J’ai lu ça, mais je n’en ai aucun souvenir.
Purée, je suis en train de constituer dans ma tête une « liste d’attente » des trucs à lire. L’équivalent mental de la pile à lire à côté de mon lit !!!
L’horreur.
Jim
J’ai lu ça, mais je n’en ai aucun souvenir.
Purée, je suis en train de constituer dans ma tête une « liste d’attente » des trucs à lire. L’équivalent mental de la pile à lire à côté de mon lit !!!
L’horreur.
Jim
Je me fais la collection carrouf cette semaine, et je commence donc par les volumes qui sont inédits pour moi.
À la lecture de celui-ci je suis content d’avoir arrêté le magazine à l’époque. N’étant pas fan du tout de simone bianchi ( je l’aime tellement pas que je met pas de majuscule à son nom ) j’avais arrêté les frais. Mais que dire du scénario. Il se passe pas grand chose. Loeb crée un vilain qui va venir foutre le bazar dans la tête de Logan. Qu’est-ce ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux ? On ne saura jamais. Reste donc à combler les pages par de la baston mal chorégraphiée, et à tuer deux-trois personnages pour avoir l’impression qu’il se passe quelque chose dans cette saga dépourvue d’intérêt. Que ce soit la mort de dent de sabre ( ha ben non c’était un clone ) ou son retour c’est nase très en dessous de ce que Loeb à pu faire ces dernières années ( et pourtant ça fait un moment qu’il rend des copies médiocre). Simone lui livre un taf sans intérêt, comme dit plus haut la lisibilité c’est pas son truc et puis wildchid en tenue BDSM avec des anneaux aux tétons c’est du grand n’importe quoi. Content d’avoir payé ça que 3 euros.
Le vilain revient dans la série de Way… je me souviens meme plus comment tout se termine au bout du compte…
mais oui c est nul…
j espere que t as acheté le Cap
La série avec Dillon? J’avais lâché en cours de route, ça devait être durant cette période que j’ai lâché le mag et vu que loeb conclu sa trame Romulus sur le dernier épisode du retour de dent de sabre. J’espère bien qu’on les reverra jamais le Romulus et sa frangine.
Je les ai tous pris, je viens de finir le venom, c’est le prochain que j’attaque
La saga avec Romulus est nulle, en effet ! Et tout ce qui tourne autour après, aussi !
En ce moment, je me plonge dans l’histoire de la Légion des Super-Héros. Ce qui me permet de relire des choses compilées en TPB, mais aussi de lire, voire de découvrir, des épisodes ou des aventures qui ne sont pas rééditées.
En évoquant « The Great Darkness Saga » dans la discussion sur les TPB de DC, j’ai évoqué rapidement ma découverte de « Earthwar », la précédente grosse épopée écrite par Paul Levitz. Je me dis qu’un petit retour dessus ne serait pas de trop.
Resituons. Nous sommes en 1978, la série Superboy and the Legion of Super-Heroes est supervisée par Al Milgrom, qui vient de succéder à Denny O’Neil. Le règne de ce dernier est caractérisé par une grande valse d’auteurs, tant scénaristes que dessinateurs, ce qui n’aide pas à lancer des récits d’envergure ni même à donner une tonalité à une série. Avec Milgrom, il y a une volonté de stabiliser un peu. Les épisodes ont une pagination plus régulière, les auteurs changent moins souvent, même si, sur le long terme, la différence n’est pas énorme.
Depuis quelque temps, la série est en partie illustrée par Jim Sherman, hélas encré par l’atroce Jack Abel, sans doute le seul encreur dont je déteste le travail plus encore que celui de Vince Colletta. Ses pages sont plates et sans relief. En revanche, quelques épisodes avant le début de « Earthwar », Sherman illustre deux récits (dans un même numéro), l’un encré par Bob McLeod et l’autre par Joe Rubinstein, et c’est une complète métamorphose. Les ombres envahissent les planches, les reliefs, les modelés, les éclairages sont riches et denses, Sherman livre des visages réalistes mais avec une touche de caricature (notamment de grands yeux), qui évoquent ce que fera plus tard Michael Golden. Avec McLeod, il y a une étincelle vivante, presque photographique, qui renvoie aussi à Neal Adams. Bref, c’est de premier ordre. C’est l’époque où la série est dessinée par Simonson, Starlin ou Chaykin (parfois mal encrés), et où le niveau remonte. Graphiquement, Sherman ne démérite pas, loin de là.
