Un surprenant émissaire informe l’ONU que des extraterrestres sont en route sur leur planète-vaisseau en forme de tore, le Dévoreur. Ceinturant notre planète, ils en absorberont la moindre ressource, puis la recracheront comme on le fait d’un noyau. Notre fin est inéluctable : leur supériorité technologique ne laisse aucun doute. Un soldat met en oeuvre tous les moyens imaginables pour riposter.
Donc, la Terre fait une première « rencontre du troisième type » avec une entité appelée « Cristal » qui leur annonce la venue du Dévoreur, un anneau spatial colossal où vit un empire qui se repaît des ressources minières de planètes, habitées ou pas. L’entité explique que le Dévoreur est encore loin, mais arrivera dans un siècle.
S’engage alors une course contre la montre afin de trouver des moyens de s’armer contre l’assaillant, de le repousser ou d’éviter la confrontation. Les choses accélèrent quand la Terre reçoit la visite d’un émissaire, un saurien colossal qui se fait appeler « Grandes-Dents » et qui est le « négociateur » de l’Empire Dévoreur. La confrontation entre ce dernier et un amiral terrien durera des décennies, inscrivant l’intrigue dans un temps long qui est déjà palpable dans d’autres récits de la collection (je pense notamment à La Terre vagabonde) et qui me semble aussi refléter quelque chose de propre à la mentalité chinoise.
Le récit s’ouvre sur une scène apparemment sans lien, la description d’un chantier archéologique où les explorateurs sont attaqués par une espèce de fourmis rouges des plus dévastatrices. Ceci s’avèrera totalement en lien avec l’intrigue, à la fois d’un point de vue historique (les auteurs revenant sur l’histoire de la Terre et des civilisations qui s’y sont succédées) et thématique (le rapport d’échelles desdites civilisations).
L’autre perspective intéressante du récit, c’est le duel qui s’installe entre l’émissaire de l’Empire Dévoreur et le représentant de la défense terrienne, duel qui s’étale sur des décennies voire des siècles (par une astuce de scénario que je ne dévoilerai pas), et qui donne un cachet humain à une épopée à l’échelle de la planète. D’ailleurs, « Grandes-Dents » bénéficie des dialogues les plus savoureux de l’album, et sert de véhicule à un discours intéressant sur la violence.
L’ensemble est plutôt agréable, assez enlevé, bien rythmé, et s’impose comme l’un des albums les plus musclés de la collection, franchement orienté vers l’action. Il manque peut-être quelques dialogues afin de remplir certaines séquences muettes (vers le début), qui font trop vite se tourner les pages.