TINTIN : JOURNAL DES JEUNES DE 7 À 77 ANS (1946-1988)

Je pense que la reliure sera différente.
Et, donc, oui, le prix.

J’ai trouvé la version à couverture souple. Je pensais la trouver en kiosque, mais complètement absente partout. Je l’ai trouvé au rayon BD du Centre Culturel Leclerc du coin. Un seul exemplaire.
Et purée, il est maousse, c’est clair.

Jim

Oui, j’ai pris la 1ère version et c’est juste une reliure souple.

La version bleue sera surement une version cartonnée.

Je pense, ouais.
Faudrait que je relise les quelques liens postés plus haut, mais… j’ai la flemme !

Jim

Amazon, Fnac… indiquent bien version brochée pour la 1ère et reliée pour la 2ème.

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Merci… de ne pas avoir la flemme !
:wink:

Jim

Tiens, j’en profite pour évoquer la sortie d’un gros volume évoquant l’histoire du journal et rééditant de nombreuses histoires courtes.

La grande aventure du journal Tintin - Tome 2

77 ans après son lancement, le Journal Tintin demeure un des piliers de la BD belgo-française ! Car, oui, les jeunes français durent patienter quelques années de plus pour connaître à leur tour les joies de l’aventure de 7 à 77 ans. Et si la « version française » du journal ressemblait beaucoup à son aînée, elle a tout de même accueilli nombre de pages inédites réalisées exclusivement pour elle. Ce somptueux recueil commenté de 777 pages leur fait la part belle !

  • Éditeur ‏ : ‎ LOMBARD; Illustrated édition (8 septembre 2023)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Relié ‏ : ‎ 776 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2808210825
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2808210829
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 3,6 Kilograms
  • Dimensions ‏ : ‎ 23.3 x 6 x 30.1 cm

Oups.

Bon, en même temps, un bouquin avec un nombre de pages impair, c’est rare…

Tori.

Ils ont dû tricher sur le foliotage, pour arriver à cette pirouette.
Genre, en numérotant une page de garde.

Jim

Il y a bien 777 pages successivement imprimées depuis la page 1 avec le titre de l’ouvrage en noir sur fonds blanc à la page 777 reprenant sur fonds orange un visuel de promotion de la version brochée du numéro spécial de 400 pages pour les 77 ans du Journal Tintin, et dont le visuel recto du frontispice correspondrait à la page 401 …

Je picore dans les nombreuses histoires courtes que propose le sommaire de ce numéro hommage (je ne me suis pas encore attaqué au rédactionnel).

Le terme hommage convient parfaitement, car les histoires que j’ai lues pour l’instant se divisent en deux catégories : les clins d’œil un peu méta, et les véritables hommages qui se veulent des épisodes courts susceptibles de rentrer dans le canon.

C’est le cas par exemple de l’histoire de Bernard Prince, réalisée par Matz et Philippe Xavier, qui raconte une petite aventure certes prévisible, mais à la morale efficace, qui sert aussi une caractérisation sensible.

C’est le cas également pour le récit consacré à Comanche et réalisé par Hermann, sur scénario de son fils. En fait, ce petit récit mettant en scène Red Dust se déroule juste avant la première page du premier album, et fournit une explication sur la raison pour laquelle le garçon vacher se retrouve avec une selle mais sans cheval.

De même, la jolie parenthèse que raconte Robin Recht dans la vie d’Alix est une manière de redéfinir le rôle et la portée politique du héros, tout en jouant habilement sur les sous-entendus, et en mettant en avant le monde romain dans lequel il évolue.

Plus frontale, la petite aventure des Casseurs, par Tristan Roulot et Thomas Legrain, est une chouette modernisation d’une série que j’aime beaucoup. C’est un peu anecdotique, mais c’est très sympa.

Rangeons également dans cette catégorie le récit renvoyant à Prudence Petitpas, par Kid Toussaint et Aurélie Guarino, qui rend véritablement hommage à la vieille dame férue d’enquête. Très touchant, le récit est à la lisière entre l’hommage méta (puisque l’hommage implique un passé révolu, à la fois pour le magazine et pour le personnage) et un véritable récit qui ouvre sur de potentielles déclinaisons.

Jim

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Tu te régales comme c’est là ?

Écoute, j’aime bien. L’assiette déborde, donc j’ai pas encore goûté à tout, mais disons que pour l’instant, c’est généreux et ça a du goût.
Je reviendrai parler d’autres trucs plus tard, j’ai de quoi lire…

Jim

Et au milieu, il y a parfois des bizarreries saugrenues. À l’image de l’enquête de Clifton réalisée par Foerster, et complètement décalée, lorgnant vers le fantastique absurde d’un Tardi, avec un discours politique caustique (prévisible, mais drôle). Et assez en accord avec le personnage britannique : une histoire qui raconte n’importe quoi avec un sérieux pince-sans-rire.

