RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

Tiens tiens, ils annoncent une réédition de la Great Darkness Saga, qui est considérée comme une saga essentielle (je veux bien le croire) et l’un des sommets de la série (je suis plus circonspect).

Pour ma part, j’ai la précédente édition depuis de longues années, et je me suis replongé dedans, par curiosité, parce que j’aime bien l’univers (même si je ne parviens pas, depuis des décennies, à me rappeler les noms des personnages) et parce que je sens bien que ma culture Légion n’est pas au point.

Et en fait, j’ai été grandement déçu. D’ordinaire, j’aime beaucoup ce que fait Paul Levitz, surtout sur la Justice Society (j’aime énormément sa participation à la reconstitution du groupe, dans les années 1970, avec Conway, Wood et toute la bande, par exemple). Mais là, j’ai trouvé ça compliqué, tarabiscoté, pas clair, pas attachant.

Je crois que je commence à comprendre ce qui fait que, depuis des années, je n’accroche pas à la série. Je crois que c’est trop lisse.

L’univers en soi est trop lisse, présentant un futur un peu utopique, à la Star Trek, qui n’est jamais remis en cause ni placé dans une situation qui le mettrait en danger (l’avantage de Star Trek, c’est que c’est bien souvent éloigné de la Terre : la Légion, elle, est basée sur Terre, dans un éternel statu quo qui présente une société vaguement égalitaire, et qui n’est que fort rarement remis en cause. C’est sans doute pour cela que le début du run d’Abnett et Lanning, qui présente une société galactique menacée, la refonte de Geoff Johns avec une Terre dominée par un groupuscule raciste, ou la série de Mark Waid, qui présente une génération de jeunes révoltés, change un peu la donne et rend l’ensemble plus attachant.

Les personnages, également, sont trop lisses. Ils sont polis, ils s’entraident, ils ne s’engueulent que rarement et quand ça arrive, ils cherchent aussitôt à discuter, échanger et négocier (dans le TPB An Eye for an Eye, une engueulade entre Invisible Kid et chaipluki dure à peu près une case et demi avant que le Kid - qui est français, diplomate dans l’âme, quoi - ne dise à son adversaire qu’il va réfléchir à une solution).

Alors, certes, je connais mal, et certes, je n’ai lu qu’une petite portion de ce qui a été publié sur cet univers (je n’ai quasiment jamais lu Legionnaires, par exemple), mais j’ai dans l’esprit, quand je pense à la Légion, l’impression que la série est restée coincée dans l’écriture proprette des années 1960. Ce n’est pas un mal en soi, mais j’ai l’impression que ce qui a profité aux X-Men ou aux Jeunes Titans, à savoir construire des personnages qui ne soit pas monoblocs, n’est pas parvenu jusqu’au XXXe siècle.

C’est ainsi que l’emprisonnement de Chameleon Boy (dans Great Darkness Saga) ou la réaction extrême de Princess Projectra (qui pose la question de l’héroïsme, dans An Eye for and Eye) sont très intéressants, mais pour l’un c’est un peu présenté comme périphérique, et pour l’autre ça semble un événement posé pour profiter de la shock value que ça représente. Comme si c’était des événements exceptionnels qui ne devaient pas entacher la dimension utopique, et lisse, de cet univers.

La construction des récits, assez souvent également, sépare l’équipe en différentes missions. Pour un lecteur néophyte (ce que je crois être), cela dissout le caractère uni de l’équipe, qui perd de la cohésion qu’affirment pourtant les dialogues. Les scènes de groupe sont en général situées vers la fin (quand les héros gagnent) ou au milieu (quand ils perdent, afin de montrer que l’adversaire est puissant), parfois dans de grandes cases un peu bordélique. Les interactions entre les héros sont un peu court-circuitées à ce niveau. La succession de planètes abordées et de scènes de vol rend les personnages inhumains, d’une certaine manière. Il manque (en tout cas aux lectures que j’ai eues : quelques TPB, les Showcase…) des scènes où ils apparaissent en costume civil, où ils vont au restaurant ou font la vaisselle. Il manque à la Légion la dimension « hommes normaux » qui a si bien marché aux deux séries citées plus haut, au tournant des années 1980.

Il manque sans doute des colères, des fâcheries, de l’humanité qui hurle et qui se brouille, des larmes et des rires, à cette série. Il me manque quant à moi, sans doute, de lire un autre run qui m’irait plus au teint, je ne sais trop. Mais je n’ai pas encore trouvé les épisodes qui me feront dire que Legion of Super-Heroes, c’est une grande série.

Jim

Superboy #147 : Les origines de la Légion, et l’attentat contre R. J. Brande
Superboy and the Legion of Super-Heroes #221, 223, 224 et 227 : La saga de Pulsar Stargrave et Jim Shooter
Superboy and the Legion of Super-Heroes #237, par Paul Levitz et Walt Simonson
Superboy and the Legion of Super-Heroes #239, par Jim Starlin et Paul Levitz
Superboy and the Legion of Super-Heroes #240, par Paul Levitz, Jack C. Harris et Howard Chaykin
Superboy and the Legion of Super-Heroes #241 à 245 : « Earthwar », par Paul Levitz, Jim Sherman et Joe Staton
Legion of Super-Heroes #273, par Gerry Conway et Jimmy Janes : fin de la saga de Pulsar Stargrave
Legion of Super-Heroes: The Great Darkness Saga
Legion of Super-Heroes: An Eye For An Eye
The Legion by Dan Abnett and Andy Lanning, volume 2
Legion: Foudations, par Abnett & Lanning
Legion of Super-Heroes par Brian Michael Bendis