I see a bad moon rising, I see trouble on the way…
REALISATEUR & SCENARISTE
John Landis
DISTRIBUTION
David Naughton, Jenny Agutter, Griffin Dunne, John Woodvine…
INFOS
Long métrage américain/britannique
Genre : horreur
Titre original : An American Werewolf in London
Année de production : 1981
Le légendaire maquilleur et concepteur d’effets spéciaux Rick Baker vient d’annoncer sa décision de prendre sa retraite lors d’une interview sur une radio américaine. Citant une évolution du métier incompatible avec ses méthodes de travail, Rick Baker n’exclut tout de même pas une possibilité de servir de consultant pour des productions à petit budget. Mais les films de studios sont maintenant du passé pour lui. Il parle d’ailleurs de son dernier travail en date, Maléfique avec Angelina Jolie, en ces termes : « J’aurais pu le faire dans mon garage ».
Passionné de monstres depuis son plus jeune âge, Rick Baker fait ses débuts sur grand écran en s’occupant de la conception de la créature d’une série Z intitulée Octaman (on peut d’ailleurs voir un extrait de ce film dans Gremlins 2). Il a ensuite l’occasion de travailler avec celui qui deviendra son mentor lorsqu’il devient l’assistant de Dick Smith sur L’Exorciste. Parmi ses prestations les plus remarquées des années 70, citons le King Kong de John Guillermin (qui fera de lui un spécialiste des singes en tout genre) et la conception des extra-terrestres de la Cantina de La Guerre des Etoiles.
1973 marque aussi sa rencontre avec John Landis qui lui confie les maquillages de sa comédie Schlock. C’est là que Landis lui parle d’un scénario qu’il a écrit à la fin des années 60, An American Werewolf in London.
En 1969, John Landis a l’idée de l’histoire qui deviendra Le Loup Garou de Londres en assistant à un étrange rituel funéraire des gens du voyage pendant le tournage en Yougoslavie du film de guerre De L’or pour les Braves, sur lequel il officiait en tant qu’assistant. Selon ses habitudes, John Landis aime à mélanger les genres et doit ranger son scénario dans un tiroir le temps de trouver un financement, les différents producteurs approchés trouvant le projet « trop drôle pour un film d’horreur et trop horrible pour une comédie ».
Cela prendra 10 ans (et causera une petite embrouille entre Landis et un Rick Baker impatient parti travailler sur un autre film de loup-garou, Hurlements).
Sur l’insistance de Landis, Rick Baker laissera son poulain Rob Bottin prendre sa place sur le long métrage de Joe Dante et partira en Angleterre pour ce qui deviendra l’un de ses travaux les plus célèbres et qui lui vaudra le premier Oscar décerné pour les maquillages.
Sur un postulat classique (lors d’une virée en Angleterre avec son meilleur ami, un jeune touriste américain est mordu par une étrange créature qui se révèlera être un loup-garou et doit alors affronter les sanglantes conséquences de sa transformation), John Landis signe une oeuvre brillante qui mêle avec habileté tension, horreur, romance et humour, mais sans que cet humour (qui passe notamment par les irrésistibles scènes où le héros se réveille à poil après sa première transformation et par un personnage de flic gaffeur) ne désamorce ce qui fait l’intérêt du destin tragique de David Kessler.
Fondu des grands monstres de la Universal et de la Hammer, John Landis rend hommage aux figures du genre et multiplie les références tout en imposant sa propre patte et en soignant l’identité visuelle de son métrage.
Pour éviter les astuces un peu cheap des vieux films de loup-garou, Landis a souhaité montrer la première transformation de David en une longue séquence très détaillée entrée dans la légende des effets spéciaux. Les membres s’allongent, les os craquent et grâce au jeu de David Naugton, il n’est pas difficile de ressentir la douleur du personnage principal. Le réalisateur choisit ensuite de montrer avec parcimonie son lycanthrope, ce qui renforce l’efficacité de la scène du métro avec un effet plongeant particulièrement réussi et la révélation dans toute sa splendeur de cet énorme « chien de l’enfer » lors du grand final.
Mais il ne faut pas oublier non plus les autres maquillages de qualité, comme celui de Jack (joué par Griffin Dunne), qui meurt déchiqueté par le loup-garou au début du film et qui revient hanter son ami David, étant piégé dans les limbes jusqu’à ce que le dernier lycanthrope disparaisse de la surface de la Terre. D’apparition ensanglantée à squelette en lambeaux en passant par un zombie pourrissant, les étapes de la déchéance physique de Jack sont progressives et admirablement détaillées. Sa caractérisation est soignée, le personnage gardant tout son humour et sa bienveillance envers son ami…même quand il lui demande de se suicider « pour son bien ».
Bien qu’ils n’aient pas toujours été sur la même longueur d’ondes, John Landis et Rick Baker ont ensuite continué leur collaboration sur l’excellent clip Thriller de Michael Jackson et sur la comédie assez moyenne Un Prince à New-York (où Eddie Murphy et Arsenio Hall interprétaient 4 personnages chacun grâce au talent de Rick Baker).
Blue Moon, you saw me standing alone…