L’épisode 241 débute en trombe : un commando de Légionnaires, menés par le bouillant Wildfire, se rend sur le Weber’s World, une planète artificielle hébergeant les négociations les plus importantes. En l’occurrence, ils doivent protéger une délégation de Dominators qui viennent discuter avec les Terriens. Dans la séquence d’ouverture, ils ratent de peu une femme, membre de la Science Police, venue leur donner une information vitale. Elle retrouve alors Brainiac 5, qui répond à une alerte urgente et embarque avec lui une autre équipe en direction de la Terre. La jeune femme (il s’agit en fait de Schvaughn Erin, qui fait ici sa première apparition mais qui aura un rôle grandissant dans la série) se retrouve seule, avec une information vitale et personne à qui la délivrer.
Très rapidement, la situation dégénère. La Terre est attaquée par des Resources Raiders, tandis que les négociations sur Weber’s World semblent menacées par des terroristes. à la fin du premier épisode, on apprend que l’attaque sur Terre prépare en fait une invasion des Khunds, ces conquérants impitoyables. Dans le deuxième chapitre, les Légionnaires missionnés sur le Weber’s World commencent à entretenir des doutes à l’égard du diplomate qui les accueille et de son chef de la sécurité.
Les deux premiers épisodes sont donc réalisés par Jim Sherman et Bob McLeod, qui livrent ensemble un travail séduisant, pour dire le moins. McLeod utilise un grand nombre de trames, notamment afin de marquer les ombres sur les visages, et c’est d’une efficacité étourdissante. C’est dynamique, exagéré comme doit l’être un récit de super-héros, expressif, contrasté. L’action est rapide, on ne voit pas passer la vingtaine de pages du récit principal (la série comprend des back-ups, belle astuce pour fournir le nombre de pages requis sans épuiser les dessinateurs).
Paul Levitz signe, comme souvent, des transitions d’une scène à l’autre assez abrupte, frisant parfois la maladresse (une page se termine sur Chameleon Boy mis en joue, la suivante s’ouvre sur une explosion, il faut attendre la deuxième case pour comprendre qu’on a changé d’action).
Hélas, Sherman quitte la série à ce moment. La légende veut qu’il n’ait pas apprécié la tournure du récit, et notamment la révélation du méchant, cerveau de l’affaire. Il part dessiner quelques comics chez Marvel, puis travailler dans la publicité, notamment auprès du studio Continuity de Neal Adams. Dommage, les quelques épisodes de Legion qu’il réalise avec McLeod témoignent d’un potentiel narratif incroyable.
En fait, c’est dans un tel contexte qu’on se rend compte qu’il manque, dans l’histoire éditoriale de la Légion, une grande période d’unité. On peut expliquer le succès de la « Great Darkness Saga » à la lumière de cette réalité. L’équipe éditoriale, dans les années 1970, n’a pas été en mesure d’associer des auteurs à des intrigues sur le long terme (si j’ai l’occasion, je viendrai dire un mot du personnage de Pulsar Stargrave, qui témoigne de ce constant jeu de chaises musicales). Avant Levitz et Giffen, la Légion n’a pas l’équivalent de la trilogie de Galactus ou de la guerre Kree-Skrull. C’est un souci que l’on peut élargir à l’ensemble de la production DC. Des sagas aussi célèbres que celle de Ra’s al Ghul ou celle de Man-Bat ont été publiées de manière disparate. Et il est regrettable que « Earthwar » n’ait pas bénéficié d’un style graphique stable, et que le tandem Sherman / McLeod n’ait pas profité d’un environnement éditorial propice.
Au troisième chapitre, c’est Joe Staton qui rejoint Levitz. Dessinateur solide, il a moins de panache, mais il sait raconter une histoire. Hélas, il n’est pas accompagné de McLeod. Les trois épisodes qu’il réalisera seront encrés par Jack Abel, Frank Giacoia puis Murphy Anderson. Si l’on sent un mieux évident au fin de ces trois chapitres, la rupture graphique est violente.
Levitz continue son intrigue. Il dévoile de fausses pistes, orientant notamment vers le Dark Circle, un conclave de criminels cagoulés qu’on a déjà vu traîner dans les parages (notamment dans l’épisode dessiné par Starlin et encré par Rubinstein, quelques mois plus tôt). La situation sur Terre empire, la planète étant attaquée par les Khunds. La Légion bat le rappel des troupes, réservistes et suppléants compris. Ça bastonne bien, et la chute des défenseurs, l’un après l’autre, a une véritable émotion.