Jim

Dans cette catégorie « hommage qui raconte une histoire », il y a plein de chouettes récits.

Par exemple, le tandem Vincent Brugeas / Ronan Toulhoat, à savoir l’une des équipes actuelles les plus intéressantes, signe un récit de Lester Cockney assez sympa. Une altercation en Égypte, avec personnages réguliers, ancien ennemi et allié admiratif, ce qui occasionne quelques belles cases de souvenir. C’est dynamique, rapide, souriant.

Le Chevalier Blanc de Fred et Liliane Funcken est revisité par Tristan Roulot et Matteo Guerrero, qui joue la carte du vieillissement et du passage de relais entre génération, avec un jeune manant découvrant l’armure du héros… puis le héros lui-même. Petite remarque sur le bullage : les bulles de pensée sont à retravailler, quand même.

« L’Île du loup », une aventure de Blake & Mortimer par Jean Van Hamme et Teun Berserik, n’est qu’un prologue à un récit plus grand, visiblement. Est-ce une pirouette du scénariste ou réellement l’amorce d’un nouveau projet ? Il faudrait que j’aille vérifier sur d’autres forums, il me semble avoir vu passer des commentaires sur le sujet. Toujours est-il que c’est bien raconté et que ça peut donner envie d’en lire plus, même si ça détone dans le sommaire constitué d’histoires d’un seul tenant.

Dans la catégorie Blake & Mortimer, « Le Traquenard maléfique » est bien plus intéressant. Le récit s’inspire clairement du Piège diabolique, l’un des plus célèbres albums de la série, et rejoue la scène où Mortimer est coincé dans la machine temporelle du Professeur Miloch (ce qui a inspiré la première intrigue à rallonge dans le Tom Strong d’Alan Moore, lui-même fin connaisseur de Jacobs). Bien entendu, l’action, qui joue sur les ressorts classiques du paradoxe temporel, propose une fin lorgnant du côté du Voyageur imprudent de Barjavel.
La question dès lors est de savoir si le récit entre dans le canon ou pas. S’il est officiel ou pas. Si c’est le cas, alors il invalide Le Piège diabolique et redessine la continuité. Je ne suis pas sûr que l’impact en soit colossal, au demeurant, mais c’est étrange de vouloir ainsi « annuler » un tel jalon. Bon, Yann n’est pas à sa première manipulation temporelle, puisqu’il est associé à Morvan dans le scénario du cinquantième Spirou, lui aussi un voyage temporel.
Concernant l’écriture, Yann s’amuse avec les récitatifs, surjouant les répétitions entre didascalies indicatives et actions des personnages. Et cependant, il s’ingénie aussi à glisser des ellipses (notamment la manière dont Mortimer s’éclipse à la fin de la première confrontation), signe qu’il n’est pas dupe de sa boîte à outils narrative.
Question dessins, Simon Van Liemt livre des planches séduisantes, riches, totalement dans l’esprit jacobsien, mais avec une élégance et une modernité bienvenues. C’est très beau. J’ai mis un temps assez long à tilter qu’il s’agit du dessinateur de la nouvelle version de Ric Hochet, et je comprends mieux mon engouement pour ses personnages.

Le dessinateur Clarke donne une « fin » à Simon du Fleuve, poussant jusqu’au bout la logique post-apo de la série dans un ultime récit tout en cases horizontales, qui réactivent les peurs nucléaires de l’époque, en parfait écho avec les inquiétudes actuelles. Saisissant.

En revanche, pas convaincu du tout par la reprise de Nanouche, par Jérôme Hamon et David Tako, le tandem de Green Class. L’histoire, qui commence sur un plateau de tournage, me semble mal équilibrée, et les dialogues trop allusifs pour offrir une véritable caractérisation, malgré les efforts pour faire vibrer une corde tissée de sentiments.

Davantage séduit par l’histoire d’Arya, qui se situe entre le troisième et le quatrième album, et qui associe l’évocation d’un schamanisme de bazar qui fonctionne bien et d’un féminisme guerrier qui a un petit goût de reviens-y. Le scénario de Hugo Poupelin est dense, avec des dialogues riches en caractérisation, et le dessin de Frédéric Genêt est très joli.

Les trois pages que Bastien Vivès consacre à Julie, Claire, Cécile sont bien entendu très belles, assez creuses mais l’ensemble est sympathique.

Yves Swolfs livre une aventure de Ringo, un convoyage de diligence dont l’une des passagères cache un secret. Sympa, un peu rapidement résolu, mais propre.

