REALISATEUR
George Miller
SCENARISTES
George Miller et James McCausland, d’après une histoire de George Miller et Byron Kennedy
DISTRIBUTION
Mel Gibson, Joanne Samuel, Hugh Keays-Byrne, Steve Bisley, Roger Ward…
INFOS
Long métrage australien
Genre : action/science-fiction
Année de production : 1979
Alors qu’il travaillait en tant que docteur dans les urgences d’un hôpital de Sydney, George Miller a régulièrement été témoin de blessures graves et de décès dus à des accidents de la route. Il a lui-même perdu trois amis dans ces circonstances dans sa jeunesse. Une violence qui allait servir de base à son premier long métrage en tant que réalisateur (après quelques courts métrages tournés au début des annés 70), Mad Max. Un film qui tire aussi son inspiration des réflexions de leurs auteurs sur les effets du choc pétrolier de 1973 sur leurs contemporains. Comme le co-scénariste James McCausland l’a expliqué, les australiens ont fermement défendu, souvent avec férocité, leur droit à la mobilité et à remplir le réservoir de leur bagnole. Et le simple geste de doubler quelqu’un dans la file d’attente d’une station-service pouvait déclencher une bagarre…
Si les problèmes étaient actuels, Miller pensait que le public ne croirait à l’histoire que par le prisme du récit d’anticipation. Avant que le génial Mad Max 2 (qui reste le meilleur film de la saga) devienne la référence principale du genre post-apocalyptique au cinéma, Mad Max tient plus du récit dystopique qui se déroule dans une époque indéfinie, un futur (très) proche qui s’accroche à ce qui reste de société mais qui sombre de plus en plus chaque jour dans l’anarchie et la sauvagerie.
Le budget modeste du premier long métrage de George Miller (environ 400.000 dollars australiens) accentue encore plus cette impression : le palais de justice tombe en morceaux, la police n’a quasiment pas de moyens pour faire face à la brutalité des gangs qui ont pris possession des routes et qui s’arrogent le droit de vie et de mort sur toutes les vies qu’ils croisent. Une déliquescence retranscrite de façon très convaincante, notamment par des visuels percutants et par l’interprétation exagérée des motards, Hugh Keays-Byrne (alias Toecutter, le Chirurgien en V.F.) en tête.
Le « Max le Fou » du titre est Max Rockatansky, un flic joué par un Mel Gibson alors inconnu (âgé de 22 ans au moment du tournage, il n’avait qu’un film et deux séries TV à son actif). George Miller prend du temps pour décrire la vie familiale de Max, ce qui lui a été reproché par certaines critiques pour qui ces scènes ralentissent le rythme. Pour ma part, j’aime ces passages qui participent au développement d’un personnage qui est partagé entre les deux aspects de sa vie : le calme et la paix que lui apportent sa femme et son fils et la folie de son métier, une violence qu’il a de plus en plus de mal à quitter et qui menace de le rendre complètement dingue. Dans ce monde qui part en vrille, il ne pourra hélas pas séparer travail et famille…jusqu’à l’irréparable…
Les scènes d’action allaient prendre une autre dimension dès le second volet, mais elles ne manquaient déjà pas d’efficacité. Les longues routes australiennes servent de décor à un festival de tôles froissées, souvent tourné dans des conditions que l’on peut qualifier de « cinéma guérilla ». La gestion du cadre était déjà là, c’est nerveux et d’une énergie dingue. George Miller s’autorise même quelques plans cartoonesques avec ces yeux qui sortent presque de leurs orbites au moment de l’impact fatal…
Le dernier acte est très sombre, donnant une nouvelle dimension au héros. Pour Max Rockatansky, la fin du monde…de son monde a débuté sur ce bout de route de campagne, avant la chute totale de la civilisation…