Tous les soupçons se tournent vers le diplomate du Weber’s World, dont l’identité réelle est révélée à la fin de l’épisode 244 : il s’agit de Mordru, qui vient de s’évader (c’était ça, la fameuse nouvelle que Shvaughn Erin était venue apporter).
Le dernier chapitre, qui raconte le combat contre le tyran sorcier, est plus classique, ressemblant à un de ces récits à chute dont la Légion était spécialiste dix ans plus tôt. La présence de Murphy Anderson à l’encrage ne fait que renforcer cette sensation « vintage ». Ça marque aussi une petite rupture par rapport au contexte politique des quatre premiers chapitres, mais le récit a au moins le mérite de montrer un Mordru vraiment menaçant, ce qui ne m’avait jamais semblé vraiment évident.
L’ensemble de la saga est plutôt rondement mené, et assez agréable. Les dialogues ne sont pas trop bavards ni répétitifs. La structure du récit annonce déjà celle de la « Great Darkness Saga », comme s’il s’agissait ici d’une première ébauche (ou comme si l’épopée suivante n’était qu’un remake). Levitz convoque déjà tous les personnages de la série (le récit marque même un changement dans les statuts de la Légion, qui accepte désormais les couples mariés), mais la narration rend l’ensemble particulièrement digeste.
Une lecture très agréable qui mériterait une réédition, je crois.
Jim
Superboy #147 : Les origines de la Légion, et l’attentat contre R. J. Brande
Superboy and the Legion of Super-Heroes #221, 223, 224 et 227 : La saga de Pulsar Stargrave et Jim Shooter
Superboy and the Legion of Super-Heroes #237, par Paul Levitz et Walt Simonson
Superboy and the Legion of Super-Heroes #239, par Jim Starlin et Paul Levitz
Superboy and the Legion of Super-Heroes #240, par Paul Levitz, Jack C. Harris et Howard Chaykin
Superboy and the Legion of Super-Heroes #241 à 245 : « Earthwar », par Paul Levitz, Jim Sherman et Joe Staton
Legion of Super-Heroes #273, par Gerry Conway et Jimmy Janes : fin de la saga de Pulsar Stargrave
Legion of Super-Heroes: The Great Darkness Saga
Legion of Super-Heroes: An Eye For An Eye
The Legion by Dan Abnett and Andy Lanning, volume 2
Legion: Foudations, par Abnett & Lanning
Legion of Super-Heroes par Brian Michael Bendis
Mes lectures autour de la Légion des Super-Héros m’ont amené à me poser la question suivante : quand donc l’origine du groupe a-t-elle été énoncée la première fois ?
En effet, quand le groupe apparaît, dans Adventure Comics, plus précisément dans les pages de la série consacrée à Superboy, il s’agit tout simplement d’un « club de super-héros » ayant l’adolescent Clark Kent comme idole. On connaît trois membres, Saturn Girl, Cosmic Boy et Lightning Lad, on sait qu’il y en a d’autres, mais c’est tout. Or, pour quelqu’un comme moi qui a lu ici et là des origines réécrites, notamment dans les épisodes de Mark Waid, il y a une autre histoire, complémentaire de la première : celle de l’attentat contre R. J. Brande, déjoué par les trois jeunes gens.
Cette histoire a été racontée la première fois dans Superboy #147, daté de mai 1968. Le récit et sa mise en scène n’ont rien de révolutionnaire malgré cette date fatidique. Le scénario est signé E. Nelson Bridwell et le dessin Pete Costanza. Il figure au sommaire d’un numéro à la pagination accrue et, à l’exception de cette introduction inédite, composé de rééditions. L’ensemble est très classique, déjà un peu daté, montrant que Marvel avait quand même déjà quelques longueurs d’avance sur le catalogue DC dont une bonne partie évoluait toujours selon les modèles de naguère. Cela dit, ce classicisme n’est pas mauvais, les planches étant plutôt agréables à regarder et témoignant d’une approche académique et solide.
