura tout fait…sauf la coiffure. On le retrouve même en cascadeur sur des westerns spaghettis et pas des moindres puisqu’il a travaillé à ce poste sur le monumental Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone (et des tas d’autres co-productions européennes sans être crédité). Et en 1969, il devient assistant réalisateur pour la première fois pour le film de guerre De l’or pour les braves de Brian G. Hutton avec Clint Eastwood (sur lequel il était aussi acteur).

En 1971, il retourne aux Etats-Unis et fait ses débuts derrière la caméra à l’âge de 21 ans. Derrière…et devant également car il incarne également la créature de son film, le Schlocktropus ! « Schlock » est un terme d’argot yiddish qui désigne quelque chose de marché, de la camelote…et par extension, il est également utilisé pour parler de séries B et Z ultra-kitsch et ultra-fauchées. Le genre de pelloche dont Landis a toujours été un grand fan et qu’il dévorait au kilomètre dans les années 50 et 60.

Et fauché, Schlock l’est assurément. John Landis a économisé 60.000 dollars de son périple européen pour pouvoir financer son scénario. Il voulait engager un acteur spécialisé dans les rôles de gorilles pour jouer le Schlocktropus…mais quand il s’est rendu compte qu’il n’avait pas assez d’argent pour le payer, il s’est résolu à revêtir lui-même le costume créé par un autre débutant, future star des effets spéciaux de maquillage, un certain Rick Baker. Et pour son premier primate cinématographique (avant le King Kong de John Guillermin et Gorilles dans la Brume), le jeune Rick Baker s’en est plutôt bien tiré avec les moyens du bord. Evidemment méconnaissable, John Landis arrive à donner une véritable personnalité au Schlocktropus, le « chaînon manquant » qui terrorise une petite ville et que les médias ont surnommé « Le Tueur à la Banane »…

En tant que pastiche des séries B des fifties, John Landis maîtrise bien son sujet. Il s’amuse des clichés et des passages obligés des productions de l’époque, mais sans cynisme. Les flics sont peu nombreux et incompétents, le scientifique débite un jargon incompréhensible et les jeunes sont des têtes à claques. Landis pratique aussi non-stop un humour non-sensique qui annonce en quelque sorte le travail des ZAZ…et c’est grâce à cela que David & Jerry Zucker et Jim Abrahams feront appel au bonhomme pour réaliser Hamburger Film Sandwich en 1977. Dans le cas de Schlock, on est tout de même loin de l’efficacité de Y a-t-il un pilote dans l’avion? .

Car même si Schlock a ses bons moments, des passages qui m’ont bien fait sourire (comme la parodie de 2001) et un chouette final qui recrée les dernières minutes de King Kong sur le parking d’une école, l’ensemble est beaucoup trop inégal. Très sympathique dans son propos, dans sa volonté de rendre hommage à un certain cinoche bis (mais pas que…), mais il y a plein de choses qui ne fonctionnent pas. Le timing comique n’est pas très bon (avec trop de gags assez puérils, à base de « tartes à la crème », qui tirent en longueur) et l’interprétation est catastrophique…mais j’ai quand même un faible pour la tronche impayable de Saul Kahan, qui joue l’improbable inspecteur Wino (alcoolo en français).

Tourné en 1971, Schlock n’a pu sortir qu’en 1973 grâce au producteur Jack H. Harris qui a filé une (toute) petite rallonge à John Landis pour qu’il ajoute un peu plus de 5 minutes, afin que le film atteigne le durée de 75 minutes. Landis a alors tourné une scène où le Schlocktropus fait le pitre dans une salle de cinéma. Un ajout plutôt mollasson, lardé d’extraits de Danger Planétaire (Le Blob en V.O.) et des Monstres de l’Île en Feu, deux productions de Jack H. Harris. Sur le ton de la blague (ou peut-être pas, allez savoir), Landis a ensuite avoué qu’il avait joué avec l’idée de se servir de la présence à l’écran de Steve McQueen, la star de Danger Planétaire, pour la promotion de Schlock !

1 « J'aime »

Une curiosité bien bizarre ce Schlock. C’est toujours intéressant de voir des œuvres de jeunesse de grand réalisateur, mais c’est vrai que ce premier film dépasse rarement le cadre du « film fait entre potes qui se marrent et se font plaisir dans leur coin ». Quelques gags fonctionnent, on sent l’amour du réalisateur pour les poursuites en voiture, mais oui, il y a des longueurs et des moments pas toujours drôles. Par contre, c’est là aussi intéressant de voir le travail du débutant Rick Baker.
Merci Doc pour les infos concernant le jeune Landis. C’est un réalisateur qui ne m’a jamais vraiment passionné, mais dont j’aime parfois le ton bien particulier.

Graham Humphreys :