L’édition anglophone de l’album L’Océan des rêves, prévu dans la collection « Les Futurs de Liu Cixin » chez Delcourt, donne un premier aperçu de ce à quoi on peut s’attendre :
The first in a new series of graphic novels from Hugo Award-winning author Liu Cixin and Talos Press
An annual ice sculpture festival draws the attention of an extraterrestrial visitor, who learns how to create such art and decides to use local resources to sculpt a piece in a gesture of goodwill. All the water in the ocean is sent to the stratosphere, where the ice sculptor uses splendid techniques to create crystal dominoes scattered by a giant of the cosmos. In the world of the ice sculptor, art is the sole reason for civilization’s existence. After the ice sculptor creates the pinnacle of beauty, but also brings forth devastation and disaster, humanity decides during Earth’s last breaths to fight for their survival.
Bon, en gros, ça indique que le projet est de sortir les adaptations de quinze œuvres de Liu, sur quatre ans, avec des bédéastes internationaux. Il y a eu une salve de quatre tomes l’année précédente et la deuxième salve venait de sortir au moment de la publication de l’article (qui date de mai 2021).
Ensuite, ça revient un peu plus en détail sur le contenu des titres sortis lors de cette deuxième vague (l’auteur de l’article connaissant apparemment bien les nouvelles dont ces BD sont les adaptations), soit : Nourrir l’humanité, Proies et Prédateurs, Le calcul du papillon et La perfection du Cercle.
On termine avec un résumé du parcours des dessinateurs concernés.
Une créature extraterrestre issue de la matière noire s’invite au festival de sculptures sur glace de Harbin. Sa technique comme sa démarche artistique sont radicales : l’entité pille littéralement les cours d’eau, les mers et les océans du globe. Elle reste sourde à nos tentatives de négociations et indifférente à la dissuasion militaire. L’humanité semble perdue…
Un sculpteur sur glace, ingénieur de profession, assiste à l’arrivée d’un extraterrestre lui-même façonneur de mondes. Après avoir échangé quelques propos sur la nature de l’art et son importance dans la vie, la créature commence à s’emparer des réserve d’eau de la Terre afin de créer une œuvre magistrale, sans se soucier du sort des populations : pire, en estimant que la mort de toute une civilisation n’est que secondaire, un sujet agaçant qu’il convient de ne pas évoquer.
La seconde partie du récit, située après le départ de l’artiste cosmique, voit l’humanité trouver un moyen de refaire pleuvoir toute la glace sculptée et suspendue dans la haute atmosphère. Cette partie, assez plate, se conclut sur un retour à la normale où le seul changement notable est la prise de conscience que l’art n’est peut-être pas la chose essentielle dans la vie.
Au-delà de cette morale des plus étonnantes, voire discutables (après tout, l’art, c’est l’expression de l’individualité, qu’il convient ici de mettre en parallèle avec le travail collectif de l’humanité qui permet la survie : le héros écarte son côté artiste et redevient ingénieur au sein de l’effort commun, oublié du récit, finissant d’être l’homme providentiel de l’intrigue pour se fondre anonyme dans la masse), au-delà même de la conclusion optimiste et presque naïf de ce qui aurait pu être une parabole sur la catastrophe climatique en cours (les efforts de l’humanité unie, fédérée bien entendu autour de la Chine et de l’Amérique, parviennent à tout remettre comme avant : c’en est presque mignon), on a quand même un récit superficiel dans sa première moitié (les grands sujets sont évoqués avec maladresse et légèreté) et assez plat dans sa seconde. Et on ne peut faire abstraction des positionnements politiques de l’auteur, très aligné sur la vision de son pays. Rajoutons à cela un lettrage très propre mais sans relief (pour l’extra-terrestre, colossal, a la même police et le même corps de caractère que les autres personnages ?) et un dessin que j’aurais du mal à qualifier de beau.