Bon, on ne présentera plus l’intrigue : trois jeunes gens montent dans un avion (du futur), font connaissance, découvrent qu’ils proviennent de mondes différents, et s’unissent afin de déjouer un attentat. La personne visée et R. J. Brande, l’homme le plus riche de la galaxie, doublé d’un idéaliste passionné par les figures héroïques du passé. Il leur conseille de mettre leurs talents au service de la justice, et finance la nouvelle organisation, qui se dote d’un quartier général (ce fameux immeuble ressemblant à une fusée dans le sol qu’on connaît depuis le tout premier récit). L’épisode de Bridwell et Costanza continue jusqu’au recrutement d’autres héros, la reconnaissance des Planètes Unies par le biais d’une citoyenneté d’honneur, et cimente les éléments disparates du mythe.
Au moment de la publication, la Légion a déjà dix ans. Elle s’est constitué un lectorat solide et fidèle et a développé son propre petit univers, là où, dans l’esprit de Mort Weisinger en 1958, elle ne devait apparaître que pour renforcer le monde de Superman et montrer que le surhomme était au centre d’une véritable mythologie.
Cet épisode marque un tournant, me semble-t-il, dans l’histoire éditoriale du groupe. D’une part, c’est une manière de saluer les lecteurs qui suivent leurs aventures depuis dix ans, en leur donnant la vedette dans un sommaire d’exception consacré à Superboy. D’autre part, c’est également le moment où la Légion prend son indépendance. Désormais, elle a sa propre origine, son identité bien séparée. Et, effectivement, quand les scénaristes suivants voudront faire le point sur la continuité du groupe, c’est au récit de cet attentat qu’ils feront allusion, plus qu’à la visite du super-trio dans la petite bourgade de Smallville.
Désormais, à partir de ces huit pages synthétiques, le XXXe siècle existe en tant que tel, pas seulement en tant que lieu de balade d’un Superboy curieux d’exotisme. Les auteurs suivants, jusqu’à Bendis, ne s’y tromperont pas. Justement, Bendis, dans sa réfection récente de la Légion, n’oublie pas la fascination des héros ados du futur pour Superboy (cette fois-ci le fils de Superman, pas la version ado de celui-ci), dans les pages de Superman, mais quand il débute la nouvelle série Legion of Super-Heroes, il prend bien le soin de remettre la séquence de l’attentat au cœur de son récit.
C’est donc un récit historique que nous livrent Bridwell et Costanza, sans doute bien inconscients de poser ici une pierre angulaire de l’univers DC, là où ils pensaient simplement exposer un récit explicatif pour les nouveaux venus.
Jim
Superboy #147 : Les origines de la Légion, et l’attentat contre R. J. Brande
Superboy and the Legion of Super-Heroes #221, 223, 224 et 227 : La saga de Pulsar Stargrave et Jim Shooter
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Legion of Super-Heroes par Brian Michael Bendis
Tout le monde a entendu parler de Jim Shooter, sorte de légende vivante de l’histoire des comic books, qui connaîtra plusieurs heures de gloire (parfois à son détriment) au fil de sa carrière, que ce soit en tant que rédacteur en chef de Marvel ayant contribué à remettre de l’ordre dans la « Maison des Idées », en tant qu’initiateur des Guerres Secrètes ou du « New Universe », puis plus tard en tant qu’initiateur de l’univers Valiant, dont il est le rédacteur en chef et principal scénariste pendant quelques années.
Mais l’un de ses premiers exploits est lié à la Légion des Super-Héros, pour laquelle il écrit très jeune. Né en septembre 1951, Jim Shooter se passionne de bandes dessinées. Notamment celles de la Légion. Il estime cependant que les histoires pourraient être meilleures et il envoie des récits, sous forme de storyboards poussés, à l’éditeur. Nous sommes à la mi 1965, il n’a encore que treize ans. Quelques mois se passe et, en février 1966 (Shooter a donc quatorze ans), il reçoit un coup de téléphone de Mort Weisinger, qui apprécie ses histoires et lui achète plusieurs récits avant de lui commander des épisodes de Supergirl et Superman. Satisfait du travail, l’éditeur réputé pour son caractère exécrable (Roy Thomas aura tenu une semaine dans le rôle de l’assistant) lui propose d’écrire Legion of Super-Heroes, dans Adventure Comics, de manière régulière. Mais avant, il souhaite le rencontrer en personne. Le jeune scénariste doit attendre une période de vacances scolaires pour fixer le rendez-vous et arrive dans les locaux de DC accompagné de sa mère, surprenant l’équipe de Weisinger par son jeune âge.
