SPÉCIAL ZEMBLA #1-175

Tiens, j’ai retrouvé des images des épisodes de Zembla dessinés par mon compère Thierry Olivier chez Semic.
Notamment « La Trahison de Radak ».

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Ou encore « La Méduse » :

Et l’ensemble de ces récits, plus douze pages inédites, a été compilé chez Hexagon Comics, dans le premier numéro des Nouvelles aventures de Zembla.

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Commandable ici :

Jim

Tiens, une petite dédicace Zembla par mon compère Thierry Olivier.

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Sans doute dans un des deux albums édités au Coffre à BD il y a quelques années (je pense qu’ils ne sont plus disponibles… En revanche, le numéro des Nouvelles aventures de Zembla cité plus haut est disponible, lui).

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Jim

Il y a vingt ans paraissait la deuxième partie d’un diptyque dont j’ai assuré le scénario (ça, ça va encore…) et le dessin (là, c’est un peu moins bon, pour rester dans l’euphémisme).

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Le scénario mettait en vedette Zembla qui assistait au retour du sorcier Ozark, vedette oubliée de l’éphémère Mustang version « sup’héros ». Et pour ce deuxième volet, j’avais droit à une couverture de Franco Oneta, l’un des dessinateurs historiques de Zembla, dans son style baroque et onirique, pour tout dire inimitable.

Jim

Hier soir, je suis passé devant le rayon où il y a tous mes pockets Lug/Semic, et j’ai pris les derniers Spécial Zembla, afin de relire « Zolt Zam », série d’Yves Chantereau dont nous parlions dans la discussion consacrée à Robur de Lofficier et Formosa.

À ma grande surprise, « Zolt Zam » figure au sommaire des numéros 170 à 175, soit six épisodes de dix-huit pages chacun. J’ai pourtant signé les introductions des six épisodes, mais je n’en ai gardé qu’un souvenir épaté mais complètement flou, au point d’être persuadé qu’il n’y avait qu’un ou deux épisodes.
En fait, la série constitue une vaste saga d’aventures interdimensionnelles, dont la tonalité est joliment parodique. C’est complètement kirbyen, et pas seulement parce que Chantereau sample (pour reprendre une expression de Reed Man) des dessins de Kirby (mais aussi de John Buscema, de John Romita, voire de Ross Andru : il pioche dans le premier Superman vs Spider-Man afin d’y dénicher le robot géant de Luthor, par exemple). C’est aussi kyrbien parce que c’est pété d’idées aussi foutraques que brillantes (les créatures qui se multiplient quand on les tue, au point de menacer leur propre planète par leur prolifération !!!) et que le sous-texte anti-pognon rapproche un peu la série du fameux OMAC du « King of Comics ».

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De son vrai nom Zolt Zammer, le héros est un agent pluri-dimensionnel, ce qui veut dire qu’il explore les mondes parallèles (en passant par la « quatrième dimension ») afin de trouver des ressources pour son propre monde. Il est donc du côté des entrepreneurs capitalistes, travaillant pour le moustachu Buckmaster. La teneur des deux ou trois premiers épisodes tournent autour des profits, de la concurrence, de la nationalisation, des congés payés… et franchement, si ça va à cent à l’heure, c’est aussi très drôle.
Au fil de ses explorations, Zolt Zam est confronté à Rosko, un pirate profitant de ses explorations pour émarger sur les profits, et qui s’avère être son frère. Cette fratrie problématique constitue la matière de, disons, la deuxième moitié de la saga, puisque Zolt est accusé d’être le complice du pirate et doit prouver son innocence (occasion pour Chantereau de boucler certaines intrigues, notamment en expliquant comment il pouvait toujours suivre le héros à la trace).
Une planète de robots, des têtes qui se reproduisent en explosant, une Terre pacifiée et démunie de toute arme, un robot nourrice au programme meurtrier, des champs magnétiques qui protègent de tout, des machines temporelles pour ressusciter les gens réduits en cendres, des emprunts à Kirby (les « ordinateurs-pères » et autres tablettes dimensionnelles téléportrices), un narratoscope dans un coin de laboratoire qui vient faire des commentaires dans le récit… « Zolt Zam » est une série inventive qui ne se prend pas au sérieux, et qui se lit avec un plaisir gourmand.

