SPÉCIAL ZEMBLA #1-175

Hier soir, je suis passé devant le rayon où il y a tous mes pockets Lug/Semic, et j’ai pris les derniers Spécial Zembla, afin de relire « Zolt Zam », série d’Yves Chantereau dont nous parlions dans la discussion consacrée à Robur de Lofficier et Formosa.

À ma grande surprise, « Zolt Zam » figure au sommaire des numéros 170 à 175, soit six épisodes de dix-huit pages chacun. J’ai pourtant signé les introductions des six épisodes, mais je n’en ai gardé qu’un souvenir épaté mais complètement flou, au point d’être persuadé qu’il n’y avait qu’un ou deux épisodes.
En fait, la série constitue une vaste saga d’aventures interdimensionnelles, dont la tonalité est joliment parodique. C’est complètement kirbyen, et pas seulement parce que Chantereau sample (pour reprendre une expression de Reed Man) des dessins de Kirby (mais aussi de John Buscema, de John Romita, voire de Ross Andru : il pioche dans le premier Superman vs Spider-Man afin d’y dénicher le robot géant de Luthor, par exemple). C’est aussi kyrbien parce que c’est pété d’idées aussi foutraques que brillantes (les créatures qui se multiplient quand on les tue, au point de menacer leur propre planète par leur prolifération !!!) et que le sous-texte anti-pognon rapproche un peu la série du fameux OMAC du « King of Comics ».

image

De son vrai nom Zolt Zammer, le héros est un agent pluri-dimensionnel, ce qui veut dire qu’il explore les mondes parallèles (en passant par la « quatrième dimension ») afin de trouver des ressources pour son propre monde. Il est donc du côté des entrepreneurs capitalistes, travaillant pour le moustachu Buckmaster. La teneur des deux ou trois premiers épisodes tournent autour des profits, de la concurrence, de la nationalisation, des congés payés… et franchement, si ça va à cent à l’heure, c’est aussi très drôle.
Au fil de ses explorations, Zolt Zam est confronté à Rosko, un pirate profitant de ses explorations pour émarger sur les profits, et qui s’avère être son frère. Cette fratrie problématique constitue la matière de, disons, la deuxième moitié de la saga, puisque Zolt est accusé d’être le complice du pirate et doit prouver son innocence (occasion pour Chantereau de boucler certaines intrigues, notamment en expliquant comment il pouvait toujours suivre le héros à la trace).
Une planète de robots, des têtes qui se reproduisent en explosant, une Terre pacifiée et démunie de toute arme, un robot nourrice au programme meurtrier, des champs magnétiques qui protègent de tout, des machines temporelles pour ressusciter les gens réduits en cendres, des emprunts à Kirby (les « ordinateurs-pères » et autres tablettes dimensionnelles téléportrices), un narratoscope dans un coin de laboratoire qui vient faire des commentaires dans le récit… « Zolt Zam » est une série inventive qui ne se prend pas au sérieux, et qui se lit avec un plaisir gourmand.

image

Du coup, je me suis replongé dans ces quelques numéros. Et qu’est-ce que c’était bien. Bon, j’avais oublié que j’y avais fait une série intitulée « Les Contes de la terre brûlée », qui détaillait un peu le monde de la terre alternative où se situent les aventures de Waki, en reprenant des planches de mon album avorté chez Soleil. J’avais oublié aussi que l’un des derniers épisodes d’Ozark, dessiné par Fred Grivaud, y figurait (et purée, il est vachement bien, cet épisode). J’ai également redécouvert certains récits de Cyrille Munaro autour de Zembla, qui sont tous très bien (« Young Zembla » est super drôle, « Zembla Beyond » est un énorme clin d’œil…). Sans compter une aventure de Zembla puis une création par mon complice Thierry Olivier.

image

Et les couvertures ! Deux illustrations de Caza, quand même, sur cette courte et ultime période. Au milieu de Mike Hoffman, Reed Man, Peter Von Scholly ou Louis LaChance…
Mâtin, quel pocket !!!

Jim