(Bon, si Shooter est associé à cette précocité, il n’est pas le seul : Cary Bates a également commencé à peu près au même âge, et d’une manière similaire, puisqu’il envoyait des pitchs d’histoires mais également des propositions de couvertures pour les séries consacrées à Superman, finissant par convaincre Weisinger également. Et par la suite, Paul Levitz commencera à écrire chez DC à seize ans. Chez Marvel, Gerry Conway a dû commencer à dix-huit ou dix-neuf ans, ce qui reste jeune mais prend des allures de vieillesse sénile en comparaison).
Une autre caractéristique des récits de Shooter, c’est la fascination pour l’être surpuissant, le personnage au pouvoir quasi divin. Bien entendu, ce n’est pas encore palpable dans les récits qu’il signe pour Adventure Comics. Néanmoins, on se souviendra du personnage de Mordru, maléfique sorcier despote qu’il invente dans la série, et dont le pouvoir est tel qu’il semble omnipotent. Ce genre de personnage le suivra partout. On peut voir un écho à cette figure dans la nouvelle version du Count Nefaria, doté de pouvoirs incommensurables et qu’il oppose aux Vengeurs dans des épisodes dessinés par Byrne. De même, bien sûr, et toujours dans Avengers, on citera Korvac, qu’il transforme en créature divine. Le pic sera atteint avec le Beyonder. Et si souvent l’entité divine est du côté des méchants, on peut dire sans trop se tromper que sa version de Solar, dans l’univers Valiant, obéit au même schéma. Et je suis sûr qu’en cherchant, on peut en trouver plein d’autres.
Faisons ici une pause et signalons également que les aventures de la Légion sont l’occasion pour Shooter d’expérimenter des thématiques qu’on retrouvera par la suite, notamment dans Avengers. Les Légionnaires du trentième siècle sont-ils sa zone d’essai, ou bien les Vengeurs l’occasion pour lui de développer des histoires qu’il avait en tête précédemment ? Prenons par exemple « The Trillion-Dollar Trophies », une aventure parue dans Superboy and the Legion of Super-Heroes #221, daté de novembre 1976. Les héros y affrontent Grimbor, un méchant classique, ici surpuissant, mais surtout, l’intrigue tourne autour de l’amour frustré de ce dernier pour Charma. L’obsession du vilain (enchaîné ici au propre comme au figuré) évoque le plan frankensteinien d’Ultron visant à se fabriquer une compagne sur mesure, dans Avengers.
De même, on citera une autre histoire, « Death of a Legend », parue dans Superboy and the Legion of Super-Heroes #222, daté de décembre 1976, et dans laquelle les héros, souhaitant rencontrer le justicier galactiquement renommé Questar, découvrent en fait que ce dernier est le fruit de la création d’un auteur de fiction, et que s’il dispose de pouvoirs, il n’ose pas les utiliser. À la fin du récit, Questar téléporte la menace que Superboy a vaincue, démontrant qu’il n’est pas un mauvais bougre, et Superboy insiste pour que sa légende ne soit pas écornée, mais on ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec Yellow Jacket qui, lui aussi, falsifie son propre héroïsme afin de rester dans les rangs des Vengeurs et dans les faveurs de son épouse battue.
Après ce petit tour d’horizon, revenons au sujet du surhomme quasi divin. Nous sommes donc au milieu des années 1970, dans les pages de Superboy and the Legion of Super-Heroes, où Shooter officie régulièrement, à l’occasion de ce qu’on pourrait qualifier de second passage sur le titre (les histoires pour lesquelles il est le plus connu figurant dans les Adventure Comics des années 1960). On sent dans son travail une évidente montée en puissance. Les récits occupent bien souvent toutes les pages du magazine et opposent le groupe à des individus de plus en plus costauds. Dans l’épisode 223, les Légionnaires font face au Time Trapper, un autre de leurs ennemis classiques.
Le détail intéressant, c’est que Shooter écrit une séquence durant laquelle le combat est observé par trois figures nouvelles, que les dialogues identifient : Pulsar Stargrave et ses deux acolytes. C’est une chose rare dans la série : souvent, les histoires se suffisent à elles-mêmes, y compris dans le cas de récits en plusieurs parties. Ici, Shooter insère un sub-plot, l’annonce d’une intrigue à venir.