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Du coup, je me suis replongé dans ces quelques numéros. Et qu’est-ce que c’était bien. Bon, j’avais oublié que j’y avais fait une série intitulée « Les Contes de la terre brûlée », qui détaillait un peu le monde de la terre alternative où se situent les aventures de Waki, en reprenant des planches de mon album avorté chez Soleil. J’avais oublié aussi que l’un des derniers épisodes d’Ozark, dessiné par Fred Grivaud, y figurait (et purée, il est vachement bien, cet épisode). J’ai également redécouvert certains récits de Cyrille Munaro autour de Zembla, qui sont tous très bien (« Young Zembla » est super drôle, « Zembla Beyond » est un énorme clin d’œil…). Sans compter une aventure de Zembla puis une création par mon complice Thierry Olivier.

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Et les couvertures ! Deux illustrations de Caza, quand même, sur cette courte et ultime période. Au milieu de Mike Hoffman, Reed Man, Peter Von Scholly ou Louis LaChance…
Mâtin, quel pocket !!!

Jim

Que de bons souvenirs. Il m’arrive aussi de picorer quelques histoires courtes de temps en temps…

Merci pour ces belles invitations de lecture Jim !

Tu nous vend super bien la série en tout cas ! Il n’y a plus qu’à espérer que Hegaon/Rivière blanche finisse par la proposer un jour malgré sa courte durée (dans un volume anthologique peut-être ?).
Le côté « idées foutraques de SF » est-il à rapproché un peu de l’esprit des Tharg’s Future Shocks de Moore par exemple ?

Est-ce présent dans la réédition de Rivière blanche ?

Hmm, je n’y avais pas pensé. Mais je continue à comparer à OMAC, parce que les deux héros sont des agents du système, parce qu’il s’agit d’un système capitalisme futuriste, parce que le tout est teinté de critique sociale car ledit système est une métaphore du nôtre…

Non.
Ce qui rend ces Spécial Zembla encore plus collector, héhéhé…

Jim

C’est malin, j’ai aussi envie d’enfin me prendre le OMAC de Kirby maintenant !

Quelqu’un aurait un site avec le sommaire détaillé de Special Zembla ? Bedetheque et GCD ne sont pas du tout complets sur le sujet.

Peut-être mon Kirby préféré de la période DC… avec Demon.

J’ai pas, et vu les références données par les copains un peu plus haut, c’est visiblement pas facile de trouver des références exhaustives.

Jim

Les histoires des numéros 170 et 171 provenant du Nevada 424.

Hélas, ce n’est pas facile de trouver les sommaires complets pour les petits formats…
Pour Spécial Zembla, il y a le sommaire des numéros par là (sur chaque numéro, on peut accéder aux précédents, mais pas aux suivants… C’est pour ça que j’ai mis le lien du 175) :
http://www.pimpf.org/semic/zembla/szembla175.htm

Tori.

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Merci pour ce lien, c’est pile ce que je cherchais ! Le site PIMPF est effectivement assez peu ergonomique, il faut pas mal se débrouiller pour circuler dessus.

Dans Spécial Zembla n°170-172 pour ceux qui veulent la référence exacte. :wink:

Je vois que tu as aussi participé à la série Spiro Anaconda ; un titre d’heroic fantasy si j’ai bien compris ?

Ah ça, j’en suis très content, et ça devait faire une série au long cours, mais le dessinateur, qui réalisait ici sa première bande dessinée en France (et peut-être sa première bande dessinée tout court) est allé ensuite faire Central Zero, écrit par un certain Nikolavitch.

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Le dessinateur en question, c’est Toni Fejzula, qui a par la suite illustré Veil, un polar fantastique par Greg Rucka, ou encore Dead Inside avec John Arcudi, et qui fait aujourd’hui ses propres albums en franco-belge, à l’exemple de Patria. Un gars dont le style est en perpétuelle évolution, il essaie constamment des choses nouvelles.

