REALISATEUR
Lucio Fulci
SCENARISTES
Dardano Sacchetti et Elisa Briganti
DISTRIBUTION
Ian McCulloch, Tisa Farrow, Richard Johnson, Al Cliver…
INFOS
Long métrage italien
Genre : horreur
Titre original : Zombi 2
Année de production : 1979
Démonstration de l’opportunisme légendaire des producteurs italiens pendant la grande époque du cinéma d’exploitation, L’Enfer des Zombies a pour titre original Zombi 2, histoire de capitaliser sur la popularité du Zombie/Dawn of the Dead de George A. Romero, dont le titre italien est Zombi (et détail amusant, Zombi 2 est sorti aux U.S.A. sous le titre Zombie). Le scénario de Dardano Sacchetti existait déjà avant le classique de Romero et c’est le producteur Fabrizio de Angelis qui a demandé à l’auteur de le réécrire pour ajouter un prologue et un épilogue situés en Amérique, afin de relier artificiellement le film à Zombie dans l’idée de le présenter comme une préquelle qui expliquerait les origines de l’apocalypse zombie.
Et pourtant les morts-vivants de L’Enfer des Zombies n’ont rien à voir avec ceux de Romero. Lucio Fulci et ses scénaristes reviennent ici aux origines du mythe du zombie et ses racines haïtiennes, le vaudou ramenant les morts à la vie. Fulci n’était pas le premier réalisateur prévu (Enzo G. Castellari, plutôt spécialisé dans l’action et les westerns, a passé la main car le genre horrifique ne l’inspirait pas) mais il en a profité pour donner un nouveau souffle à sa carrière (même s’il était contre l’idée d’appeler le film Zombi 2). Et cette première véritable incursion dans l’horreur (après les fulgurances que l’on peut trouver dans ses gialli par exemple) fut un succès au box-office…
Loin du côté mercantile du titre, L’Enfer des Zombies possède sa propre identité et instaure, dès les premières images, une atmosphère anxiogène palpable avec les plans de ce bateau à priori abandonné qui dérive vers New-York, tel un Demeter qui porte à son bord un mal abominable. L’action se déplace ensuite sur une île des Caraïbes, où un journaliste (interprété par l’écossais Ian McCulloch) et la fille du propriétaire du voilier (jouée par Tisa Farrow, la petite soeur de Mia) poursuivent leur enquête. Avec les deux touristes qui les ont emmenés (pas les personnages les plus intéressants du lot…mais comme ils sont juste là pour se faire bouffer), ils vont faire la connaissance d’un docteur (Richard Johnson, vu notamment dans La Maison du Diable de Robert Wise) dont l’approche rationnelle est mise à mal par les croyances locales…
D’un scénario léger, Lucio Fulci tire un suspense implacable rythmé par d’incessants et inquiétants tam-tams et les thèmes musicaux de Fabio Frizzi et Giorgio Tucci. Une idée aussi délirante que gratuite mise à part (j’ai toujours trouvé la scène du combat aquatique zombie contre requin superflue), le film impose sa vision pessimiste et nihiliste empreinte d’une certaine poésie morbide, ce qui sera aussi la marque des meilleures entrées de la filmographie de Fulci dans le genre comme L’Au-delà et Frayeurs.
La scène qui montre les morts du vieux cimetière perdu dans la jungle se relever de leurs tombes est ainsi superbement filmée et j’aime beaucoup l’apparence des zombies. Le teint terreux, les vers de terre, les yeux le plus souvent fermés…c’est un visuel très marquant. Tout comme les scènes ultra-gores, avec cette façon qu’à Fulci de les étirer pour en appuyer l’impact (comme la fameuse énucléation qui a longtemps été censurée dans certaines versions du film). L’assaut final est palpitant et le dernier plan, sur lequel défile le générique, est très réussi.
Neuf ans plus tard, dans une situation difficile pour lui (et dans un cinoche de genre italien en plein déclin), Lucio Fulci a été appelé pour mettre en scène Zombi 3 (aucun rapport avec le précédent). Une débâcle pendant laquelle un Fulci malade a quitté le tournage pour être remplacé par ces tâcherons de Bruno Mattei et Claudio Fragasso (responsable quant à lui d’un Zombi 4 tourné quasiment dans la foulée)…