Et l’affaire ne traîne pas, puisque dès l’épisode suivant, la Légion affronte le nouveau vilain. Il s’agit à nouveau d’un récit d’une vingtaine de pages, détail qui aura son importance. On notera aussi la présence au générique de Denny O’Neil, crédité en tant que « story editor ». On peut imaginer que la mention, insistant sur « story », tende à induire que le récit d’origine aurait été un peu réorienté par rapport aux intentions d’origine.
Dans ce premier chapitre de la trop courte saga de Stargrave, le nouveau personnage semble surpuissant, au point qu’on se demande pourquoi il s’entoure de sous-fifre. Capable de détricoter la trame de l’univers (quoi que cela puisse vouloir dire) afin d’attirer l’attention des héros, il s’empresse de tout remettre en ordre une fois qu’ils sont réunis.
Après les échanges de coups de poing et autres politesses d’usage, Pulsar Stargrave leur signifie que s’il les a convoqués, c’est pour les recruter, car il a besoin d’eux. Là encore, vu le déchaînement de puissance, on se demande bien pourquoi, et l’on comprendra très vite qu’il a besoin d’alliés dans une guerre contre un autre surhomme, dont l’identité ne tarde pas à arriver, Mordru. Et c’est donc dans la perspective d’une guerre cosmique entre deux entités colossales que l’épisode se conclut, sur la révélation que Pulsar Stargrave serait en fait le père de Brainiac 5, porté disparu depuis des lustres.
L’épisode ne manque pas de scènes fortes, de moments épiques et de révélations. Visuellement, Mike Grell et Bob Wiacek assurent comme des petits diables, faisant passer le look de reine du disco adopté par Pulsar Stargrave comme une lettre à la poste, tellement l’épisode est bien emballé.
Et c’est là que les ennuis commencent. En effet, on s’attend à avoir au moins un gros épisode de baston cosmique dans la foulée. Et bin non ! Superboy and the Legion of Super-Heroes #225 est en réalité composé de deux histoires, la première étant signée Paul Levitz (qui, si je ne me trompe, fait ses premiers pas sur la série) et n’ayant rien à voir avec l’intrigue en cours. Celle-ci ne figure même pas dans ce numéro, mais est reléguée en deuxième partie de sommaire du #226, et retrouve Brainiac 5 sur Zerox, le monde des sorciers dominé par Mordru. Il obéit à la mission confiée par Stargrave, et fait face à son double, maléfique comme il se doit.
Déception : l’intrigue de Shooter est complètement détournée, sans doute dès l’intervention de Denny O’Neil sur ce qui pouvait devenir le premier chapitre d’une grosse saga. La mission de Brainiac 5 est racontée par Paul Levitz et Mike Nasser : aucun des auteurs d’origine ne figure plus aux commandes.
La résolution de la saga de Stargrave sera confiée à Gerry Conway et Joe Staton (encré, hélas, par Jack Abel) et interviendra dans les pages de Superboy and the Legion of Super-Heroes #227, qui a au moins le mérite d’être orné d’une couverture de Mike Grell.
On apprend dans ce numéro qui va à cent à l’heure, dans le but évident d’évacuer au plus vite une intrigue dont personne ne sait quoi faire, que Pulsar Stargrave est en réalité Brainiac (le « premier », celui qui est tout vert et qui collectionne des villes et des planètes) et qu’il a un vaste plan visant à s’emparer du pouvoir sur Colu. Conway règle son compte à l’idée du double diabolique, proposée par Levitz, dès les premières pages, concentrant son énergie sur la grosse baston à la surface de la planète menant à l’affrontement final.
Mais alors, pourquoi avoir coupé Shooter dans son élan ? D’autant que l’arrêt de la saga de Stargrave et le départ du scénariste semble avoir mis à mal la série, pourtant bimestrielle, qui recourt à l’expédient des histoires courtes et des sommaires composites afin de maintenir le cap. Regardons un peu le calendrier.
Superboy and the Legion of Super-Heroes #224, dans lequel apparaît Stargrave et qui constitue la dernière histoire de Shooter, est daté de février 1977. On peut donc tabler sur le fait qu’il est sorti en kiosque vers novembre 1976. Il a dû être imprimé en octobre, donc dessiné durant l’été, donc écrit au printemps (en comptant large). Or, de son côté, Jim Shooter est devenu assistant éditorial en janvier 1976. Il devient compliqué pour le scénariste de continuer à écrire des histoires à destination du concurrent de l’éditeur qui l’emploie comme salarié.