Et pour revenir à « Spiro Anaconda », c’était un monde de fantasy, ouais, mais qui lorgnait aussi vers le post-apo (Toni a rajouté quelques détails dans les coins qui pourraient laisser penser que l’action se passe « après », pas « avant »).
C’était mes débuts sur de la série à suivre, et franchement j’aurais bien aimé continuer cette série, pour laquelle d’ailleurs j’ai eu de très chaleureux retours, à la fois par les lecteurs et aussi par des professionnels. Je crois que le dessin de Toni y était pour beaucoup.

Jim

En novembre 2000, il a participé au premier numéro d’El reino salvaje de Conan :

Avec cette histoire :

Tori.
PS : Et il n’avait même pas vingt ans…

Ah ouais, sorti deux mois avant notre premier épisode de « Spiro Anaconda ».
D’après mes vieux fichiers, j’ai dû développer la série à l’été 2000. Apparemment, les deux premiers épisodes ont été bouclés en septembre (mais peut-être avant). Je pense que Toni a dû se mettre à travailler dessus à l’été (août ?). Les pages de Conan sont donc de la même période. Est-ce qu’il nous les avait montrées lors de notre rencontre (à Angoulême, je dirais), aucune idée.

Purée, ça tabasse.
Je n’ai pas le souvenir de les avoir vues, j’ai l’impression de les découvrir.
Merci, ça réjouit les yeux.

Jim

Oui, je ne sais pas si c’est antérieur ou pas… La publication est antérieure, mais il a pu travailler sur les deux en parallèle…

Tori.

Oui, ça doit se jouer à quelques semaines ou mois près. Je crois me rappeler qu’il nous disait travailler sur quelque chose, mais est-ce que c’était en cours ou fini, aucune idée.
J’aime beaucoup cette veine Alex Niño / Walt Simonson / Philippe Druillet de ses débuts.

Jim

C’est alléchant tout ça ! Il y a eu combien d’épisodes du coup ?

Là tu m’intrigues, qu’est-ce que ce magazine ? Des traductions de production US (les liens en espagnol que je trouve mentionnent Roy Thomas) avec du contenu créé pour l’occasion ?

Quatre.
Je viens de vérifier, j’en ai écrit trois autres.
Chose étonnante, les quatre épisodes publiés sont les 1, 2, 4 et 5. Je ne sais plus pourquoi le troisième n’a pas été dessiné. Sur des séries, il m’arrive de travailler sur plusieurs épisodes en même temps. Il est possible que le quatrième et le cinquième aient été finis avant le troisième. Faut que je relise tout ça.

On dirait bien, hein.
J’ai l’impression qu’il y a eu des productions italiennes dans des revues transalpines aussi : faudrait que je retrouve dans ma collection personnelle, pour être sûr que je confonds pas).

Jim

C’est exactement ça : la traduction de King Conan complétée par une production locale (par un/des auteur(s) différent(s) à chaque numéro).

Tori.

Hop, hop, hop.
Je profite de votre discussion sur Spiro Anaconda pour… y revenir moi-même, après que Jim m’ait permis de découvrir les Spécial Zembla n°158, 159 et 160.

Bon, j’ai lu les autres récits du magazine, et j’admets ne pas tout aimer. J’ai apprécié Dharkhold pour son chevalier perturbé, mais le dessin ne m’a pas emballé. Kabur est une lecture agréable, tandis que le personnage qui donne son titre, Zembla, m’a laissé de marbre. Trop rempli d’un humour ou d’une décontraction qui ne me touchent pas.

Passons ici à Spiro Anaconda, donc !
J’ai découvert ici ce que le rédactionnel appelle les trois premiers épisodes, même si Jim dit plus haut que cela doit correspondre aux n°1, 2 et 4.
On a ici des petits récits, qui n’ont pas de « à suivre ». Essentiellement des scènes de vie, des « moments » qui permettent de définir le personnage et, un peu, son univers.