N’étant pas connaisseur de Gilles Roux et Marie Meuse, je n’ai que moyennement goûté la petite histoire de Chris Lamquet et Magda, qui met en scène les deux personnages (et leurs chats) lors de retrouvailles peu chaleureuses des années plus tard. Je manque sans doute de familiarité avec la série pour en savourer l’hommage.

En revanche, Quentin Zuttion signe un magnifique hommage aux Pom et Teddy de François Craenhals, racontant la rencontre entre les deux héros orphelins. Quelques pages de préquelle qui toucheront tous les amoureux de la vie animale.

Et puis, il y a le récit de Buddy Longway, par Fabien Velhmann et Mobidic, qui se concentre sur le personnage de Chinook. Là encore, l’histoire se déroule avant la série et joue sur la connaissance que les lecteurs peuvent en avoir, en éclairant le personnage principal par le biais d’un personnage secondaire.

Jim

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Je continue à picorer dans le sommaire de ce gros pavé, et je crois qu’il est temps d’évoquer quelques récits à connotation méta. Tout n’est pas formidable, mais en général ça tombe plutôt pas mal.

Par exemple, Dimitri Armand, qui officie ici en tant que dessinateur mais aussi scénariste, livre une aventure temporelle de Bob Morane où le héros et ses deux alliés courent après un trésor qui s’avère… être le numéro de Tintin dans lequel il a fait son apparition. Le récit est musclé, avec un dessin et des cases clairement influencés par les comics.

La dessinatrice Alix Garcin (dont le sommaire propose une interview), à l’occasion de son évocation de la série Modeste et Pompon de Franquin, parvient à la fois à évoquer la figure du dessinateur, qui rencontre son héroïne, et la place des femmes dans les fictions franco-belges classiques. Aussi joli que délicat et sensible.

Dans un genre voisin mais en mode plus hilarant, Lewis Trondheim raconte l’arrivée de son Lapinot à une soirée donnée par le journal Tintin, où tous les invités attendent l’arrivée du héros éponyme (que bien entendu on ne verra pas). L’auteur en profite pour taquiner les vieilles règles narratives de la ligne claire à la Jacobs, en montrant un Blake et un Mortimer bien désemparés en l’absence de récitatifs en haut de case, que Lapinot doit compenser en improvisant. Assez hilarant, surtout avec le passage consacré à Cubitus.

Clark, qui a déjà donné sa version de Simon du Fleuve (évoquée plus haut), livre aussi une interprétation du Rork d’Andreas. Rendant hommage à la fois au fond et à la forme, le bédéaste utilise des cases horizontales et verticales et un noir & blanc expressionniste, et brouille les parois séparant la fiction, la réalité et la création : qui est le héros, qui est l’auteur, qui est la victime de l’autre. Assez rorkien. Ou andreassien. Ou rorko-andreassien.

Mais je crois que la palme du méta est remportée par l’histoire intitulée « Guerilla pour un héros », écrite par Zidrou et Falzar et illustrée par Benoît Dellac et Hamo. L’histoire raconte comment un enfant, fidèle lecteur du journal, est choqué par un cliffhanger dans un épisode de Bernard Prince. Incapable d’attendre une semaine pour connaître la suite, il en parle à deux camarades qui imaginent comment d’autres héros pourraient se ruer à la rescousse de Prince et de son associé. C’est Hamo qui dessine les planches consacrées aux lecteurs, et c’est Dellac qui illustre celles où les différents aventuriers de papier viennent (tenter d’) aider Bernard Prince. C’est Bruno Brazil et son Commando Caïman qui ouvrent le bal, mais leur action en force ne sauve personne. Les trois jeunes lecteurs imaginent ensuite comment Tounga pourrait intervenir (après tout, la jungle préhistorique ou la jungle contemporaine, hein…), puis font intervenir les Panthères de Greg et Aidans (et ouais, je les avais bien reconnues) ainsi que Martin Milan.

Le récit, en plus de la mise en abyme et de la déclaration d’amour à la force de l’imagination, vaut par sa capacité à ne pas se prendre trop au sérieux ni à trop sacraliser les héros issus du patrimoine, qui sont convoqués au détour des pages. Il plane sur ces planches une atmosphère souriante, doucement nostalgique mais surtout, amusé. Un sourire communicatif.

Jim

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Je ne félicite pas Trondheim pour sa magnifique faute d’orthographe… Que les relecteurs n’ont pas vue.

Tori.

Bien vu ! Cette faute à « loquaces » est « cocasse ».

Ah ouais, pas vu non plus, diable.
Bon, moi, je l’écris plutôt « b-a-v-a-r-d-s », aussi…

Jim