Dès lors, il est facile d’imaginer que Denny O’Neil a utilisé les récits déjà commandés et stockés, en prenant sur lui de réorienter les intrigues. Sans doute sans l’aval de l’intéressé, parti sous d’autres cieux. La seule redéfinition de la nature du méchant témoigne des choix narratifs divergents entre les auteurs. Cependant, le départ de Shooter et les réécritures témoignent du désordre et sans doute de la soudaineté des événements : O’Neil semble éprouver des difficultés à stabiliser une équipe d’auteurs, et doit sans doute faire face à des délais serrés, la solution étant de commander des histoires courtes de provenance diverses tout en gagnant du temps afin de trouver une conclusion à la saga de Shooter.
Dont pourtant le premier chapitre était particulièrement prometteur : une guerre entre Pulsar Stargrave et Mordru, avec la Légion au milieu, ça aurait sans doute eu une certaine gueule.
Jim
Superboy #147 : Les origines de la Légion, et l’attentat contre R. J. Brande
Superboy and the Legion of Super-Heroes #221, 223, 224 et 227 : La saga de Pulsar Stargrave et Jim Shooter
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À propos de la Légion, un petit récap des commentaires que j’ai récemment postés :
Superboy #147 : Les origines de la Légion, et l’attentat contre R. J. Brande
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Jim
Tu prépares un dossier pour Urban ?
C’est déjà fait (j’ai écrit un texte pour un de leurs albums et je suis en train de bosser sur un autre). Mais surtout, de lecture en lecture, je me pose des questions, et du coup, puisque readcomiconline est mon ami, je vais lire des trucs afin d’avoir des (débuts de) réponses.
Là, j’ai repéré un diptyque, apparemment de Mark Waid, qui m’intéresse. Je crois que je vais aller le lire (au lieu par exemple de rédiger le texte que je dois faire pour un tome de la collection Star Wars de Hachette, qui pourtant est déjà en retard).
Jim
Donc, y aura un deuxième album sur la Légion « à l’ancienne » ? Ou ce sera celle de Bendis ?
Celle de Bendis a été annoncée par Urban récemment.
Après je mise aussi sur la version DnA si la Great Darkness Saga marche bien (avec l’argument Coipel)
Oui, je pensais à ça.
Peut être que je ferai la Bendis, aussi, si c’est suffisamment déconnecté du reste.
Et si Bendis ne tombe pas dans ses travers habituels (même si de ce que j’entends, il semble remonter la pente depuis son arrivée chez DC)
Déjà sortit et n’a pas permis d’autres tomes.
A une autre époque, comme l’a expliqué Jim, sans supervision éditoriale à sa sortie. Mais ça va dépendre quand même du résultat la sortie du « DC Confidential » …
Non, le premier tome de Bendis et le « Great Darkness Saga », tout simplement. À ma connaissance, rien d’autre n’est prévu pour l’instant.
Comme j’ai dit ailleurs, le tome reprenant le début de la période Abnett, Lanning & Coipel est sorti en août 2004. Deux mois plus tard, Thierry Mornet s’en allait. Quatre mois plus tard, c’était moi. La direction à donner aux Semic Books a été confiée à une équipe qui ne s’en souciait pas. Si l’équipe précédente était restée en place, j’imagine qu’il y aurait eu une suite, au moins pour boucler le récit lié à la race des Blight.
Je ne veux pas dire par là qu’une reprise est immanquablement dans les tuyaux, mais en tout cas il y a matière à faire quelque chose et si la Légion devait revenir en force en France, ce serait une piste. Il y a sans doute de quoi faire une dizaine de tomes au format Semic, et sans doute l’équivalent de quatre ou cinq plus gros volumes comme Urban en a plus l’habitude.
Quant à l’argument du « déjà sorti », il ne veut rien dire. Il y a des récits qui ont connu plusieurs éditions, parfois au cœur d’un même catalogue. Il suffit parfois de la bonne formule, de la bonne pagination, de la bonne période…
Jim
A une autre époque, comme l’a expliqué Jim, sans supervision éditoriale à sa sortie. Mais ça va dépendre quand même du résultat la sortie du « DC Confidential » …
Et puis à l’époque Olivier Coipel n’était pas encore la superstar qu’il était aujourd’hui.
Le Semic Book est paru plus ou moins en même temps que l’arc Red Zone dans les Marvel Legends de Panini.
Et puis à l’époque Olivier Coipel n’était pas encore la superstar qu’il était aujourd’hui.
Oui, aussi.