Qui est Spiro Anaconda, donc ?
Un chasseur de dragons, dans un monde d’Heroic-Fantasy qui surfe vaguement sur le post-apocalyptique. Un monde âpre, dur, violent, sans concession et sans justice.
Le premier épisode, « Regarde Spiro Anaconda !!! », montre la lutte de Spiro, au look assez paramilitaire, contre un dragon qui terrorise un village. Sauf qu’il découvre que le dragon est une dragonne qui protégeait son bébé, que les villageois veulent revendre pour leur profit. Spiro viendra délivrer la bête, pour qu’elle fuit en causant des dégâts, après avoir été chassé comme un malpropre.
Le deuxième épisode, « Divna », amène Spiro à recueillir une enfant mordue par une vipère alors qu’elle jouait avec ses camarades (avec des masques de dragon). Alors que les villageois se demandent qui il est, et le rejettent, Spiro soigne l’enfant et est remercié… puis on exige de lui son départ, car « on n’aime pas les chasseurs de dragons ! »
Enfin, le troisième épisode, « Drago Eden », en dit plus sur Spiro, qui confronte ici Drago Eden, son mentor, qui lui rappelle l’avoir recueilli dans un village anonyme, avec le jeune Spiro qui a pris le train en marche pour chasser les Dragons. Drago en a été fier mais s’emporte car Spiro « l’abandonne » en trouvant une femme… et Spiro, pour se défendre, doit tuer Drago, qui le remercie (de mettre fin à une triste vie).

Bon, que dire ?
J’ai passé de bons moments de lecture, ici. J’aime bien le principe de scènes de vie, de « moments » qui permettent de caractériser un personnage et un univers par petites touches. Je suis intimement persuadé qu’il est extrêmement difficile d’écrire des petits récits, de faire court, et Jim s’en sort bien, ici.
Très vite, Spiro est caractérisé efficacement, certes en invoquant des éléments bien connus, mais sans en faire un cliché. L’univers est abordé, sans en faire trop, et l’ensemble est froid, sombre, terrible.
Il y a une mélancolie générale, un sentiment d’abandon, de lutte perdue d’avance non pas contre les dragons mais un destin contraire qui est particulièrement intéressant. Ce n’est pas une série « positive », mais elle n’est pas déprimante. Spiro Anaconda est un personnage qui évolue, qui erre, qui subit mais qui avance ; même si on le rejette, toujours.

En pleine lecture, j’ai rapidement pensé à un phénomène récemment adapté sur Netflix : The Witcher / Le Sorceleur.
Je retrouve chez Spiro des éléments proches, avec ce chasseur de monstres (de dragons ici, précisément) rejeté de tous, mais embauché pour faire la besogne, avant d’être évacué comme un malpropre. Leurs existences sont tristes, brutales, violentes, solitaires, avec la perte d’êtres chers souvent par sa propre faute, ou par la faute de décisions pour tenter d’avoir « quelque chose » à eux.
Le parallèle me frappe assez, j’ignore si Jim connaît la franchise à l’époque, j’en doute car l’ensemble paraît avoir été publié fin des années 2000, en France.

Au niveau de la structure des histoires elles-mêmes, c’est efficace et prenant. J’admets que je n’ai pas immédiatement « capté » qu’il y avait un bébé dragon dans la première, et la troisième demeure finalement un monologue illustré… mais de quelle manière !
Cela me permet de parler de Toni Fetzula, qui dessine l’ensemble avec un style léché. Les deux premiers épisodes ont une approche « classique », mais de très haut niveau, avec des planches très solides, une narration efficace (un peu moins sur le premier, quand même) et un style sec, tranché qui fonctionne idéalement dans cette ambiance. Le dessinateur propose cependant un travail encore plus épatant dans le troisième épisode, avec un encrage plus massif, qui forme une ambiance extraordinaire et superbe, toutes en ombres intenses.
C’est top.

Spiro Anaconda, c’est en tout cas une belle découverte, de bons moments dans un univers (l’Heroic-Fantasy) avec lequel j’ai souvent du mal… et qui, aussi, « montait » quand même bien le niveau de Spécial Zembla. Sans être trop dur, je dois admettre que les autres productions m’ont paru plus faibles à côté, même si cela a été agréable de les découvrir.