LES FUTURS DE LIU CIXIN - NOURRIR L'HUMANITÉ (Sylvain Runberg / Miki Montlló)

On en sait davantage sur un projet évoqué par le scénariste Sylvain Runberg en 2020 :

Il s’agit d’un album intitulé « Nourrir l’humanité », dans la collection « Les Futurs de Liu Cixin », chez Delcourt.

Jim

Les Futurs de Liu Cixin - Nourrir l’humanité

Treize des plus riches personnalités du monde engagent un tueur à gages pour éliminer trois personnes parmi les plus pauvres. Hua Tang accepte le contrat mais s’interroge sur leur dangerosité. Est-ce lié aux étranges distributions populaires de sacs remplis de millions ? Ou bien aux extraterrestres qui se font appeler les Dieux et survolent inlassablement notre Terre depuis cinq ans ?

  • Éditeur ‏ : ‎ Delcourt (8 juin 2022)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Relié ‏ : ‎ 126 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2413038019
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2413038016
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 788 g

En quatrième de couverture du premier album, on a une vision plus complète de la collection :

La Terre vagabonde, par Christophe Bec et Stefano Raffaele
Pour que respire le désert, par Valérie Mangin et Steven Dupré
Les Trois lois du monde, par Zhang Xiaoyu
Nourrir l’humanité, par Sylvain Runberg et Miki Monttlò
La Perfection du cercle, par Xavier Besse
Proies et prédateurs, par Jean-David Morvan et Yang WeiLin
L’Attraction de la foudre, par Thierry Robin
Le Calcul du papillon, par Dan Panosian
La Terre transpercée, par Wu Quing Song
L’Océan des rêves, par Rodolfo Santullo et Jok
Brouillage intégral, par Marko Stojanovic et Maza
Au-delà des montagnes, par Eduard Torrents et Ruben Pellejero
L’Humanité invisible, par Liu Wei
L’ère des anges, par Sylvain Runberg et Ma Yi
Les Migrants du temps, par Sylvain Runberg et Serge Pellé

Jim

Un aperçu, en chinois :

Jim

Une case en cours d’encrage :

Jim

Parmi les projets liés à Liu Cixin, Nourrir l’humanité est le premier dont j’ai entendu parler. Fatalement, à force de voir des images, j’ai commencé à m’intéresser au sujet, d’autant que j’ai suivi une partie de la production du scénariste.

Le récit propose de suivre un tueur d’élite dans un monde futuriste dominé par les inégalités : le nôtre, mais en pire (autant dire que c’est demain, quoi). Mais alors qu’on lui donne trois cibles à éliminer, l’assassin découvre que les plus riches distribuent leur argent à destination des plus pauvres, que les grandes entreprises font pleuvoir les primes, etc. Les deux affaires sont liées entre elles, mais aussi à l’apparition d’extraterrestres appelés « les divins », qui apprennent à l’humanité qu’ils sont à son origine, mais qu’ils ont également façonné trois autres planètes sur lesquelles la vie humaine s’est aussi développée. Et bien sûr, une rencontre avec ces « frères aînés » est imminente…

L’album est une sorte de discours à charge contre le capitalisme débridé et la confiscation des richesses. Si l’on peut bien évidemment voir dans le récit d’origine, signé par un écrivain chinois donc marqué, d’une façon ou d’une autre, par la vision communiste de la société, une critique de l’Occident (parmi les commanditaires recourant aux services du tueur, il y a un Américain dont le portrait n’est guère flatteur, c’est le moins qu’on puisse dire), il est peut-être possible d’y lire une dénonciation de toute kleptocratie. Mais ce serait peut-être un peu tiré par les cheveux. Plus convaincant, le portrait des « frères aînés » est intéressant en ce qu’il revêt une forme de collectivisme, et la rencontre entre les représentants des deux « Terres » cristallisent les incompréhensions culturelles, c’est peut-être là que se situe la réelle métaphore. En sus, le récit est parcouru par une suite de flash-backs couvrant le passé du tueur. Si cela sert à montrer la renaissance d’une étincelle d’humanité en lui et la commercialisation de l’être humain à tous les échelons, ils me semblent un peu forcés, tout de même.

Je suis peu convaincu, en fait. C’est bien, mais là encore, l’ambivalence du discours politique me semble trouble. Plus gênant, c’est dans la forme que l’album déçoit. Les scènes d’action ne sont pas toujours compréhensibles et parfois découpées en trop de cases. Les bulles cumulent quelques coquilles et approximations de ponctuation. Déjà le quatrième album de la collection, et on sent que la relecture fatigue. Inquiétant.

Jim